Nous sommes inquiets pour le projet d’une Europe progressiste au sortir des élections municipales françaises, et pour au moins deux raisons.
1/ La crédibilité de la gauche française en Europe
Notre première crainte concerne le poids et la crédibilité du Gouvernement français. Crainte qui sera d’ailleurs amplifiée en cas de bis repetita pour les progressistes lors des élections européennes du mois de mai. Il ne s’agit pas là de considérations d’académiciens ou de politologues éthérés. L’image d’une France « fille aînée des populismes » à la direction politique évanescente est loin d’être une bonne nouvelle pour le fonctionnement du couple franco-allemand. Déjà, ce couple ressemblait de plus en plus à Laurel et Hardy, nous voilà après ces élections au bord du « Chéri, j’ai rétréci les Français ». Au même moment, David Cameron ayant réussi, à lui tout seul, l’exploit de marginaliser la Grande-Bretagne au sein du Conseil européen, il est fort à parier que la Chancelière allemande éprouvera un grand moment de solitude au sortir de ces municipales françaises.
Arrêtons-nous un instant sur cette « éclipse française ». Le plus paradoxal nous paraît être qu’il tient en grande partie à l’incapacité de l’exécutif à construire un narratif politique cohérent autour d’un projet français en Europe. Ce que justement le couple Mitterrand/Delors avait réussi à faire en sont temps autour de la « désinflation compétitive » et du projet de l’Euro. Certes, le Gouvernement a su habilement allonger de plusieurs années la consolidation budgétaire qui était nécessaire, mais dont une exécution précipitée aurait aggravé la crise comme on l’a vu en Espagne, en Grande-Bretagne ou au Portugal. Nous l’en félicitons, ayant toujours dit que la politique d’austérité à grand pas était contre-productive. Mais après ? Le combat prioritaire de la France se borne-t-il à la réduction de sa participation au pot commun et à la préservation des subventions à ses agriculteurs ? Le seul allongement du retour à la santé budgétaire ne fait plus une politique car le « désendettement compétitif » du couple Hollande/Moscovici n’est en rien comparable à la « désinflation compétitive » du couple Mitterrand/Delors ! Trois questions sont restées trop longtemps en suspend qui conditionnent tout narratif politique crédible au niveau national et local :
Faut-il une démocratie européenne dans laquelle les électeurs choisissent l’orientation collective, ou bien faut-il préserver le pouvoir des États – et de la France, secondus inter pares – dans ce petit concert des nations ?
Faut-il un budget européen assis sur des impôts directs dans toute l’Europe, ou bien faut-il craindre la censure de l’Allemagne ou d’autres pays « vertueux » sur tout projet de solidarité transeuropéenne à défaut de l’envisager à leur manière ?
Faut-il rééquilibrer l’Europe en créant des protections pour les citoyens et un avenir pour sa jeunesse ? Protections qui soient contraignantes pour les États et permettent ainsi une convergence vers le haut sur l’éducation, la lutte contre la pauvreté, l’insertion des jeunes dans le monde du travail et l’accès à la santé.
2/ La présidence de la Commission européenne
Notre seconde crainte concerne cette fois l’affaiblissement de la candidature de Martin Schulz et au travers de sa personne la possibilité de faire élire un candidat progressiste à la tête de la Commission européenne. Ne nous trompons pas : cette conquête se jouera à quelques sièges près. La capacité d’orienter significativement l’Europe vers les plus fragiles de ses concitoyens ne peut souffrir d’un affaissement trop massif des listes socialistes en France, dont la constitution a déjà suscité un scepticisme que nous partageons.
Le succès des autres listes progressistes pourrait en partie permettre de compenser ce risque, et nous pensons notamment aux écologistes, voir à une surprise du côté des listes Nouvelle donne… mais en partie seulement. Le problème central révélé par les élections municipales n’est pas uniquement un rapport de force relatif entre forces progressistes, mais une abstention des citoyens de gauche dont la répétition aux élections européennes risque de rendre la droite et l’extrême-droite largement majoritaires. En outre, pour constituer une coalition europrogressiste victorieuse au Parlement européen, une force d’attraction centrale est nécessaire que seuls les sociaux-démocrates sont aujourd’hui en capacité d’incarner. La prime au parti arrivé en tête au soir des élections pèsera lourd dans l’attitude des chefs d’État et de gouvernement concernant la présidence de la Commission.
