Sauvons l’Europe a pêché pour vous les brèves du premier avril. Mais quelques poissons ont pu s’y glisser !
Pour lutter contre le monolinguisme dans les institutions et promouvoir la diversité linguistique, l’Union européenne adopte l’espéranto comme langue officielle temporaire pour le mois d’avril. La langue officielle réalisera ensuite une rotation mensuelle entre l’ensemble des langues de l’Union. Un compromis a été trouvé entre le Parlement et le Conseil pour permettre que deux mois supplémentaires soient dédiés aux langues régionales, avec un dialecte par jour. Dans ce compromis, le Flamand sera traité comme un dialecte distinct du Néerlandais. Les langues, dialectes et créoles des régions ultrapériphériques seront prises en compte à cet effet, mais pas ceux des pays et territoires d’outre-mer.
Sur une base américaine au Groenland, le Vice-Président américain J.D. Vance s’est exprimé sans porter de costume et sans remercier les Groenlandais d’accueillir les troupes US, pour assurer que la sécurité du Groenland imposait qu’il devienne possession des Etats-Unis, et qu’il croyait que cela pourra intervenir sans intervention armée des Etats-Unis.
La Commission européenne adopte une recommandation pour mettre en avant la richesse des traditions culinaires en Europe. Le 30 juin est proposé comme fête de la Table commune, avec une invitation pour les restaurateurs à proposer un menu de fusion food européen mettant en valeur au fil du repas les plats nationaux. C’est l’occasion pour nous d’exprimer à nouveau la perte que représente le Brexit.
Dans un geste de réconciliation majeur 75 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, la Chine et la Corée du Sud coopèrent avec le Japon pour faire face ensemble aux droits de douanes mis en place par l’administration Trump.
La déclassification du dossier Roswell par l’administration Trump révèle par erreur l’existence d’un plan chargeant l’entreprise Space X d’Elon Musk de coloniser Mars pour en faire le 57ème Etat américain afin d’exploiter ses terres rares. Le porte-parole de la Maison Blanche a nié qu’un plan de partage ait été conclu avec la Russie. Ses propos sont confirmés par Dimitri Medvedev, qui précise que les propositions américaines ont été jugées inacceptables.
La politique de lutte contre l’immigration ayant été particulièrement efficace en Floride et aboutissant à un manque de bras, son Gouverneur Ron De Santis introduit un projet de loi permettant le travail de nuit des mineurs de 14 ans pour prendre leur place.
Compte tenu de la crise démocratique en cours aux USA, Sauvons l’Europe acte un changement de nom et s’appellera désormais Sauvons l’Europe et les Etats-Unis. Nous avons depuis reçu une proposition d’un collectif Groenlandais pour intégrer également leur dimension, que nous examinons.
La ministre de la justice américaine, Pam Bondi, estime que les immigrants déportés par le gouvernement en vertu d’une loi de temps de guerre du XVIIIème siècle n’ont pas à bénéficier du respect de leurs droits fondamentaux parce qu’ils sont des terroristes.
Dans le cadre des discussions pour l’adhésion du Canada à l’Union Européenne, et du refus de Trump, l’UE n’étant pas assez démocratique, écologique et sociale à ses yeux, Sauvons l’Europe soutient naturellement l’appel citoyen pour que le Danemark achète la Californie. Ensuite on passera aux autres Etats.
Dans notre monde bousculé, la difficulté nouvelle est de démêler ce qui relève du Poisson d’Avril – le bienvenu – et de la réalité. Comme si le monde était devenu un gigantesque Poisson d’avril. Une affaire à la Jonas !
La « trumperie » étant devenue une pratique courante outre-Atlantique, on est en droit de se demander si les facéties attachées au 1er avril ne sont pas en perte de vitesse face à ce déferlement quotidien de « fakisme ». Aux côtés du poisson, l’huître risque de perdre son monopole de production de perles.
