La référence que mobilisait ce soir Emmanuel Macron est la paix humiliante de 14-18 imposée à l’Allemagne, restée dans la mémoire collective comme le Diktat. La comparaison est exacte. Le peuple grec, sous l’injonction de son Gouvernement, vient d’adresser un défi à ses partenaires de la zone euro. Nombre de responsables politiques disent ouvertement vouloir le saisir pour laisser les Grecs sortir de notre monnaie commune. Le PPE prévoit même d’accorder au peuple grec « l’aide humanitaire » dont celui-ci aura besoin.
Ce n’est pas la volonté exprimée par le peuple grec. Son gouvernement, qui a appelé à voter Non et a donné le sens qu’il en attendait, a précisé qu’il s’agissait d’un mandat de négociation au sein de l’euro. Ce vote ne peut et ne doit pas être compris autrement. Les autres gouvernements démocratiques d’Europe restent libres de leur position et les négociations vont se poursuivre, mais en aucun cas un Grexit ne peut être enclenché sans que la démocratie grecque, directe ou indirecte, ne l’ait clairement assumé. L’annonce de l’émission éventuelle d’IOU dès lundi ne doit pas être un prélude commode à une sortie: la Californie y a également eu recours et n’a pas quitté le dollar.
La Banque centrale européenne commence à atteindre les limites d’action dans le cadre qu’elle s’est fixé pour le soutien d’urgence aux banques grecques. De la continuation de cette aide dépend pourtant la sauvegarde de l’épargne individuelle des grecs ou sa disparition, c’est à dire un choc social équivalent à l’hyperinflation des années 20 dans l’Allemagne de Weimar. Rappelons que l’alternative pourrait être Aube dorée, parti de tueurs néo-nazis. Il est temps de réaffirmer que la mission centrale de la BCE est la préservation de la stabilité financière. Elle a la responsabilité historique de trouver les voies pour y parvenir, et ne peut laisser un système financier national s’écrouler.
La zone euro et l’UE sauront-elles enfin dépasser le court terme financier pour définir un cadre de développement durable ? C’est la seule façon pour qu’il n’y ait ni gagnant ni perdant dans les négociations. Ou plutôt, que des gagnants. Mais les réflexes d’égoïsmes nationaux sont puissants et la concurrence est érigée en dogme dans l’idéologie ultra-libérale toujours prédominante. Même si c’est elle qui, en imposant la logique financière, est la principale cause de l’impasse actuelle. Plus que jamais, c’est un débat directement européen qui s’impose, à la fois pour l’avenir de la Grèce et de l’Europe.
Les Grecs ont demandé tout à la fois, une vie meilleure, rester dans l’€uro et l’UE.
Tsipras avait l’objectif d’obliger ses partenaires de l’UE à une décision politique, garder la Grèce dans l’€uro et l’UE, donc négocier une partie de sa dette.
Tsipras n’aurait pu demander aux Grecs d’abandonner l’€uro, ils savent bien que ce serait dévastateur, il a donc joué un double-jeu dont il est habitué en masquant son réel objectif de l’ambiguïté nécessaire à son adoption.
Et maintenant?
La décision politique sera ébauchée ce soir entre Merkel et Hollande, mais elle ne suffira pas , il faudra attendre les décisions des Parlement Nationaux, au premier rang desquels le Bundestag.
Les prosélytes du peuple grec et de la volonté populaire ne peuvent guère contester cette séquence démocratique.
Toute la nomenclature grecque politique s’était retrouvée pour le OUI (NAI), tous ceux qui ont triché et construit les déficits ; les Grecs les ont repoussés.
En France les partis extrêmes progressent, surtout le FN, les difficultés et les problèmes récurrents sont leurs meilleurs agents électoraux.
La satisfaction affichée hier soir par l’extrême gauche, Laurent, Mélenchon, Filoche….montrait leur communauté d’intérêt avec l’extrême droite.
Bien au-delà des enjeux europeens, qui sont lourds, et de la conception grecque de la gestion, pour le moins surprenante, c’est bien de démocratie dont il faut se soucier.
Si nos dirigeants étaient démocrates, c’est chaque peuple européen qui devrait être appelé à se prononcer par référendum sur les politiques d’austérité imposées par la BCE et le FMI.
Très bien la mémoire , Versailles et le Diktat , mais la mémoire ne dot pas être selective . En 1950 , le 9 mai , la « déclaration Schuman » , inspirée par Jean Monnet , c’est mieux qu’un Traité comme » sortie de guerre » . A la base un acte quasi révolutionnaire : ce n’est plus le » malheur au vaincu » , Schuman propose au Chancelier la Gleichberechtigung , l’égalité des droits . nous sommes là dans un comportement de CONFiANCE assez extraordinaire qui engendre un comportement en réponse .Pendant 15 jours ce n’ est pas le scénario que je viens de vivre .Alors à 92 ans , je peux compléter la mémoire des uns et des autres … J’attends des comportements responsables ; des insultes n’ont jamais favoriser les indispensables compromis entre des Europeéns de bonne volonté .
