Sauvons l’Europe soutient la campagne votefrance.eu de Volt France pour faciliter l’inscription sur les listes électorales françaises concernant 1,5 million de résidents européens. Retrouvez notre entretien avec Sven Franck, coprésident de Volt France et créateur du site votefrance.eu
Sven, tu es le créateur du site votefrance.eu, un site créé par Volt France. Peux-tu nous en dire plus ?
Bien sûr. Volt est un mouvement politique paneuropéen fondé par une Française, un Italien et un Allemand, suite au référendum sur le Brexit en 2016. Leur idée était de connecter l’Europe et de travailler au-delà des frontières pour lutter contre le populisme ainsi que pour impliquer les citoyen.ne.s en politique. En effet, nous devons remettre la politique au cœur de la société si nous voulons des véritables changements
À l’époque, nous avions décidé de participer aux élections européennes de 2019 avec un programme commun dans tous les États-membres et même si nous avons échoué à franchir les obstacles électoraux (signatures, financement) dans de nombreux pays, nous avons pu nous présenter dans sept pays et l’élection de notre premier eurodéputé en Allemagne a donné espoir au mouvement pour la suite. C’est le bon côté de Volt par rapport aux mouvements nationaux – nous avons toujours 27 tentatives d’avancer, et chaque succès dans un pays motive les autres à continuer. Aujourd’hui, nous comptons plus de 25 000 membres dans 31 pays avec des partis politiques établis dans 19 États-membres dont Volt France. Nous comptons un eurodéputé (Damian Boeselager en Allemagne), des représentants dans les parlements nationaux aux Pays-Bas et en Bulgarie, ainsi qu’environ 100 élus au niveau local à travers l’Europe.
Volt est un projet à long terme, et nous espérons faire un grand pas en avant lors des élections européennes de 2024, où nous essaierons à nouveau de participer dans autant d’États membres que possible avec un programme commun.
Comment as-tu eu l’idée du site votefrance.eu ?
Vivre et travailler dans un autre État-membre est l’une des quatre libertés définies dans le marché unique européen (en plus de la libre circulation des biens, des services et des capitaux). L’idée de créer des liens économiques pour connecter l’Europe et préserver la paix ne concerne pas seulement la construction d’une économie européenne. Nous créons également progressivement une société européenne, et je suis un bon exemple de cela : je suis Allemand, marié à une Slovène et vivant en France. Cependant, la démocratie s’adapte péniblement à cette réalité. J’habite en France depuis plus de 10 ans et, comme 1.5 million d’Européens venant d’autres États membres en France, j’aimerais renforcer le front républicain à chaque élection, mais… je ne peux pas. Les Européen.ne.s ne peuvent voter qu’aux élections municipales et européennes, et souvent, ils ne sont même pas conscients de leur droit de vote.
C’était l’idée derrière votefrance.eu ?
Exactement ! Il faut bien commencer quelque part. Dans d’autres États-membres, une fois que vous déménagez dans une autre ville, vous êtes automatiquement inscrit sur la liste électorale. En France, il faut s’enregistrer, mais ce n’est ni évident ni largement communiqué. Le Parlement européen a voté en février 2023 pour que les gouvernements simplifient l’accès des Européens au vote lors des prochaines élections, mais jusqu’à présent, il semble que peu soit fait et nous ne pouvons pas mobiliser les électeurs quelques semaines avant la date limite d’inscription. Sensibiliser les citoyens sur l’importance de voter prend du temps et il y a trop en jeu en France.
C’est pourquoi nous avons créé le site votefrance.eu. Il explique les étapes nécessaires pour s’inscrire et offre de l’aide en cas de questions. Notre objectif est de traduire le site dans toutes les langues européennes et le site est déjà disponible en français, en allemand, en anglais, en croate et en grec. Le site est transpartisan et nous n’appelons pas à voter pour Volt, parce que nous le partageons avec des associations et des communautés d’Européen.ne.s vivant en France en leur demandant de le traduire et de le partager dans leur réseau. Nous avons également lancé une première tentative avec une mairie pour voir s’il est possible de partager le site directement par des mairies. Il reste beaucoup à faire et nous perdrons toutes et tous si les Européen.ne.s ne participent pas aux élections européennes et si la France se retrouve représentée par une majorité d’extrême-droite au Parlement. Nous voulons l’éviter et notre première contribution avec Volt France sera d’essayer de faire en sorte que 1,5 million d’Européen.ne.s s’inscrivent pour voter en France en 2024.
Si vous partagez notre site avec vos lecteurs, ce serait génial pour qu’ils puissent eux aussi le partager. Il existe un vaste réseau pro-européen en France. Travaillons ensemble pour le mobiliser.
Merci, Sven !
Commentaire à Sven après lecture de son article :
» … essayer de faire en sorte que 1,5 million d’Européén.ne.s s’inscrivent pour voter en France en 2024 … »
Que souhaitez-vous ? :
– que 1,5 million d’Européens ne s’inscrivent (pas) pour voter ….
ou :
– que 1,5 million d’Européens s’inscrivent pour voter ….
J’ai dû m’y reprendre à 4 fois pour comprendre.
Je ne vous soupçonnerai pas d’anti-européanisme … mais il n’est pas très malin de dire le contraire de ce que l’on veut, juste pour se montrer « moderne ».
D’une certaine façon, on peut comprendre votre sentiment de confusion.
Mais, plus en profondeur, il me semble que la rédaction du texte de Sven a simplement tenu à respecter les « lois » de l’inclusivité en ajoutant une variante (abrégée) à connotation féminine (je ne dis pas nécessairement « féministe »).
Du reste, si on lit bien le texte, la présence de la lettre « s » lève toute ambiguïté à cet égard, dans la mesure où elle se place après les lettres « ne » censées traduire l’adjonction d’une telle connotation.
Certes, on peut discuter du bien-fondé de l’inclusivité, notamment sous l’angle de la « pesanteur » de l’expression écrite, mais convenons qu’en l’occurrence la variante « politique » qu’elle induit peut s’accommoder d’une certaine extension grammaticale.
Bonjour
Je souscris totalement à cette initiative, pour inciter ceux, celles, qui ne le sont pas à s’inscrire pour voter aux élections européennes, mais il faut parallèlement expliquer les buts et le fonctionnement des institutions européennes, sans quoi, on courre le risque d’un raz de marée d’inscrits d’extrême droite, qui eux motivés, iront s’inscrire, et voter pour leurs listes anti-européennes.
Cordialement.
G Escala
Bonjour.
Très bonne initiative, elle pose la grande question de la communication de l’UE envers ses citoyens ???????
Excellente initiative qui, gageons-le, fera trembler dans leurs braies les véritable.es dirigeant.e.s de l’Europe tant à Washington qu’au sein des CAC40 respectif.s.ves de ces pays. Elle a en tout cas le mérite de démontrer que la démocratie à l’échelle 500 millions n’est que du vent et que 27 pays d’histoire, de cultures, de traditions différentes ne peuvent pas s’accorder uniquement sur le fait qu’il faut consommer plus. Bonne chance et bon courage à ses auteur.e.es.ices.isseuses.x.lgbt+ qui ont trouvé là une saine occupation pour leurs vieux jours.