Macron joue tapis avec l’Europe

Les premiers enseignements des élections européennes sont d’abord ceux d’une grande stabilité. Les deux principales familles politiques, la droite du PPE et les sociaux-démocrates de SD sont virtuellement reconduits à l’identique. Le troisième partenaire de la coalition de gouvernement européenne, les centristes, perdent en revanche un cinquième de leurs sièges. Il en va de même des Verts, et tous deux au profit de l’extrême-droite.

La coalition traditionnelle entre la droite, le centre et les sociaux-démocrates a donc toutes les chances d’être reconduite car elle dispose largement de la majorité absolue. La poussée des droites dures ne permet pas, a priori, d’envisager un basculement de la droite vers une majorité alternative. L’enjeu central des élections a donc été politiquement tranché.

Ceci ne signifie pas que des tremblements de terre politiques ne puissent se jouer nationalement. Comme en France, où l’extrême droite est aux alentours de 40% et où la majorité de gouvernement s’évanouit. A cette situation, la réponse d’Emmanuel Macron est une dissolution pour permettre l’expression démocratique.

Il s’agit à notre sens d’une profonde prise de risque avec l’essence de ce qu’est la démocratie. La démocratie n’est pas seulement l’expression d’un choix raisonné, elle porte également, et avant tout, sur un assentiment ou un ressentiment. Pour l’exprimer, le peuple est toujours capable de proclamer souverainement que la Terre est plate si c’est la seule option qui lui est ouverte. Tous les manieurs de scrutins référendaires espérant clarifier un consensus en ont fait l’amère découverte et il s’agit peut-être là d’une façon extrêmement dangereuse de commémorer les dix ans de l’annonce du référendum du Brexit en 2014. Aujourd’hui encore la vie politique de la Grande-Bretagne ne s’est pas remise de la déflagration que fut cet exercice démocratique « maîtrisé ».

Alors que la Russie mène la guerre sur notre continent et que ses séides français espèrent désormais accéder au pouvoir, on réfléchit dès le soir des élections à Bruxelles à une nomination précipitée de la Présidence de la Commission avant le scrutin français.

Dans l’urgence, chaque famille politique en France devra faire face à l’extrême-droite pour empêcher une prise du pouvoir qui aboutirait, au mieux, à une cogestion économique avec la droite et une remise en cause des libertés, au pire à l’implosion de notre système de sécurité sociale. Ceci devra se traduire par des accords entre partis et mouvements politiques à tous niveaux, aux deux tours et au sein des différents courants de pensée comme entre eux, et dont aucun ne sera exempt d’arrière-pensées.

Demain il faudra reconstruire notre modèle démocratique. La crise des gilets jaunes faisait clairement apparaître que l’absence d’alternative ne laissait d’autre alternance que l’expression débridées des colères, que l’absence de démocratie sociale et associative interdisait que ces énergies ne se traduisent par des projets. Rejoignez-nous, rejoignez les associations et les organisations qui peuvent avoir besoin de vous.

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8 Commentaires

  1. Rejoindre un groupe qui déroule le tapis rouge (pardon, bleu !) au Grand Pondérateur, à chaque élection, non merci ! Je le rejoindrai quand SLE en reviendra à ses fondamentaux sociaux, écologiques et économiques et en tirera une ligne politique claire et cohérente. Sauvons l’Europe, oui, mille fois oui, mais une Europe protectrice des droits sociaux et de l’environnement, dans une économie de marché régulée au profit du plus grand nombre, accompagnée d’une ouverture à la grande diversité culturelle de l’humanité. Non à l’Europe défendue par le Grand Pondérateur qui s’apprête par son aveuglement et son ego surdimentionné à ouvrir les portes à l’extrême droite dans son pays.

  2. Dito.
    Le Grand Pondérateur, s’il n’avait eu ce caprice du prince de dissoudre l’Assemblée nationale, aurait du avoir la dignité et l’honnêteté de démissionner.

  3. Attention aux formules comme « La démocratie n’est pas seulement l’expression d’un choix raisonné, elle porte également, et avant tout, sur un assentiment ou un ressentiment. Pour l’exprimer, le peuple est toujours capable de proclamer souverainement que la Terre est plate si c’est la seule option qui lui est ouverte.  »
    Ce raisonnement dangereux ouvre surtout la porte à toutes les dérives, car il y aura toujours quelqu’un pour sire que le Peuple a émis un vote absurde. Qui en juge ?
    Revenons-en sagement au vieil adage « Vox populi, vox dei ». Et restons-en là.

    • « Vox populi, vox Dei », d’accord… mais, à 50 % de participation – même si c’est un léger progrès par rapport à 2019 – on peut de nouveau diagnostiquer une certaine tendance à l’aphonie.

