Multiplication des attaques à l’encontre des immigrés. Incitation à la haine raciale. Agressions d’homosexuels en plein jour, dans des rues passantes, car ils sont « les prochains sur la liste » selon des tracts officiels. Rejet (doux euphémisme) des handicapés mentaux et physiques. Un parti qui se dit ouvertement « néo-nazi », 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le tout en 2012 en Europe, continent souvent présenté comme la « terre des droits de l’Homme ».
En Mai 2012, le parti « Aube dorée » obtient 21 sièges au Parlement grec, passant du statut de groupuscule (0,28 % des suffrages aux précédentes législatives) à celui de mouvance politique légitime, du moins dans le contexte actuel.
Cette brusque ascension s’explique en partie par la profondeur avec laquelle la Grèce est atteinte par la crise économique, sans commune mesure avec les autres Etats membres de l’Union européenne à l’heure actuelle. Le vote de la population pour les partis extrêmes revêt en ce cas une dimension contestataire, ce qui n’implique pas une adhésion totale mais circonstancielle des citoyens grecs au programme d’Aube Dorée d’après le journal To Vima. L’absence de réaction de la part des autorités grecques proviendrait du fait qu’un policier sur deux aurait voté pour Aube Dorée aux dernières législatives, suffrage inquiétant mais qui ne peut être généralisé à l’ensemble des Etats où l’on observe une progression de l’extrême droite. Par ailleurs, l’immigration pose un réel problème dans ce pays situé aux portes de l’Europe, ce qui provoque un repli national et une crise identitaire que l’on retrouve dans bon nombre d’Etats depuis l’accélération de la mondialisation.
Ce repli est observable à différentes échelles dans plusieurs Etats membres de l’Union européenne et fait le jeu des partis populistes nationaux (le Fidesz en Hongrie, le Front National en France…). Toutefois, une étape a été franchie en Grèce où le discours se veut ouvertement « néo-nazi » : références à Hitler et Goebbels, drapeau clairement inspiré de la croix gammée, slogan explicite (« Sang et Honneur »)… sans compter l’agressivité extrême de ses représentants, y compris sur les plateaux de télévision. Outre la différence entre nazisme du XXIe siècle et populisme, toute l’inquiétude réside dans le fait de comprendre si ces mouvements sont dus à la crise globale actuelle, donc amenés à disparaître à plus ou moins long terme, ou s’ils correspondent à un phénomène structurel, donc pérenne. Le récent échec de l’extrême droite hollandaise aux dernières législatives tend à nuancer cette hypothèse… Toutefois, à défaut de ne pas leur concéder une progression électorale, impossible de se voiler la face sur l’avancée des valeurs communes à l’ensemble de ces mouvements : rejet d’une société pluriculturelle, défiance envers l’Europe et préférence nationale.
C’est là que l’on attendrait une mise en garde de l’Union européenne, censée être garante des droits humains fondamentaux et des processus démocratiques. Or, en dépit des attaques toujours moins dissimulées des militants d’Aube Dorée à l’encontre de diverses minorités, peu d’actions concrètes sont mises en place. Certes, l’on s’interroge sur la légalité d’un tel parti, mais seules quelques personnes isolées appellent à mener une enquête approfondie sur les violences perpétrées par les néo-nazis et dénoncées par un rapport-réquisitoire de l’ONG Human Rights Watch intitulé « La haine dans les rues ». Entre le mutisme européen et l’inertie de la police, la propagation des violences xénophobes semble encore avoir de beaux jours devant elle… Ces mouvements nationaux sont très différents, n’appartiennent pas à la même extrême droite et n’agissent pas de concert, mais ils n’en demeurent pas moins menaçants.
Il devient donc urgent que l’Europe soit en capacité de faire respecter ses valeurs fondatrices (n’a-t-elle pas été créée pour instaurer une paix durable ?), sous peine de ne plus pouvoir lutter contre ce type de mouvements.
Pour endiguer de tels phénomènes, donc pour aider les Européens à vivre ensemble toujours mieux, il faut sans hésiter ni tarder renforcer l’attachement à la liberté solidaire qui fonde les valeurs de l’Europe :
en promouvant une sorte de certificat d’études européen ou du moins une base culturelle commune aux jeunes Européens,
en développant les atouts démocratiques du Parlement européen,
en soulignant enfin, précisément, les droits et les devoirs des citoyens européens.
Robert Schuman et Jean Monnet le savaient : même et surtout par temps de crise, qui veut la paix durable en veut, en trouve et en organise les moyens.
