Nous n’avons pas prévu de faire comme beaucoup de titres une litanie des problèmes posés par le Brexit. D’abord parce que la mise en place d’un tel changement se fait toujours dans les grincements, ensuite parce que le contexte du coronavirus ne facilite rien. Regardons pourtant un endroit qui symbolise assez bien les impasses de l’ensemble du processus : la pêche.
Il y’a un an, Boris Johnson brandissait un maquereau en conférence de presse pour montrer sa détermination à défendre les pêcheurs britanniques. Le débat était foncièrement malhonnête : les droits de pêche anglais sont attribués par le gouvernement pour les deux-tiers à 25 entreprises souvent étrangères, l’ensemble des autres pêcheurs se battant donc sur moins du tiers restant. Prétendre que le Brexit était nécessaire pour sauver la pêche familiale est une fumisterie dès l’origine. Où en sommes-nous ?
Les Européens devront petit à petit rétrocéder aux britanniques un quart de leurs prises, et on se revoit dans cinq ans pour rediscuter. Les petits pêcheurs auront-ils droit à moins du tiers de ce quart ? Belle révolution en vue ! En attendant, à la demande du gouvernement britannique qui voulait take back control des frontières et a refusé de rester dans l’espace douanier européen, il y’a maintenant des contrôles entre l’Ile et le Continent. Des contrôles, donc des délais sur des marchandises éminemment périssables. Des contrôles donc des coûts administratifs, de stockage, de transport qui pèsent sur des marchandises à marge très faible. Résultat : les pêcheurs britanniques peinent à vendre leurs production, et les prix ont chuté de moitié pour compenser la hausse des coûts. Plus de la moitié des bateaux de petits pêcheurs restent à quai.
Les choses vont en partie s’améliorer, sans doute. On l’espère en tout cas. Mais le démarrage n’augure pas une prospérité nouvelle pour les petits ports. De manière très surprenante, la stratégie qui consiste à se battre pour le contrôle de la production en se coupant de son principal client n’est pas un succès éclatant.
Edit : Un ami de Sauvons l’Europe m’a apporté quelques précisions sur les quotas de pêche, dont il ressort que contrairement à ma première rédaction ce sont les quotas anglais et pas britanniques qui sont largement distribués à des étrangers. Le quota écossais en revanche reste quasi-totalement écossais, à l’instar par exemple de la France. Ceci ne fait que souligner que les règles européennes laissaient chacun libre de sa politique de soutien à la pêche locale…
Est-ce une image de gardon, un poisson d’eau douce ?
Toutes nos félicitations !
Apparemment, ce n’est pas un… Colin 🙂
hé hé 😀