Jacques Chirac avait cru pouvoir conserver Jean-Pierre Raffarin avant le référendum sur le Traité constitutionnel européen en 2005, on connaît la suite… La gauche française peut-elle prendre le risque de faire échouer la prise de Bruxelles par les progressistes européens pour préserver un Premier ministre qui ne restera pas, quoi qu’il en soit, dans les annales ? Nous répondons « non ».
Démission-une évidence et un premier ministre pro-européen une nécessité.
Quelle bonne nouvelle ! Le Parti Socialiste serait-il en train de douter du traité de Maastricht Et que Jean-Marc Ayrault serait désormais dans le doute ? Ce que vous ne supportez pas, bien évidemment ! Enfin, c’est votre gagne-pain d’être les supporters de cette monstruosité. Retire à un état ou un groupe d’états son Droit sur sa monnaie, c’est le retour à la féodalité d’antan !Pesez-en tout le poids ; vous condamnez notre mutation « Sapiens » à la disparition.
Sauvons l’Europe, OUI, mais pas avec le traité de Maastricht qui empêche justement de la faire, et cela depuis plus de 40 ans. Auriez-vous la comprenette ralentie à ce point ?
Bonjour,
Je suis en accord avec Monsieur Bellanger.
Vous prônez la « désinflation compétitive » qui est une monstruosité, vous appelez « les forces progressistes » au pouvoir ds une Europe supra-nationale et vous craignez le résultat des urnes.
Question : se pourrait-il que le peuple français fût attaché à l’Etat-Nation ?
Le 1er ministre n’est qu’une marionnette et totalement interchangeable : Vedrines a déclaré, avt les municipales, peu importe qui sera 1er ministre, le 1er ministre sera celui qui fera appliquer les baisses de salaires… (Vs pouvez retrouver sur LCP et BFM).
Le pb n’est pas Mr Ayrault, le pb se nomme François Hollande.
Vous changerez de 1er ministre tant que vous voudrez, ça amusera le microcosme, vous agiterez de faux suspenses qui n’intéresseront que vous et les médias.
« Ça nous en touche une sans faire bouger l’autre » (Jacques Chirac).
Ces élections municipales illustrent une chose évidente: les 34,90% d’abstentionnistes français refusent de montrer leur soutien aux partis traditionnels français. Reste maintenant à dépasser les inquiétudes liées au vote « utile ». Encore faut-il qu’ EELV et Nouvelle Donne persuadent les citoyens français qu’une autre Europe existe, plus progressiste et à l’écoute de leurs inquiétudes légitimes. Pour enfin parler le démocratie, tout le monde doit s’exprimer!
Bonjour,
Loin de moi l’idée de marginaliser les élections municipales mais leur résultat est probablement une « gifle salutaire ». Tout comme le sera celle des toutes proches élections européennes !
Le vrai danger serait de ne pas ENFIN prendre en compte le message que les citoyens européens auront voulu faire passer: « Nous ne sommes plus entendus, plus écoutés voire même plus compris ! » ou pire encore « Nous avons été compris mais l’Europe n’en a rien à faire car les intérêts de (certaines de) leurs élites sont autres ! ».
Suite à cet électrochoc annoncé et faute de redresser la barre vers une Europe plus solidaire, plus sociale, plus pédagogue (à ne pas confondre avec démagogue ! ) plus citoyenne et plus indépendante des innombrables lobbies, je suis d’accord pour dire que la situation sera grave car cette fois le vote sanction pourrait bien se muer en un vote d’acceptation … d’idéologies qui ont toujours par le passé été la cause des catastrophes les plus horribles.
C’est à l’Europe de se ressaisir et de regagner en crédibilité auprès de ses citoyens.
Mais comment pourra-t-elle y parvenir sans un bouleversement institutionnel profond (condition nécessaire mais pas suffisante) … lequel est totalement bloqué par la règle de l’unanimité ?
C’est essentiellement cette règle de l’unanimité qui paralyse l’Europe et la rend totalement impuissante à régler, sans la tutelle des USA et des lobbies, les problèmes auxquelles elle est confrontée. Cette indispensable REFONDATION devra se faire avec le seul souci d’améliorer le sort de ses citoyens européens d’aujourd’hui … et il faut l’espérer de demain.
