Pedro Sanchez, unique en Europe et… à gauche ?

En cette rentrée politique, Pedro Sánchez, ce socialiste qui gouverne avec une alliance des gauches et sans avoir de vrai majorité à lui, tend un miroir cruel au personnel politique français, particulièrement à gauche. En effet, il représente une voix unique et  dissonante en Europe, portant un discours empathique et positif sur la migration, à l’heure où le sujet n’est plus souvent abordée qu’au travers du prisme sécuritaire.

Outre sa capacité à ramener et maintenir la gauche espagnole au pouvoir, Sanchez s’affirme toujours plus comme une forme d’anti Retailleau. Là où notre ministre de l’Intérieur (et de 1793…) n’honore ni la patrie des Droits de l’Homme, ni les besoins réels de nos tissus industriel et agricole, le Premier ministre espagnol clame haut et fort :

« La contribution des travailleurs migrants à notre économie, notre système social ou à la soutenabilité des retraites, est fondamentale. Pour l’Espagne, la migration est synonyme de richesse, de développement et de prospérité ». Plus de la moitié des entreprises espagnoles ont des problèmes pour répondre à leurs besoins en main-d’œuvre… Des entreprises qui recherchent des programmeurs, des techniciens, des maçons et qui n’en trouvent pas. Des écoles rurales qui ont besoin d’enfants pour ne pas devoir fermer leurs portes. »

À ce sujet, rappelons que le taux de natalité en Espagne est l’un des plus faibles de l’Union européenne, avec seulement 1,2 enfant par femme. D’où le constat sans appel du chef du gouvernement espagnol :

« L’Espagne doit choisir entre être un pays ouvert et prospère ou un pays pauvre et fermé. »

Au-delà d’un discours de vérité économique, il double cette démonstration d’un véritable narratif politique qui s’inscrit dans l’histoire récente espagnole. Bref, l’homme sait faire de la politique. Mercredi 9 octobre devant les députés espagnols, Pedro Sánchez a démarré son discours en parlant de la dette morale de l’Espagne :

« Nous, les Espagnols, nous sommes des enfants de l’immigration. Nous n’allons pas être les parents de la xénophobie ».

Manifestement, il est plus facile de venir de la patrie des migrants pyrénéens que de celle des Droits de l’Homme pour savoir trouver les mots justes ! D’ailleurs, Sánchez a lui-même des proches qui ont dû fuir la dictature de Franco, au siècle dernier, et qui se sont installés en Allemagne… comme beaucoup d’Espagnols. De là aussi une position unique quand il rappelle, lors d’une visite récente en Mauritanie :

« Il n’y a pas si longtemps, l’Espagne était aussi un pays de migrants, et beaucoup de compatriotes espagnols ont cherché ailleurs une vie meilleure, un destin qui leur était impossible dans leur pays. »

L’Espagne annonce un « plan national d’intégration et de coexistence interculturelle »

Bien évidemment, au-delà des faits et de la morale, « il faut agir », rappellerait notre bon Barnier. Pragmatique, le gouvernement espagnol a donc présenté toute une série de mesures pour faciliter l’intégration des étrangers sur le marché du travail, en limitant, par exemple, toutes les procédures bureaucratiques. De plus, bien conscient que les problèmes d’intégration mettent à rude épreuve le quotidien dans certains quartiers espagnols, Sanchez a donc annoncé un « plan national d’intégration et de coexistence interculturelle » dans toute l’Espagne, pour éviter les erreurs commises par d’autres pays. Suivez son regard…

Actuellement, sur les 49 millions d’habitants que compte l’Espagne, 8,8 millions sont nés à l’étranger, ce qui représente 18,1 % de la population totale. Et la vérité commande aussi de dire que 57 % des Espagnols estiment qu’il y a « trop » d’immigrés en Espagne et 75 % d’entre eux les associent à des « concepts négatifs ». Dans ce contexte, c’est un véritable homme d’Etat qui a appelé cette majorité de concitoyens à un peu plus de dignité et de réalisme :

« Vox et le PP nous disent que les migrants mettent en danger nos proches, mais la vérité est que la moitié des gens qui travaillent pour s’occuper de nos enfants, de nos parents et de nos grands-parents sont des immigrants… qu’ils prennent soin d’eux avec respect et affection, comme s’ils étaient de leur propre famille. »

Henri Lastenouse
Henri Lastenouse
Vice-Président de Sauvons l'Europe

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1 COMMENTAIRE

  1. Pour une fois, je suis bien d’accord avec Henri Lastenouse, moi qui vis une partie de l’année en Espagne. Autre chose que nos « sociaux-démocrates » ordolibéraux de France, de Belgique, d’Allemagne, d’Italie et d’ailleurs, prêts à toutes les compromissions avec les droites pour se maintenir au pouvoir. Oui, l’union des gauches est la seule alternative pour faire barrage à l’extrême droite !

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