SLE devrait lancer une pétition visant à la suppression de tous les assistants parlementaires européens, afin d’éviter la tentation pour les groupes politiques. Oh ! Mon Dieu, protégez-nous de la tentation !
Merci pour les ptis poissons. Ce qui suit n’en est pas un mais une faute de grammaire : dans la phrase « l’UE n’étant pas assez démocratique, écologique EST sociale à ses yeux, Sauvons l’Europe soutient », « et » sera mieux que « est ».
Piscicolement vôtre
Olga
Bonjour,
J’ai ri ou souri des poissons et été navré de ce que je suppose ne pas en être.
J’invite néanmoins à réfléchir plus sérieusement à la question des langues de l’Union. L’anglais est de facto la langue des élites de l’UE et, comme toutes les langues nationales, elle demande un apprentissage long et une pratique coûteuse pour être maîtrisée. C’est un des facteurs du sentiment d’aliénation face à l’UE d’une partie de la population qui 1. ne parle pas l’anglais et 2. sait que ni elle ni ses enfants n’ont les ressources financières pour le faire à un niveau qui dépasse le pidgin.
L’expérience de l’Indonésie a été de créer une cohésion nationale dans un ensemble éclaté entre des milliers d’îles et encore plus de langues et dialectes, en utilisant une langue planifiée, simplifiée mais pas simpliste, le Baha Indonesia – tout en résistant à la tentation d’imposer la langue des dominants (à savoir le javanais).
Faire – réellement, et pas à titre de poisson d’avril – de l’Espéranto la langue unificatrice de l’Union mérite d’être réfléchi, sérieusement.
A une époque où le Président des Etats-Unis utilisent une langue des plus rudimentaires pour fanatiser les foules, il me semble peu opportun d’utiliser un langage simplifié pour communiquer au sein de l’U.E. Depuis le brexit, il me paraît peu légitime d’utiliser l’anglais à cette fin. Un petit pays comme la Belgique (11 millions d’habitants) possède deux langues nationales. Au niveau de l’U.E., on pourrait utiliser les quatre langues les plus parlées : l’allemand, le français, l’italien et l’espagnol. Les interprètes de conférence (et non l’IA) sont là pour traduire avec intelligence, nuance et pertinence.
Tout à fait d’accord avec votre commentaire !
De mon côté, je me permets de réitérer ce que j’ai souvent fait valoir sur le site de « Sauvons l’Europe » au sujet de l’illusion que représente l’Espéranto: à savoir que, telles les fleurs artificielles, cette construction, pour louable qu’elle soit dans les intentions de ses promoteurs, n’a ni l’enracinement ni le parfum des fleurs naturelles. Du reste, on ne doit pas négliger que, dans la « vraie vie », ce ne sont pas les académiciens qui déterminent l’évolution du langage: ils ont, certes, un rôle très utile de régulation, mais c’est tout simplement le peuple qui donne les impulsions.
De surcroît, ce que vous soulignez à propos des interprètes de conférence – dont j’ai pu apprécier le « sacerdoce » pendant quatre décennies au sein des institutions de l’UE – correspond à une réalité qui mérite en effet d’être saluée. De même, le travail hors du commun des traducteurs qui, eux, interviennent au niveau des textes écrits: grâce à leur investissement, les documents législatifs en particulier sont publiés quotidiennement dans plus d’une vingtaine de langues au Journal officiel de l’UE, assurant ainsi une sécurité juridique aux règlements, décisions et directives concernés.
Juste deux remarques complémentaires au sujet des langues les plus parlées:
– d’une part, je me pose la question de la place à accorder au polonais, pratiqué par plusieurs dizaines de millions de locuteurs… mais dont l’influence se limite, certes, à la mère-patrie
– d’autre part, si, à la suite du Brexit, le Royaume-Uni a quitté l’Union, on ne doit pas oublier que l’anglais reste langue officielle « partielle » en Irlande et… à Malte. Cela dit, mes amis anglais « de souche » avouent volontiers que celui pratiqué dans les institutions communautaires est plus proche du parler de Trump que de celui de Shakespeare et de ses héritiers.