Pourquoi sommes-nous à ce point amnésiques et oublions les leçons de l »histoire ? Les exigences du Traité de Versailles ont plongé l’Allemagne dans la misère et nous avons vu surgir Hitler.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la politique désastreuse de la Troïka plonge le peuple grec dans la misère. Faut-il s’étonner si certains se tournent vers Χρυσή Αυγή (aube dorée) ? (Et beaucoup d’autres vers Syriza, le Front de Gauche local).
N’oublions pas non plus que la Grèce a été par deux fois sous le joug de dictatures d’extrême droite, celle du général Metaxas (1936 -1941) et celle des colonels de 1967 à 1974; ces gens-là n’ont pas complètement disparu.
Philhellène, je connais bien la Grèce où je me rends souvent et dont je m’efforce de parler la langue. Je viens d’ailleurs de rédiger un article sur mon blog à ce sujet.
Pour ceux que cela intéresse, voici l’adresse:
http://uropi.canalblog.com/archives/2012/09/25/25184291.html
C’est, fâcheusement, ce que j’ai vécu avant 39 et c’est très inquiétant!
Décidément, notre Europe a bien du mal à se mettre en route!
M. Isambert a raison, notre Europe a du mal a se mettre en route.
Laissons tomber les pays qui traînent la patte. Et, je ne parle pas des grecs mais des anglais qui sont des insulaires qui ne changerons jamais et nous obligent à des compromis mous.
Obligeons les politiques qui, manquant de courage ouvrent le parapluie, prétendent que nos malheurs viennent de Bruxelles développant ainsi les nationalismes, à changer de discours.
Construisons l’Europe autour de l’euro-groupe. Économique d’abord, crise oblige, politique et culturelle ensuite ou parallèlement.
J’ai du mal à comprendre les positions de Hollande sur ce sujet, un peu trop sur la défensive.
Oui, l’Europe c’est une puissance économique , une ouverture et un mélange de cultures, un obstacle à l’intolérance.
L’ Europe, l’Europe, l’Europe …… oui, je suis fier d’être un cabri.
Oui Martinal –
Un certificat Européen, pouquoi pas ?…
Je pense que Pivot ne serait pas contre !
Chiche…?
Chers amis,
Permettez moi une intervention, d’autant plus que j’habite en Grèce et que je fais face aux néo-nazi presque tous les jours.
L’appui à l’égard de ce parti n’est pas cirocnstantiel, comme voudrait bien croire l’hebdomadaire néolibéral TO VIMA.
Une frange de la population, chaque jour plus grande, adhère pleinement au discours, raciste, xenophobe et haîneux de l’Aube Dorrée.
Ce sont les laissés pour compte, les pauvres, les pétits bourgeois apauvris par les politiques de paupérisation extrême, chaque jour de plus grand nombre de citoyens grecs.
Des gens qui ont toujours été conservateurs, donc ne pouvaient pas s’adhérer à une gauche trôp instruite, trôp libérale et trôp classe moyenne à leurs yeux (il est vrai qu’à ce sujet, ne se trompent pas à 100%).
Les uns, les pétits bourgeois, ont monnayé, les 38 ans de démocraie, leur appui à des partis démocratiques par nominations massives de membres de leur famille:
Les autres, les pauvres, se sentaient toujours des exclus de la société. Le discuours trôp intélectuel des partis de gauche les faisait ne pas sentir bien dans leur peaux. les autres partis ne s’intéressaient guère d’eux.
Les uns et les autres savourent maintenant leur irruption dans la vie politique.
De ce point de vue l’ ascension des néonazis peut être barrée seulement avec l’abandon immédiat des politiques imposées à la Grèce par ses partenaires européens, l’adoption d’un plan Marshal pour larélance de l’économie grècque, et le soutien économique, politique et tecnique des réformes structurelles.
Or, l’insistance aveugle et dogmatique, même des sociaux démocrates européens, « à ce que la Gràce respècte ses engagements », ne préssage que le pire.
J’adhère point par point à l’argumentation de Yannis; nous sommes bien sur la même longueur d’ondes, de même que de nombreux citoyens grecs, si j’en juge par mon expérience récente, qui ne sont pas partisans de l' »aube dorée », mais n’en peuvent plus de l’escalade dans la rigueur et du naufrage dans la récession.
Γεια σου Γιαννι! Κουράγιο !
Moi aussi, comme Dominique Beau, je suis un cabri qui ne cesse de bêler, depuis des années « L’ Europe, l’Europe, l’Europe …… » Mais peut on construire l’Europe contre ses peuples (Grecs, Espagnols, Portugais, Italiens, etc.) ?
La question qui se pose aujourd’hui, à mon sens, c’est: « Comment construire l’Europe des citoyens », conforme à l’engagement progressiste de Sauvons l’Europe, plutôt que l’Europe de la finance, conforme à la vision du monde de Goldman Sachs ?