  4. écrit ici le 7 juin  : « La meilleure façon de combattre le RN, les droites, pour les gauches écolos, d’accéder au pouvoir, surtout en cas de dissolution Macron espérant à nouveau réunir derrière lui un front républicain reconstitué, c’est l’union sur un programme! Mitterrand l’avait bien compris!
    Pour l’instant, la gauche écolo bégaie comme en 2022, chacun pour soi, espérant qu’une majorité lui donne le leadership. On se demande après tous les mots doux qu’ils ont échangés par quel tour de magie ils vont pouvoir à nouveau se réunir. Toute division de la gauche écolo profite aux droites ! Seule l’union des gauches écolos peut faire reculer les droites! Pourquoi ne pas revisiter le programme du CNR combattu par le grand résistant Macron ? »
    Le 9 juin au soir, Macron dissout, ne laissant pas, volontairement, le temps aux droites et aux gauches décomposées de s’unir ! Personne ne remet en cause son ultimatum calendaire ! Ce que n’a pas compris Macron, c’est que le vote RN est autant un vote contre lui, un vote sanction, que pour les idées racistes du RN et c’est bien lui qui a montré que son seul adversaire véritable était le RN et le RN l’est parce que c’est le seul parti uni. Macron veut nous rejouer un front républicain des gauches aux droites derrière lui mais ce qu’il n’a pas compris, tant il est aveuglé par son narcissisme mégalo, se croyant encore le centre du monde, capable par un revers de manche de renverser la table, que le peuple est versatile, qu’il suit les gagnants, que l’époque a l’attention d’un poisson rouge, est celle du « scrolling » et du zapping, que 75% des français veulent voir Macron KO, retourner au Touquet avec sa planche de surf. Plus Macron va diriger sa campagne et plus il va focaliser contre lui, fédérer, les oppositions !

    A gauche, comment unir la planification dogmatique de JLM avec le centrisme réformiste, libéral de l’ambitieux Gluksmann, son écologie consumériste pour bobos de la classe moyenne, clientélistes, urbains, gentrificateurs, disney, festifs, AirBnB, qui se moquent complétement des besoins réels de la classe populaire… ? Qui est le véritable chef du PS, l’opportuniste Glucksmann ou Faure, Hollande ? Quelle est l’identité du PS signant la NUPES, puis maintenant Place publique ?

    Il ne peut y avoir d’union à gauche que s’il y a de véritables changements politiques structurels, mettant, au centre du projet, l’écologie. Un changement constitutionnel pour, d’une part, éviter que cette constitution permette à celui qui en abusera un gouvernement monarchique absolu, une constitution qui garantira des droits sociaux minimum, la parité homme/femme, la parité sociale à l’AN , un recours plus facile au référendum, la notion d’écocide… et, d’autre part, renverser la pyramide du pouvoir. « Penser global » et permettre politiquement « d’agir local » plus démocratiquement en répondant aux besoins réels définis par des citoyens décisionnaires pour aller vers plus d’autonomie de proximité: énergie, transport, maraichage, partage des compétences, des biens communs… et ceci des communes au régional. La France est pratiquement le seul pays de l’UE centralisé à l’extrême !

    Le 30 juin, les gauches feront, comme dab, leurs petits tripatouillages, député par député. L’abstention en 2022 a été de 54% et les élus, au mieux, ne l’ont été que par 2 inscrits sur 10! Comment ensuite prétendre représenter une majorité? Compte tenu qu’il y aura le Tour de France, la foire des JO , les vacances déjà décidées, comment remotiver des français qui en ont plus que ras la calebasse de la surenchère de toutes les promesses jamais tenues, et qui entre la peste ou le choléra préféreront profiter de l’instant présent avant que la bombe Macron s’écrase sur la tête des gaulois fainéants !

    • Une fois de plus, je partage largement votre commentaire.
      Pour compléter la statistique évoquée dans votre dernier paragraphe, je note que le pourcentage des voix recueillies par le « grand vainqueur » du scrutin en France s’établit très précisément à 15,70 % des inscrits. Comme aurait pu le dire Einstein: « Tout est relatif »…

    • Bonjour ZORRO.

      je partage également votre commentaire.

      Comme bien d’autres, dans mes précédents échanges, j’avais depuis longtemps prédit ce qui s’est passé.

      Au niveau national, si nos politiques restent dans la même configuration et c’est malheureusement ce qu’ils font, la montée de l’extrême droite sera inexorable jusqu’à la prise du pouvoir.

      Une réforme ou un changement de constitution est nécessaire, la forme de gouvernance actuelle est obsolète, elle ne répond pas à la soif de démocratie des Français, l’exercice du pouvoir tel que nous l’avons actuellement est catastrophique avec un président qui se prend pour le roi soleil ou Jupiter.

      Il faut également comprendre que la lutte contre l’insécurité est la priorité des priorités, certains n’y font aucunes allusions, c’est incroyable.
      Ils n’écoutent pas, ils n’entendent, ils ne voient pas, ou vivent ‘ils ?
      Des propositions concrètes détaillés sur ce sujet doivent être faites avec un vrai arsenal de mesures allant jusqu’à la réforme ou la modification de la constitution si nécessaire.

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