Tout à fait. La tentation des jours derniers chez une partie des politiques européens est malheureusement plutôt Versailles, et l’urgence est d’éviter cet écueil.
La manière de reconstruire la confiance est un autre sujet. Sauvons l’Europe propose d’annuler une partie des dettes et de suspendre le remboursement des autres. Ceci donnerait une base propre pour reprendre le dialogue entre européens
Bien d’accord avec ce qui précède, sauf que je répugne à payer avec mes propres impôts ceux que les religieux et armateurs grecs ne paient pas.
Cela me parait un peu cours de penser que les décisions à prendre s’arrête aux Merkel et Hollande . Il ne faut pas perdre de vue que l’Europe est en pleine négociation du GD Marché Transatlantique et je doute que les ricains ne viennent pas mettre le nez la dedans. Car le pauvre que je suis pense que EU , c’est d’abord l’Amérique et son désir d’emprise sur le monde . Il est utile de relire l’histoire pour essayer de comprendre .
D’accord avec cette analyse. L’Europe politique est rendue à un tournant historique. La démocratie en générale aussi. (Adhésion ce jour à Sauvons l’Europe).
D’accord avec ce que propose Monsieur COLLOWALD.
Il ne s’agit pas de savoir comment payer . Dérisoire de réduire un si grave problème à « nos impôts », il s’agit de l’avenir du peuple Grec, et aussi et surtout de l’avenir de l’Europe.
« Bon appétit Messieurs…. »
Puisqu’on ne cesse de répéter qu’il faut respecter le référendum grec, faisons un référendum chez nous pour savoir si le peuple est d’accord pour qu’on continue à donner de l’argent aux Grecs.
Chiche !
Très largement favorable depuis des années à aider la Grèce, je crois malheureusement que la corruption, le manque d’une administration d’état capable de collecter des impôts et d’un cadre juridique efficace, font qu’il vaudrait mieux que la Grèce quitte l’eurozone. La question de fond n’est pas s’il faut abandonner les dettes passées des Grecs(c’est déjà perdu), mais plutôt si les sommes que nous payons aujourd’hui avec nos impôts vont être remboursées et la réponse est sûrement non, donc laissez-les continuer leur système comme ils veulent, mais avec leur argent, leur propre monnaie.
Il doit être possible de se désengager de l’aide au déficit (ils sont sont censés être en excédent primaire) sans sortie de l’Euro.
résultat jugé « très regrettable » dimanche soir par le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
Comment oser « juger regrettable la décision du peuple Grec » pour qui se prennent ces participants de l’eurogroupe. L’Europe ne se fera pas sans ses peuples.
Arretez de parler de vos impôts.
C’est de l’avenir de l’Europe dont il faut, à mon avis, se préoccuper.
Pendant les négociations avec la Grèce, il a été question d’apprendre au Grecs des éléments importants de vie sociale ?
Comme par ex. le rapport correcte entre Etat e citoyen, la précision, l’impératif de la bonne gestion, de la rigueur, du travail efficace dans les administrations publiques ?
A été dit aux Grecs que l’efficacité du travail, aussi dans l’Etat, est condition nécessaire pour exporter, pour avoir un’économie ?
Une réponse SVP .
Antonio Greco
angrema@wanadoo.fr
La procédure du référendum est vilipendée : il est “illégal” (Christine Lagarde) ; il est un “leurre”, une “mascarade”, un « dangereux coup de poker», un « piètre chantage », voire un aveu de « faiblesse politique » de la part d’Alexis Tsipras. « Ce n’est pas ainsi que l’Europe doit fonctionner ».
Par parenthèse, que l’Europe ne doive pas fonctionner en consultant les peuples, on le savait déjà depuis que Juncker nous avait avertis : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens.»
Si c’était l’Alsace ou la Provence qui était en capitelonade, la question ne se poserait pas de le faire supporter aux alsaciens ou provençaux.
C’est donc plus d’Europe et d’intégration économique, budgétaire et sociale qu’il nous faut et non moins. Les lois françaises s’appliquent en Alsace ou en Provence. J’appelle les souverainistes à se poser la question.
Et dès lors, à quel niveau se joue la démocratie juste ? Que M. Juncker regrette la tenue de ce référendum n’en fait pas un anti-démocrate.
Sortir les grecs de l’Euro, c’est appauvrir les grecs. Est-ce une solution ?
Actuellement des requins achètent la Grèce à vil prix. Ya toujours des profiteurs. Comment rétablir un équilibre ? L’équivalent du « plan Marshall ». C’est accepter de reporter largement les remboursements des Grecs, donc de stocker bien plus longtemps les créances de nos banques. Cela doit être supportable, non ?
