L’Europe se meurt, ne perdons pas (encore) espoir…

Le 22 avril 2011, la France annonce sa volonté de suspendre les accords de Schengen. Cette annonce fait suite aux choix italiens de délivrer des laissez-passer aux migrants tunisiens de Lampedusa. Avec cette politique, l’Italie permet aux tunisiens de se déplacer sur l’ensemble du territoire européen et ne pas concentrer tous les migrants en Italie.

L’Italie a donc fait un choix unilatéral de profiter des règles européennes. Mais l’absence de concertation telle que pratiquée par l’Italie est la suite logique de l’inertie européenne sur cette migration : « ce sont vos migrants, démerdez-vous ». Ah vous voulez que je m’en occupe « tenez chers tunisiens voila des papiers, vous allez pouvoir aller partout en Europe, et particulièrement en France ». Et la France de dire « ah des tunisiens, au secours, il faut sortir de Schengen et rétablir les contrôles aux frontières ».

Ce schéma « absence de l’Europe » entraîne « décision unilatérale », qui engendre « fin d’un traité européen fondateur », peut-il se reproduire sur d’autres sujets ?

Prenons l’économique : « absence d’Europe », c’est l’absence d’une politique monétaire, d’une politique de taux de change et d’une politique industrielle. L’Euro est à son plus haut point depuis 2010, ce qui est très négatif sur nos exportations. « Les décisions unilatérales », ce sont évidemment la politique de rigueur salariale allemande, la politique de dumping fiscale irlandaise, les opt out (régime dérogatoire pour ne pas appliquer un texte européen) sur le temps de travail pour conserver une forme de compétitivité par les anglais. La « fin d’un traité fondateur » sera la sortie de l’Euro pour retrouver la maitrise de son taux de change…

Prenons les enjeux financiers : « l’absence d’Europe », c’est ne pas appliquer la taxe sur les transactions financières votée par le parlement et de ne pouvoir contrôler aucun mouvement de capitaux. « Les décisions unilatérales », ce sont les diminutions de toutes les taxes sur le capital (réduction de l’ISF en France, annulation de son équivalent en Espagne, la fin de l’impôt de bourse en France) et le soutien aux banques sans conditions. En effet, si on conditionne les garanties, les banques vont changer de pays et on ne pourra même plus avoir l’impôt sur les sociétés qu’elles versent ! la « Fin d’un traité fondateur » sera la sortie du traité de Lisbonne, politique défendue par JL Mélenchon…

Prenons les enjeux démocratiques : « L’absence d’Europe », c’est le régime dérogatoire accordé aux anglais sur la charte des droits fondamentaux, c’est l’absence de conditions démocratique sur les aides aux développements, c’est l’inertie sur les enjeux avec la Méditerranée et sur la paix en Israël (alors même que cet état est co-dirigé par l’extrémiste de droite Avigdor Lieberman). A l’époque où l’extrême droite était arrivé au pouvoir en Autriche, un cordon politique avait été mis en place, alors même, que pour le coup, les enjeux n’étaient pas ceux d’une guerre pour les 20 prochaines années. « Les décisions unilatérales », ce sont évidemment l’intervention en Lybie, la nouvelle constitution en Hongrie qui est totalement anti-démocratique, le fait de continuer la vente d’arme à des dictatures. Or s’il ne reste même plus la démocratie en Europe, il n’y aura même pas de traité fondateur, mais il n’y aura plus d’Europe du tout…

Méfions-nous l’Europe ne va pas seulement dans le mur, elle est, juste, en train de mourir et le décès est prévisible dans les 3 prochaines années… Notre combat n’en que plus d’actualité.

La question n’est pas de savoir s’il faut plus d’Europe, moins d’Europe ou mieux d’Europe, il faut juste de l’Europe. Il faut de l’Europe pour mettre en place une fiscalité européenne sur les capitaux, le carbone ou les plus hauts revenus, il faut de l’Europe pour investir ou aider les pays à rembourser la dette issue de la crise, il faut de l’Europe pour améliorer la contrôle démocratique. C’est tout le sens de la pétition que Sauvons l’Europe lance le 9 mai à Aubervilliers sur la thématique de « qui va payer ». L’Europe n’est pas encore morte, nous pouvons encore la faire revivre, gardons encore espoir…

Ben

Arthur Colin
Arthur Colin
Président de Sauvons l'Europe

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