B Tecnop
« Eĉ la 1-an de aprilo oni ne povas ŝerci pri Esperanto ».
Traduction : L’espéranto ne peut faire l’objet de plaisanteries même le 1er avril.
Pour ceux qui sont encore sceptiques quant aux capacités de l’Esperanto (et je crains que se soit le cas de toute l’équipe de « Sauvons l’Europe ») à devenir la langue commune ou (langue-pont) de l’UE, je les encourage très fortement à lire le rapport de Dr GRIN de l’Université de Genève dénommée » Rapport GRIN sur l’espéranto dans l’Union Européenne ».
Compte tenu de la situation internationale et de la nécessité de sortir de la dépendance de l’anglais , il me semple que le 1er devoir de Sauvons de l’Europe est de faire la promotion de l’Espéranto en UE.
Il est en effet difficile d’imaginer une intégration renforcée sans langue commune. Comment peut-on créer une armée commune avec des soldats parlant 24 langues différentes ?
A Méditer
En effet, pour ma part, je maintiens mes réserves, en les complétant par une autre image: ce n’est pas en disant la messe en latin et le dos au peuple que l’on motivera celles et ceux qui n’aspirent qu’à croire en l’Europe.
D’abord l’Esperanto n’est pas une langue artificielle : elle est constituée de racines provenant des 3 familles de langues les plus répandues en EUROPE , les latines, germaniques et slaves.
D’autre part le français n’est pas une langues vraiment naturelle pour la plupart des régions françaises ; elle est issue d’un dialecte parisien et à été imposée par le pouvoir politique grâce aux « hussards » de la république et à la carotte et le bâton . Jai moi-même appris le franco-provençal grâce à mes parents . Lors de la 1ére guerre mondiale les soldats ne pouvaient communiquer entre eux qu’avec le français comme langue-pont .
L’esperanto évolue comme n’importe quelle autre langue par l’usage, qui est validée par une académie , et même mieux que le français qui est pollué par le franglais : exemple shoping (et pourquoi pas magasiner comme au Québec)
L’expérience de l’Indonésie est intéressante et devrait servir d’inspiration pour L’UE (voir le commentaire de LaurentZ ).
De même le rapport de Dr GRIN montre que les institutions européennes feraient d’énormes économies en adoptant l’Esperanto comme langue-pont. Attention Il ne s’agit pas de remplacer les langues nationales ou les langues régionales!
La principale difficulté rencontrée pour l’adoption de la l’esperanto est de vaincre les préjugés qui sont nombreux : méconnaissance approfondie de la langue, nationalismes linguistiques, élites formés dans les écoles de gestion anglaises et américaines et qui ne doivent leur niveau de fonction qu’à leur connaissance de l’anglais.
Beaucoup aussi pensent qu’il s’agit d’une utopie. A ceux là je dis « comment peut-on dire que c’est impossible de l’adopter tant qu’on a pas essayé .
(réponse complémentaire à Bernard Poncet)
Soucieux de poursuivre un dialogue que j’espère le plus constructif possible, je souhaite expliciter un peu plus le fil conducteur de mes commentaires… et, pour cela, mettre en évidence un élément crucial à mes yeux : à savoir la place de la diversité parmi les « fondamentaux » de la construction européenne.
