Deux missiles de croisière russes tirés depuis la mer Noire vers l’Ukraine survolent la Roumanie, membre de l’OTAN. Et ? Rien. Heureusement, ils sont abattus par l’Ukraine. Un peu prématurément, d’aucuns s’étaient déjà félicités de voir l’électroencéphalogramme de l’OTAN présenter quelques signes de réveil, ce n’était qu’une illusion. En Roumanie, les USA avaient installé leur bouclier anti-missiles. La France y a envoyé une poignée d’avions Rafale. Vladimir rit sous cape, il peut poursuivre son « opération spéciale » sans crainte.
Nos fameuses valeurs en bandoulière, Ursula accompagnée d’une quinzaine de commissaires européens se sont rendus à Kyiv. S’apercevant qu’il avait raté l’avion, Charles les rattrape. C’est une belle fête, qui se poursuit au Parlement européen avec Roberta quelques jours plus tard. On s’aime tellement ! Emmanuel gâche un peu ces effusions en déclarant que pour une guerre qui sera longue notre aide se limitera au court terme. On venait pourtant de répéter sur tous les tons que, croix de bois, croix de fer, notre soutien serait sans limite jusqu’à la victoire.
Gouverner, c’est prévoir. On n’a pas l’impression que nos États membres, qui se considèrent toujours et encore comme des concurrents, et louchent jalousement vers les faits et gestes de leurs voisins, aient une vision réaliste et courageuse de l’avenir, à court et moyen terme. On nous dit maintenant qu’on va prendre un dixième train de sanctions envers la Russie. Combien d’autres gardons-nous en réserve ? Pourquoi attendre si l’on cherche vraiment à être efficace ? Pourquoi protégeons-nous encore la Russie ?
Ni nouvelle guerre d’Espagne, ni nouveau Munich ? Ça s’annonce mal. Les Ukrainiens résistent, se battent et meurent. Nous avons peur pour notre confort et nos loisirs. À ce train-là, la 3e guerre mondiale deviendra vite inévitable, « comme en quarante ».
L’OTAN n’est pas un État, elle n’a pas de gouvernement, pas d’armée, pas d’avions, pas de canons, pas de munitions ; elle ne représente qu’une alliance hétéroclite d’États. L’Union européenne n’en a pas non plus. Sans gouvernement démocratique et légitime, elle n’aura pas d’armée, ni même de défense crédible. Sa souveraineté restera une foucade de tribune.
Cela peut changer, si nous le voulons. Les citoyens européens commencent à le comprendre. Ils attendent de l’Europe qu’elle soit forte et active. Donnons à l’UE un gouvernement légitime. Finissons en avec les traités internationaux, les institutions illégitimes bloquantes et adoptons une vraie constitution démocratique. C’est ce à quoi le Parlement élu en 2024 devra s’attaquer en priorité. Mais pour y parvenir, il lui faudra le courage de changer de braquet et de sortir des pièges du Traité de Lisbonne et de l’article 48 du Traité sur l’Union européenne dont toutes les dispositions laissent le dernier mot, à l’unanimité, aux gouvernements nationaux. Chiche ? La « procédure de révision ordinaire » ne vise en réalité qu’à bloquer toute révision des traités. Elle ne permet pas d’établir une constitution. Alors que faire ?
Une constitution démocratique et légitime ne peut être concédée par un ou des traités internationaux, elle ne peut que résulter d’un acte conscient et volontaire du demos européen lui-même. Pas de constitution démocratique, pas de gouvernement légitime. Pas de gouvernement légitime, pas de défense européenne souveraine, pas de soutien responsable et lucide à l’Ukraine.
Oublions nos contes de fées, nous allons devoir quitter les délices de Capoue. De toute façon, guerre d’Ukraine ou pas, la crise énergétique et les bouleversements climatiques l’exigent de nous. Finis le sauve-qui-peut et le chacun pour soi : les temps sont durs, il nous faut maintenant de la solidarité. Il nous faut pour cela un gouvernement européen démocratique et légitime, une vraie constitution maintenant, pas un ajustement mineur du traité de Lisbonne. Engageons la campagne. Les citoyennes et citoyens européens doivent se mobiliser et faire pression sur leurs représentants, les parlementaires européens, pour qu’ils sortent de leur léthargie à ce propos. Ensuite, l’Union pourra marcher d’un seul pas pour aider l’Ukraine, et même bien plus encore !
[author title= »François Mennerat » image= » »] François Mennerat est membre du bureau de Sauvons l’Europe.[/author]
J’attends plus (en raison de sa finalité exprimée par ses fondamentaux) d’un site comme SLE qu’une incantation guerrière à l’unité.
A l’été 1914, l’Allemagne est entrée en guerre sur le constat du Chancelier Bethmann-Hollweg: « Mieux vaut maintenant que plus tard », vu la contradiction entre le plan Fischer (d’abattre la France rapidement puis de se retourner vers la Russie tsariste perçue comme lente à mobiliser) et le fait constaté que la Russie avait pré-mobilisé dès le 24 juillet, et que ça allait vite grâce aux progrès des chemins de fer, financés par les Bons du Trésor promus en France par la presse corrompue par les subsides de l’ambassade du tsar à Paris. En février 2022 et avant c’est le même constat de Poutine qui l’a poussé à envahir le Donbass: mieux vaut maintenant que plus tard, par la conjonction de 3 ou 4 faits d’autrui. Les accords de Minsk n’avançaient pas vu la passivité des 3 pays, France Allemagne Ukraine; l’Ukraine avait passé une réforme constitutionnelle pour affirmer sa volonté de récupérer la Crimée (leur Alsace Lorraine !), l’OTAN n’avait cessé de progresser vers les frontières russes… Mieux valait donc maintenant que plus tard… C’est selon ce constat de « pousse au crime » passif de « somnambules » qu’il faut répartir les responsabilités partagées de cette guerre, les assumer de toutes parts afin de pouvoir l’arrêter au plus vite. et réparer ensemble les destructions. Il n’ y aura plus jamais d’article 231 d’un traité de soumission à Versailles qui désignerait un seul responsable. Et par ailleurs il est évident que l’impunité des agresseurs de 2003 sur l’Iraq, de 2011 sur la Libye, de 1948-1967-1982 etc en Palestine et au Liban fut la mère de la guerre suivante.
Assez d’accord avec le début de l’article de F. Mennerat. Après s’il s’agit de remplacer une construction destinée au sortir de la seconde guerre mondiale à unir les ex belligérants autour d’un projet essentiellement économique par une nouvelle construction destinée à pouvoir faire la guerre, je pense au vu des événements et en dehors du fait que cette construction n’aurait ni sens ni soutien populaire, que nous avons un train de retard.