Le monstrueux attentat de Manchester nous entraîne plus loin encore dans l’insoutenable néant du mal, tant la jeunesse des victimes et celle de leur bourreau nous stupéfie, nous blesse et nous révolte.
Au-delà des larmes, ne nous faut-il pas continuer de poser des actes pour que cessent un jour ces meurtres qui obscurcissent l’acquis de la paix de notre continent ?
Ces deux « jeunesses » qui se font face, celle du bourreau, celle de ses victimes, nous renvoient en image aux deux rives de la Méditerranée, théâtre physique de tragédies migratoires et en même temps mirage fatal et dévoyé pour de jeunes terroristes nés en Europe, mais à l’identité post-migratoire bien incertaine.
Chacun des attentats de Daech renforce l’émergence d’un « Demos européen », qui se manifeste tant par les modes de mobilisations des citoyens que par les valeurs qui guident leurs réactions. L’urgence n’en est pas moins chaque jour plus forte d’une réponse à la fois militaire et politique à ce qui ressemble bien à un conflit de temps long, aux causes multiples et dont la géographie n’épargne plus le sol européen. Allons-nous vers une guerre de 30 ans, si l’on se réfère à la révolution iranienne, ou de 100 ans si l’on rejoue le lent démantèlement de l’empire ottoman ?
Sur le front militaire, Sauvons l’Europe souhaite la mise en place d’une agence européenne du numérique militaire et de sécurité. Il nous semble en effet que la capacité des Européens à empêcher l’usage des nouveaux outils du numérique à des fins terroristes relève du même type de défi que ceux qui furent résolus par les Britanniques grâce au professeur Alan Turing concernant la capacité à intercepter les lignes de communications ennemies.
Sur le front politique, la nécessité d’une « déclaration Schuman pour la Méditerranée » capable de changer les paradigmes, d’assécher les terrorismes, et de faire rentrer dans notre « Histoire » les populations issues de l’immigration en Europe nous semble plus que jamais prioritaire parmi les nombreux chantiers herculéens du nouveau Président français.
Persone ne doute du besoin d’agir dans l’immédiat et en plusieurs directions à la fois. Le problème principal est qu’on ne peut pas attendre des effets immédiats.
Il faut d’abord agir sur le front intérieur. La majorité ecrassante des auteurs des attentats terroristes, sont nés en Europe, dans des quartiers pauvres, sans perspectives pour une vie normale. Et cela doit changer. Il faut un programme d’intégration global (scolarisation, formation professionnelle, services sociaux et médicaux, programme d’ activité culturelles est sportives, mise en valeur de la culture musulmane de de l’Europe, et, bien sûr, lutte contre les mafias locales qui feront tout ce qu’elles peuvent pour mettttre en échec de telles programmes).
Or, il y a le risque que l’action policière, même militaire, contre les mafias locales l’ emporte sur le reste des programmmes.
Il faut aussi agir à niveau régional. Il y a en Méditerrannée deux non Etats, la Syrie et la Libye et cela permet la prolifération de groupes djihadistes. Le plus important est que la crise en Moyen Orient a pris la forme d’une geurre réligieuse (l’Histoire des guerres réligieuses en Europe nous enseigne qu’il s’agit de la pire forme de guerre) entre sounites et chiites. Ce qui nécessite une combinaison très intéligente d’action diplomatique -et, si nécessaire, militaire- et de programmes de développement. Encore le risque principale est que l’action militaire l’emporte sur le reste.
Pour tout cela il faut des idées (qu’ils nous ont manqué les dernières deux décenies) et de l’argent (que les politiques néolibérales ne permèttent pas à investir).
Avec toute l’angoisse et la compassion que sucitent ces attentats, je ne peux pas m’emp^^echer de remarquer que dans leurs objectifs les terroristes sont puissamment aidés par le retentissement médiatique de leurs actes.
Tout ce qu’on fait comme messages de solidarité rendus publics, cérémonies, défilés, drapeaux en berne, éditions spéciales…tout cela est pain béni pour les terroristes.
Il me semble qu’une façon odieuse mais efficace de dissuader les terroristes serait de banaliser leurs crimes. Ca ne dissuaderait pas les personnes qui agissent par fanatisme religieux mais ça dissuaderait les commanditaires qui, eux, utilisent les attentats comme des armes pour manipuler l’opinion et les gouvernements.