Lundi soir, les chefs d’État et de gouvernements se rassemblaient pour figer la répartition des principaux postes de l’Union, au sortir des élections. Comme nous l’indiquions dès le soir de la dissolution, l’accord est unanime : il faut avoir réalisé l’exercice avant le premier tour des législatives françaises.
Les paramètres sont assez simples : Ursula von der Leyen, contestée hier encore par certains des membres de son parti, a vu le PPE progresser et arriver clairement premier parti du Parlement européen. Ceci réduit à néant les ambitions d’autres courants politiques et les solutions techniques un temps envisagées, particulièrement en France, autour d’un Draghi ou d’un Breton, ne sont plus de saison. Ursula von der Leyen devrait donc facilement être désignée par le Conseil, mais devra recueillir l’accord d’un Parlement plus divisé qu’hier. Les sociaux-démocrates ont fait savoir qu’ils exigeaient des engagements clairs sur le refus de collaborations avec l’extrême-droite. Coïncidence, le jour même le porte parole de la Commission condamnait l’utilisation des symboles fascistes par des mouvements politiques, sans citer aucun pays en particulier.
La Présidence du Parlement devrait également être conservée à Roberta Metsoli, PPE. La Présidence du conseil irait au socialiste portugais Antonio Costa et le poste de Haute représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité irait à la libérale Kaja Kallas, première ministre d’Estonie dans un durcissement diplomatique clair envers la Russie.
L’accord ne s’est finalement pas fait, la droite utilisant l’urgence et sa meilleure performance électorale pour pousser son avantage et demander en plus la présidence du Conseil à mi-mandat. Nous verrons où va cette micro-négociation, chacun voulant aboutir vite.
Dans un autre registre, la présidence tournante du Conseil par pays revient à la Hongrie. Sur le papier, le programme prévu se concentre sur les transports, la géothermie et les microplastiques, soit des sujets techniques. Mais Viktor Orban a dévoilé un slogan « Make Europe great again » qui est une référence évidente au Trumpisme, et annonce s’intéresser aux migrations et à l’élargissement de l’Europe, soit des sujets plus politiques et qui soulèvent quelques inquiétudes au vu des positions de ce pays.
Enfin, le conseil des ministres de l’environnement du 17 juin, toujours, a adopté par surprise la directive sur la renaturation. Présidé par le ministre de l’environnement de Bruxelles en situation de transition gouvernementale, les Belges ayant enchâssé leurs présidences tournantes au sein des présidences tournantes européennes, il a vu ce texte emblématique du Pacte vert passer à une voix près : celle de l’écologiste autrichienne Leonore Gewessler. Or cette dernière a voté contre la consigne de son gouvernement, dont le chancelier, furieux, menace de la poursuivre au pénal et de déposer un recours devant la Cour européenne de justice.
Ceci soulève plusieurs questions très intéressantes. Le mandat de vote donné par un gouvernement à son ministre au Conseil est-il impératif ? Ce n’est bien sûr pas le cas, ne serait-ce que parce que des débats et des négociations peuvent intervenir. Il est rare en outre qu’on admette des mandats impératifs dans un organe législatif, ce qu’est rappelons-le le Conseil. Sinon, il conviendrait sans doute que les Etats soient représentés par des fonctionnaires plutôt que par des ministres.
Une autre question fort intéressante est donc : que pourrait-il se passer, texte par texte, si demain des ministres du Rassemblement national devaient se trouver dans les conseils des ministres ?
Très bon article merci
Dominique VOYNET s’était copieusement illustrée dans ce genre d’embrouille à l’Europe !