A cet égard, la devise de l’UE constitue en soi une référence significative : « Unie dans la diversité ». Mais ce vocable irrigue par ailleurs un certain nombre de dispositions du traité de Lisbonne dans ses différentes composantes (traité sur l’Union européenne [TUE], traité sur le fonctionnement de l’Union européenne [TFUE] et charte des droits fondamentaux de l’UE) qui sont loin de négliger le volet linguistique. Ainsi :
l’article 3 § 3 du TUE souligne que l’Union « respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique
Le TFUE énonce à son tour un impératif similaire dans plusieurs domaines :
o dans celui de l’éducation, l’article 165 § 1 mentionne le respect de la diversité culturelle et linguistique des Etats membres
o en matière de commerce des services et de l’audiovisuel, l’article 207 § 4 a) impose l’unanimité au sein du Conseil pour la négociation et la conclusion d’accords qui risqueraient de porter atteinte à la diversité culturelle et linguistique de l’Union
o sur le terrain institutionnel, l’article 342 confie à un règlement du Conseil le soin de fixer le régime linguistique des institutions. Ce dernier a été adopté dès l’origine de la CEE en 1958 avec les quatre langues pratiquées par les Etats membres de l’époque, puis complété au fil des élargissements successifs de leur socle pour aboutir à un nombre de 24 aujourd’hui, y compris le gaélique irlandais depuis 2022 ; en revanche, ni le catalan ni le basque ne bénéficient d’une telle reconnaissance
o on ajoutera que, dans les rapports avec les institutions, les citoyens ont le droit de s’adresser à ces dernières dans l’une des langues officielles de leur choix et de recevoir une réponse dans la même langue. Ce droit est reconnu à l’article 20 du TFUE et confirmé à l’article 41 § 4 de la charte des droits fondamentaux, dont, plus largement, l’article 22 enjoint à l’Union de respecter « la diversité culturelle, religieuse et linguistique » en son sein.
On constate donc que le multilinguisme, censé répondre au souci de « proximité » promu par l’article 10 § 3 TUE, s’inscrit dans une approche de prise en considération des besoins du citoyen. Cela, certes, ne doit pas porter préjudice à un autre souci : celui de la simplicité, dont vous soulignez à juste titre l’importance pour faciliter la communication intra-européenne. Vous mettez également en évidence l’«impérialisme » (j’accentue délibérément le trait) dont ferait preuve la langue anglaise dans la pratique des institutions – et on ne peut qu’y être effectivement sensible.
Mais, outre le fait que cette invasion est fortement teintée d’«américanismes», on ne peut négliger qu’elle est en grande partie liée aux élargissements progressifs de la « Communauté » des origines. Ainsi, c’est d’abord l’adhésion des pays nordiques à l’UE qui a commencé à faire pencher la balance. Mais les pays d’Europe centrale et orientale ont par la suite accentué le phénomène… peut-être une manière d’accompagner l’ascendant pris par Washington sur Moscou au sortir de la Guerre froide.
Vous stigmatisez par ailleurs l’extension de plus en plus prégnante d’un vocabulaire à consonnance anglaise dans la vie quotidienne des pays francophones. Là encore, je ne puis que me rallier à ce constat : je déplore par exemple qu’en regard de la concrétisation de différentes politiques européennes l’usage de plus en plus fréquent du terme « implémenter » se substitue à « mettre en œuvre ». Cela dit, pour être objectif, il convient de ne pas négliger le fait que, même à une échelle sans doute plus réduite, le phénomène opère aussi dans l’autre sens, au-delà des domaines emblématiques de la cuisine et de la mode traditionnellement attachés à la langue de Molière. Ainsi, « beaux-arts », « trompe-l’œil », « chef-d’œuvre », « carte blanche », « « volte-face » en constituent des illustrations qui méritent d’être mentionnées.
De surcroît, je n’oublie pas que l’expression « enfant terrible » a pimenté le langage de l’outre-Manche (voire de l’outre-Atlantique ?). C’est peut-être cette image de trublion que les « Espérantistes » retiendront de l’auteur du présent commentaire – qui, certes, ne brille pas par sa brièveté. Mais il m’a paru utile de mettre préalablement en lumière les fondamentaux du multilinguisme à la lumière de la construction européenne : « préalablement », parce que je compte faire part dans un autre argumentaire de quelques réflexions que m’inspire votre plaidoyer en faveur de l’Espéranto.