Au lieu de cela, l’Europe ne fait que courir après un élargissement toujours plus rapide au point de se retrouver à cautionner un nouveau gouvernement ukrainien comprenant une proportion non négligeable de néo-nazis (FAIT qui est malheureusement trop occulté dans tous nos médias traditionnels).
On va stigmatiser le citoyen français moyen qui par rejet ou désespérance (et pas par conviction) va voter pour la « marque » Le Pen (souvent sans savoir ce qu’il y a derrière) alors que l’élite européenne travaille à intégrer l’Ukraine que les USA ont sciemment déstabilisée avec l’aide de ces néo-nazis. C’est allumer un début d’incendie sans savoir si l’on pourra l’éteindre. C’est moralement et tangiblement i-r-r-e-s-p-o-n-s-a-b-l-e !
http://blogs.lexpress.fr/attali/2014/03/23/sont-ils-tous-devenus-fous/
http://www.les-crises.fr/en-finir-avec-le-manicheisme/
Si le feu se propage les USA auront le temps de voir venir car il y a l’Atlantique entre eux et l’incendie. S’il parvient à être éteint, ils viendront réclamer les marrons tout juste cuits que l’Europe aura retiré des cendres … et, structurellement faible, ELLE LES LEUR DONNERA ! (Et que le lecteur se rassure je ne verse pas dans l’anti-américanisme primaire).
Le système capitaliste dévoyé (car il est gangrené par une perte profonde de tout repère moral) aura encore gagné une décennie qui, si rien de solide, cohérent et DURABLE n’est mis en place, s’effondrera avec fracas entraînant dans sa chute le monde presque civilisé (mais non durable) pour le plus grand malheur de ses peuples.
Oui à force de repousser le problème, celui-ci est devenu énorme et urgent à résoudre. Le défi est immense mais je veux (voudrais) croire qu’il n’est pas (encore) insurmontable.
Goldfinger
Le gouvernement qui s’annonce sous la houlette de Manuel Valls se dessine malheureusement comme plutôt souverainiste…
« Sauvons l’Europe », Jean-Marc Ayrault vient de démissionner. Son successeur serait Manuel Valls. Pour autant, cela ne correspond pas nécessairement à votre souhait.
Peut-être peut-on souhaiter que les élections européennes soient une occasion pour parler du fond, et dépassant les clivages nationaux. Et oui à Martin Schulz comme Président de la Commission, lui qui est un bon connaisseur des institutions et j’espère respectera enfin le Parlement Européen. Parlement Européen, ou proportionnelle oblige, on ne sera plus dans le bipartisme socialistes-conservateurs, mais ou il y aura forcément des accords sur des bases plus larges.
Donc il y a beaucoup de mesures européennes à promouvoir, par exemple l’encadrement de l’impôt sur les sociétés, mais aussi de l’IR pour les tranches les plus élevés, des mesures de solidarité qui s’adresseraient au plus démunis. Gérer les migrations intra-européennes. S’opposer aux lobbys américains ou pro-chinois. Redémarrer la Stratégie de Lisbonne sur nos points forts. On est par contre moins d’être sorti de la crise, le poids doit en être payé par les classes moyennes hélas, mais il faut éviter d’alourdir le matraquage peut-être en s’attaquant d’abord à certaines rentes de situation (notaires, armateurs grecs, mais aussi certains avantages fiscaux des fonctions publiques dans certains pays, y compris chez nous).
L’exécutif français? (disons Hollande-Valls-Fabius-Moscovici), il ne doit pas corégenter avec Merkel-Schäuble, mais gérer les affaires intérieures et être force de proposition en Europe, pour les 28 pays.
Le progrès n’est pas simplement une affaire de droite contre gauche, mais aussi lié à un clivage entre les europhiles, en gros chez nous de l’UDI jusqu’à une grosse partie du PS, et les eurosceptiques nationalistes à l’extrême-droite et à l’extrême gauche.
Une fille de républicain espagnol à la Mairie de Paris, bravo. Alors un fils de républicain espagnol à Matignon, c’est à nouveau très bien.