Qui va enfin dire que c’est d’un changement radical de référence politique dont a besoin l’Europe ? Les théories économiques libérales sont fausses et ne peuvent produire que des désastres. Il n’y a plus rien à démontrer sur ce point. Nous avons besoin d’un système, pour le moins, keynésien. Les statuts de la BCE doivent être modifiés : les Etats doivent pouvoir emprunter de l’argent à leurs banques centrales et les banques centrales doivent pouvoir se refinancer auprès de la BCE. Oui, il s’agit bien de faire tourner la planche à billets. Et qu’est-ce que ça peut bien faire puisque les rentrées fiscales à venir compensent les déficits momentanés. Il faut en finir avec la dictature que les banques commerciales privées exercent sur les peuples. Les rentiers qui gagne de l’argent en dormant doivent disparaître de la scène : l’argent n’est rien ! C’est la valeur qui prime et c’est elle qu’il faut produire.
Je vous demande si, pendant les discussions institutionnelles, la manière balkanique de travailler dans le institutions, de tenir les rapports citoyen-Etat a été considérée ?
Je crois que dans la vie sociale en Grèce il n’y a pas l’efficacité les certitudes, l’Etat de droit, qui sont « moyennes européenne ». A vérifier…
L’incertitude, l’inefficacité sont des entraves au développement.
Tout cela a été discuté à Bruxelles ? Si ce n’est pas le cas, ont peut faire des calculs erronés . On pourrait considérer que les Grècques apprennent des façons de faire modernes ?
« …Il n’y a pas, tout simplement, le développement et le non développement. Il y a des mécanismes mentaux, libérateurs ou inhibiteurs du développement, inégalement présents dans chaque société » .
(Alain PEYREFITTE, La Société de Confiance)
Antonio Greco
angrema@wanadoo.fr
Aurait-on oublié le Traité de Londres de 1953 ???
L’Allemagne a alors obtenu une baisse des taux d’intérêts, un report des échéances de plus de 25 ans, un abandon partiel des arriérés d’intérêts… sans parler du report de dettes « lors de la réunification de l’Allemagne ».
La Belgique avait même divisé la dette de l’Allemagne par 5.
Tout cela avait été fait pour éviter à nos chers voisins de mettre à nouveau l’Europe à feu et à sang.
Doit-on alors penser que l’Allemagne attend la prise de pouvoir totale d’Aube Dorée ?
Bon, Syriza va donc grapiller des miettes et les peuples continueront d’être sacrifié pour cette idéologie mortifère qu’est l’UE et sa monnaie l’euro, qui comme toutes les monnaies plurinationales finira par exploser.
Les pays d’europes sont trop différents pour qu’une harmonisation soit possible sans complètement sacrifier une bonne partie de ces derniers.
Les intérêts des différents pays existent, alors qu’il n’existe pas d’intérêt commun européen.
Les intérêts du luxembourg sont complètement contraires aux notres par exemple, ne serait-ce qu’au niveau de la fiscalité.
Et l’article 48 du TUE nous lie les mains
Votre lapsus relatif aux pays d’EuropeS (avec un « s » final) est intéressant.
Vos assertions ignorent en effet la soupape que constituent les « coopérations renforcées » prévues par le TUE et développées dans le TFUE afin de permettre à un nombre restreint d’Etats membres d’approfondir certaines politiques où ils trouveraient précisément un intérêt commun, là où l’hypertrophie d’une Union à 28 resterait en retrait.
Vos assertions méconnaissent également l’article 352 du TFUE qui permet au Conseil d’adopter des dispositions appropriées dans l’hypothèse où une action de l’UE paraît nécessaire pour atteindre, sous certaines conditions, l’un des objectifs visés par les traités sans que ceux-ci n’aient prévu les pouvoirs d’action requis à cet effet. L’article 48 du TUE – qui expose, du reste, plusieurs modalités (y compris en procédures simplifiées) de révision – n’est donc pas le seul outil à disposition pour favoriser l’adaptation des traités. Certes, formellement, l’exigence d’unanimité prédomine… mais, là encore, le « vécu » de la réalité de l’UE montre que la recherche de « consensus » atténue quelque peu la rigidité d’une telle exigence.
Quant à la négation du moindre intérêt commun européen, là encore, il sera
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/07/06/une-dette-allemande_4672279_3232.html?fb_ref=Default
L’ Austérité, (provoque)
La récession (qui elle même favorise)
Le déficit (qui augmente)
La dette
C’est ce qu’un étudiant de 1er année de Licence d’économie doit savoir.
http://www.slate.fr/story/103989/piketty-allemagne-jamais-rembourse-dettes
(suite)
Quant à la négation du moindre intérêt commun européen, en ce domaine aussi, il serait utile que vous vous sépariez de vos oeillères pour revenir à une perception plus juste des réalités. L’exemple du Luxembourg peut, certes, interpeller au moins en matière de fiscalité, mais il reste caricatural par rapport à l’ensemble des politiques communautaires dans la mesure où la fiscalité constitue un domaine jalousement gardé par chaque ministère des finances national… si souvent stigmatisé comme constituant , même dans l’ordre interne des pays membres de l’UE, une sorte d’ « Etat dans l’Etat ».