Les crises récentes, économiques, financières, géopolitiques, énergétiques, environnementales sont autant d’appels à l’Europe. L’agrégation des réponses nationales, même coordonnées, ne suffira pas face aux effets d’un capitalisme dérégulé et d’un monde belliqueux.
Chaque jour les conditions de vie et la sécurité des Européens se dégradent. Les initiatives européennes sont devenues trop timides et ne relèvent plus guère que de la basse négociation intergouvernementale. Il manque une vision, une politique d’ensemble et d’avenir, telle celle qui a permis le développement des régions les plus pauvres, telle celle aussi qui a fait l’euro dont il faut rappeler le rôle de bouclier face à la tempête monétaire. Mais pourquoi nous sommes-nous arrêtés là ?
Les partis conservateurs gouvernent dans la très grande majorité des Etats de l’Union européenne. Au Parlement européen, la droite est majoritaire depuis 2004. Pour quels résultats ? L’Europe chargée de protéger, d’appliquer la justice sociale et d’anticiper la croissance durable et solidaire patine. La droite européenne s’est bien gardée de promouvoir une Europe sociale, juste et moderne, pourtant indispensable et souhaitée par les citoyens.
L’impératif d’une Europe politique et sociale est dorénavant encore plus évident, mais soyons sincères, seule une gauche vraiment européenne, unie et cohérente autour de grands projets concrets et d’avenir, est en mesure de construire une telle Europe. C’est cette gauche vraiment européenne qu’attendent des millions de citoyens de l’UE.
Les élections européennes de 2009 doivent être enfin l’occasion de répondre à cette attente. La gauche européenne ne doit pas manquer ce rendez-vous, mieux encore elle doit dire clairement que c’est là l’occasion de relancer une dynamique européenne de progrès arrêtée par le double mouvement conservateur d’une droite libérale exégète du marché dérégulé et d’une gauche radicale préférant l’intérêt national égoïste à l’Europe.
Le 1er décembre dernier, le Parti socialiste européen adoptait un Manifesto qui fixe le programme politique d’une gauche vraiment européenne. Le Manifesto, ambitieux et réformiste, fait espérer une Europe force de progrès et de stabilité, celle que nous entendons porter pendant la campagne de 2009, avec tous les partenaires européens qui ont fait ce choix humaniste et solidaire.
Ils ne doivent pas être les seuls. Les militants des organisations pro-européennes, ceux de Sauvons l’Europe, doivent aussi participer à ce mouvement, appelé à dépasser les frontières. Les élections européennes, trop souvent les annexes opportunistes des élections nationales, méritent une véritable campagne électorale trans-européenne.
Toutefois, remporter les élections européennes ne suffira pas. Comment imaginer que le PSE et ses alliés ne présentent aucun candidat à la Présidence de la Commission européenne ? C’est pourtant une nécessité politique pour être crédible auprès des citoyens et montrer que les institutions européennes ne fonctionneront plus désormais sans clivage assumé, appuyé sur un débat politique de fond.
À l’heure où le monde connaît une crise globale, l’internationalisme qui nous rassemble est plus que jamais d’actualité. Ne nous laissons pas emporter par les tentations au protectionnisme et au repli souverainiste.
La construction européenne ne sera crédible en Europe qu’à la condition de démontrer très concrètement aux citoyens que leur existence est meilleure avec l’Europe que sans, mais cela doit se voir.
Donnons-nous les moyens d’apporter plus d’Europe dans le quotidien des citoyens : pour 2009, dépassons la nation et faisons campagne dans l’Europe, pour l’Europe, celle que nous voulons, celle que nous ferons !
Yohann Abiven, Fabien Chevalier et Diego Melchior, responsables de Sauvons l’Europe
Premiers signataires :
Patricia Adam, députée ; Michèle André, sénatrice et ancienne ministre ; Jean-Paul Bacquet, député ; Catherine Boursier, députée européenne ; Olivier Brunet, fonctionnaire européen ; Robert Chapuis, ancien député et ancien ministre ; Michel Delebarre, député et maire de Dunkerque ; Christiane Demontès, sénatrice et maire de Saint-Fons ; Harlem Désir, député européen ; Michel Destot, député et maire de Grenoble ; Francine Dugast, professeur émérite des Universités ; Jacques Dugast, professeur émérite des Universités ; Alessandro Giacone, historien et écrivain ; Elisabeth Guigou, députée et ancienne ministre ; Elisabeth Guy-Dubois, conseillère déléguée du 14ème arrondissement de Paris ; Catherine Guy-Quint, députée européenne ; Matthias Fekl, adjoint au maire de Marmande ; Olivier Ferrand, président de Terra Nova ; Stéphane Fiévet, metteur en scène ; Geneviève Fioraso, députée ; Jean-Claude Fruteau, député et maire de Saint-Benoît ; Stéphane Hessel, ambassadeur de France ; Danièle Hoffman-Rispal, députée ; Denis Indract, administrateur du Centre d’Information pour le Droit des Femmes et des Familles de la Nièvre ; Armand Jung, député ; Henri Lastenouse, co-fondateur de Radio Générations ; Bettina Laville, présidente de Vraiment durable ; Marylise Lebranchu, député et ancienne ministre ; Jean-Yves Le Déaut, député et vice-président de la région Lorraine ; Roselyne Lefrançois, députée européenne ; Valéry-Xavier Lentz, militant associatif ; Louis Mermaz, sénateur, ancien ministre et président de l’assemblée nationale ; Jean-Pierre Mignard, avocat et maître de conférences ; Pierre Moscovici, député et ancien ministre ; Safia Otokoré, vice-présidente de la région Bourgogne ; Bernard Poignant, député européen et maire de Quimper ; Jacques-René Rabier, retraité de la Commission européenne ; Daniel Raoul, sénateur ; Roland Ries, sénateur et maire de Strasbourg ; Monique Saliou, conseillère déléguée du 3ème arrondissement de Paris ; Benoît Thieulin, entrepreneur ; Marisol Touraine, députée et vice-présidente du Conseil général d’Indre-et-Loire ; Philippe Tourtelier, député ; Catherine Trautmann, députée européenne et ancienne ministre ; Bernadette Vergnaud, députée européenne ; le Think tank européen Pour la Solidarité.