Je suis un chaud partisan du front républicain, c’est peut-être mon âge qui fait cela! Ceci dit je suis lucide, un front républicain mieux respecté qu’il ne l’a été hier, n’aurait pas sauvé le PS et aurait peu freiné le FN!
Mais j’ai été intéressé par la tribune de Laurence Parisot, présidente d’honneur du MEDEF, plaidant en faveur du pacte républicain dans « Le Monde » dans Le Monde du 30-31/3/2014. Ce genre de plaidoyer, rare dans des milieux
supposés de droite, m’a d’abord surpris.
En réalité la surprise n’avait pas lieu d’être, car c’est l’aspect europhobe du programme FN qui a suscité cette tribune. Une sortie de la zone euro pour la France n’est ni simple ni souhaitable. Je ne vais pas développer ce
point, Sylvie Goulard l’a fait très bien dans « Europe: amour ou chambre à part? ». En tout état de cause, une prise de position aussi nette de quelqu’un comme Laurence Parisot vaut la peine d’être remarquée.
-Et on n’en a pas fini, les européennes, que peut on craindre! D’après Le Monde daté du 1/4/2014, Joseph Daul, le président UMP du PPE est allé soutenir dans sa campagne le premier ministre d’extrême droite hongrois. Est ce la tendance la plus à droite de l’UMP qui a triomphé hier!
Bonjour,
Cet article sans le dernier paragraphe aurait été mieux et plus en phase avec nos analyses. Est-ce le rôle de Sauvons l’Europe de commenter, voire même exiger un changement de Premier ministre en France? et pourquoi aussi dans les 27 autres Etats membres de l’U.E?
La question vaut réponse…c’est encore et toujours la place de Sauvons l’Europe dans le débat politique et ses rapports aux Politiques qui est toujours lancinant et ce depuis juin 2005 date de création de Sauvons l’Europe. Notre approche doit restée européenne et pas nationale, quelque soit le pays concerné…Bonne journée. Jean-Pierre Bobichon.
A propos du dernier paragraphe de mon dernier commentaire. Je suis désolé!
Signaler que le président du PPE va soutenir la campagne électorale du ministre hongrois d’extrême droite, qui piétine les valeurs sur lesquelles est fondée la construction européenne ne me semblait pas hors sujet!
Bonjour Monsieur,
Mon commentaire ayant disparu ds les limbes, je réédite .
Je note que l’extrême-droite en Hongrie, c’est très mal.
Je note que l’extrême-droite en Ukraine c’est très bien.
Un des ministre du Parti genre de La Patrie, agrée US/UE et même choisi, vient de tirer sur 2 personnes.
Impunité garantie
Selon que vs serez Hongrois ou Ukrainien, vs aurez le droit d’être nazi ou de ne l’être pas.
A propos de notre gouvernement:
Si « gouverner c’est choisir » (PMF dixit?), alors Hollande ne sait pas gouverner. Je ne regrette pas tant d’avoir voté pour lui en 2012 que d’avoir voté pour lui aux primaires socialistes en 2011.
D’après le site Rue89, cinq des ministres du gouvernement Valls ont milité pour le non en 2005 !
Autre chose. Personne dans ce gouvernement pour les affaires européennes! Il y a une dizaine d’années, celles ci étant alors prises en charge par un secrétariat d’état rattaché aux affaires étrangères, quelqu’un avait fait la remarque suivante. (J’ai oublié qui)Les affaires européennes n’ont rien « d’étranger », les rattacher au Quai est stupide. Elles devraient être confiées non seulement à un ministre de plein exercice mais encore celui-ci devrait être « Vice-premier ministre » et avoir le second rang dans l’ordre protocolaire
Je ne comprends pas votre inquiétude. Je ne pense pas que cela signifie une inflexion anti-européenne.
Les choses seront moins visibles, c’est tt.
Mr Hollande suit sa feuille de route, les ministricules suivront celle qu’il leur a remise.
Ce n’est pas un pb de symbole, vs savez qu’un ministre est totalement sans pouvoir, à la limite, sur son chauffeur. Déjà , un Prez , s’il a été élu avec certaines aides, disons, presse et action de patrons du CAC 40, n’en a aucun non +. Il doit, ds ce cas, rembourser capital et interêts. La formule n’est pas de moi.
Pas d’inquiétude sur un pb purement formel.
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