Le Center for european reform publie un essai sur la puissance européenne. Un de plus, certes. Mais il convient de revenir régulièrement sur ce qui est une construction en construction. pour en évaluer l’évolution.
Alors, l’Europe est elle « doomed to fail »? Charles Grant, grandbritton proeuropéen ,a l’air peu enthousiaste malgré son souhait évident de sortir de l’ornière. En matière de hard power, la leçon est vite faite: quel est le numéro de l’Europe? A 27, on est jamais d’accord et on arrive à rien. Heureusement, il nous reste le soft power, ou pas. Celui-ci repose sur la puissance de notre économie, qui n’est pas très brillante, sur notre ouverture au migrants, qui se rétrécit fortement, sur notre capacité à imposer nos normes techniques, qui est de plus en plus contestée par nos partenaires à mesure qu’ils prennent la mesure de notre incapacité à s’opposer collectivement. Les solutions: des présidences non tournantes, la poursuite des adhésions. Mais également une politique commune de l’énergie (Russie en particulier, mais également Kyoto), une politique étrangère menée par des groupes pilotes de pays, une politique de sécurité réduite à une poignée d’Etats, et des hommes et des femmes politiques avec ce qu’il faut dans le pantalon (métaphoriquement bien sur, en particulier pour les secondes).
Une réponse de Robert Cooper cherche à dédramatiser le problème: la mise en place du haut représentant il y’a dix ans a donné le mécanisme nécessaire à la production d’un consensus, à partir de positions de départ éparses. Et de citer le grand nombre de cas où l’UE fait ainsi front commun et a pu prendre des actions diplomatiques et militaires, y compris dans ses relations avec la Russie. Ces positions communes sont souvent longues et difficiles à obtenir, mais d’un autre côté cela évite les plantages majeurs dont les USA ou la Chine peuvent s’enorgueillir. En somme, l’UE ne serait pas une nouvelle puissance du XIXème siècle, mais plutôt une puissance plan-plan.