Retrouver l’original du texte publié dans la tribune La tribune 30 avril 2008 : ici
Voici l’intégralité du texte publié :
S’inspirer de soixante années d’expérience de la construction européenne pour avancer un nécessaire projet d’Union Méditerranéenne est à première vue, une idée excellente. Vigilance pourtant au moment de manipuler le vocabulaire et les méthodes de la success story européenne.
L’Europe des pères fondateurs ne se résume ni à quelque technique habile, ni à quelques mots magiques, pas plus qu’à des partenariats économiques tous azimuts. Elle oblige génétiquement à un partage de souveraineté sur ce qui fait mal.
L’Europe politique n’est pas née seulement et durablement des moyens financiers offerts par le plan Marshall. Elle s’est imposée dans le sillage d’un geste politique historique, celui de la déclaration Schuman. Or, cette initiative allait bien au-delà du champ économique. Il ne s’agissait pas d’annoncer la restauration du théâtre de Bayreuth avec des prêts bonifiés ! A cette époque, on voyait plus loin, on visait plus haut. On confiait à une autorité politique nouvelle ce qui avait servi à tant faire couler le sang des Européens : le charbon et l’acier.
De même, aujourd’hui, la réconciliation Europe/Méditerranée passe par un acte politique fort. L’ambition européenne pour la Méditerranée doit, à la manière du geste de 1951, offrir une réponse politique à la seule question qui importe, et que personne n’ose trancher franchement. Hier le charbon et l’acier, aujourd’hui l’immigration économique. Et comme hier, cette réponse politique doit se servir d’un cadre institutionnel supranational ad hoc qui conforte l’Etat de droit et l’expansion économique.
Il revient sans doute à la génération des petits enfants de Jean Monnet d’œuvrer à substituer à la néfaste proposition de guerre des civilisations celle plus humaniste d’un modèle social euro-méditerranéen partagé au travers d’une mobilité économique et de son corollaire juridique à inventer : une citoyenneté qui soit un préalable et une propédeutique à de futurs partenariats politiques.
La mobilité économique euro-méditerranéenne proposerait un espace de libre circulation économique sans frontières migratoires, mais, dans le cadre d’un projet de mise en place et de financement par tous d’une solidarité sociale partagée pour le 21ème siècle. Ainsi, la mobilité euro-méditerranéenne (MEM) offrirait la possibilité de converger vers un système commun de solidarités sociales, plus étendu et mieux équilibré démographiquement que nos vieux systèmes nationaux (et de ce fait, bien plus pérenne à terme).
Ainsi l’objectif d’une citoyenneté économique euro-méditerranéenne ne viserait pas une union politique actuellement sans fondement, mais s’appuierait sur le constat suivant : la solidarité entre les personnes est une valeur commune à l’ensemble des référents culturels du monde méditerranéen, au-delà de sa diversité culturelle ou de l’immaturité démocratique de certains de ses gouvernements. Profitons-en !
Un tel acte modifierait radicalement, on l’espère, la perception et la mémoire de l’immigration au sein des populations européennes. Egalement, un tel acte donnerait un sens nouveau à l’engagement des Européens en matière d’investissement et de co-développement au sud de la Méditerranée. Il apporterait aux délocalisations industrielles des opérateurs économiques européens en offrant une alternative socialement plus féconde à l’émigration massive des industries européennes vers l’Asie..
Des hommes, voilà soixante ans, ont eu le courage politique de changer le regard que des populations entières portaient les unes sur les autres depuis des siècles. Et cela au travers de la mutualisation des outils mêmes de leurs conflits. Aujourd’hui, ce même courage politique est nécessaire pour s’adresser à « l’autre bord de la méditerranée ».
Quelle que soit sa dénomination, une organisation euro-méditerranéenne supranationale appelée à formuler une Mobilité économique méditerranéenne, avec ses droits et ses devoirs, dans le cadre d’un partage de souveraineté limité et désignée au moyen d’élections transparentes constituerait un triple message loin de toute démagogie. Un message envers les populations du Nord inquiétées par le délitement des mécanismes de l’Etat-providence. Des espoirs de liberté et de prospérité pour les jeunes du Sud. Et au passage aussi un message que la République doit à ses banlieues.
c’est sur la Turquie n’est pas un pays « euro-progressiste »comme vous dite…!
L’accord entre l’UE et la Turquie, sur les réfugiés, est détestable.
La Turquie a exercé un véritable chantage sur l’UE en laissant partir les migrants, alors que toute réunion de 3 personnes y est interdite!
Ce chantage fut accompagné par l’arrogance du premier ministre turc, qui a simplement dicté sa volonté aux dirigeants de l’UE, faibles et lâches.
Cet accord avait été négocié par Merkel, vous savez la chancelière humaniste!
Ceci dit et répété, l’UE s’était mise dans une impasse, et cet accord détestable était le seul choix.
Au moins le vrai visage de la Turquie est-il évident, et son adhésion à l’UE plus du tout à l’ordre du jour…ou des années!