N’est il pas normal qu’aux innombrables kilomètres parcourus depuis 18 mois par tant de conseillers pressés dans les couloirs bruxellois répondent enfin ceux de l’opinion publique française ? Le contraire ne serait-il pas étonnant ! Comment ne pas réagir à des choix qui conditionnent le cadre même de toute action publique et cela pour plusieurs décennies !
Il est aujourd’hui indispensable que nos pieds portent enfin au grand air ce débat européen ouvert avec le traité de Maastricht, et devenu depuis la grande pandémie de la démocratie française. Il serait d’ailleurs logique que tous ne battent pas le pavé dans la même direction. Les sondages en France montent effectivement une France coupée en deux, entre « ceux qui croyaient à l’Europe fédérale et ceux qui n’y croyaient pas». Pourtant, le « ni-ni » défendu depuis plus de vingt ans par l’ensemble des partis de gouvernement en France est il encore raisonnable ! A ce petit jeu, nous avons ignoré les appels répétés d’outre Rhin à poursuivre le projet européen sérieusement. Ces derniers jours encore, notre manque de vision à largement aidé madame Merkel à engranger les points sans contreparties.
Les auteurs du présent texte en appelant à manifester ce jour en faveur des Etats Unis d’Europe ont décidé de demander à tous de prendre la question européenne vraiment au sérieux (1). Donc de manifester ! A tous nous posons la question suivante « Quoi de plus vital pour votre avenir et celui de vos enfants que de manifester pour (ou éventuellement contre) les Etats Unis d’Europe ? ».
Nous concernant nos foulées porteront les revendications de jeunes générations pour qui les Etats Unis d’Europe constituent la principale créance à l’endroit d’une génération politique qui a mené un continent à la faillite financière. Face à des chefs d’états et de gouvernement dont la base électorale ne rajeunira certainement pas, quelle autre garantie qu’une Europe fédérale contre le statut quo et le repli sur soi ? Les politiques d’austérité qui accentueront mécaniquement le transfert de« bien être » des plus jeunes vers les « mieux établis » exigent en contrepartie une solidarité européenne « inter générations » que pourrait porter le projet d’Etat Unis d’Europe.
Nos pas porteront également la mémoire des échecs répétés de la méthode intergouvernementale. En marchant la mémoire nous revient des pires heures du gaullisme quant messieurs Fouchet et Couve de Murville réussissaient à bloquer tout progrès européen pendant près de vingt ans ! Vingt ans, un luxe de nos jours hors de porté pour l’Europe.
Collectif Qui va payer
Article publié samedi 10 décembre sur Libé +
(1) Samedi 10 décembre 2011, à 14h30, Sauvons l’Europe, Les Jeunes Européens-France et la Confédération étudiante lancaient un appel au rassemblement à la fontaine aux innocents (Paris 1er) pour exiger une politique européenne à la hauteur de la crise et défendre notre monnaie unique!
La presse de gauche est depuis des décennies au service de la Pensée-Unique. Son rôle spécifique est de prendre en main les évolutions de l’opinion qui serait défavorables à Maastrich, et de les orienter vers des solutions stériles.
La démonstration est faite que Maastricht est une impasse. Avoir marié la Démocratie avec la Pensée-Unique est un absurdité ; la Pensée-Unique qui est une dictature de l’argent, est incompatible avec la Démocratie. Cette dernière est moribonde, et il y a de quoi!
La presse de gauche aurait-elle reconnu l’échec ? Je le souhaite, et enfin Maastricht pourra être dénoncé, et nous pourrons amender le système économique pour le rendre compatible avec la Démocratie.
Pour ne pas rechuter, inventons une Charte de la vie sociétale qui définisse la hiérarchie éthique entre Politique, Economie et Finance. Nous avons choisi le système politique « Démocratie ». La Démocratie doit retrouver la primauté du pouvoir. Le système économique doit garder une part de Libéralisme pour être dynamique, sans pour autant échapper au contrôle du Politique. Quant à la Finance, elle doit rester un outil de fonctionnement du Politique et de l’Economie.
Cette Charte doit être incorporée à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, afon qu’elle soit au fronton de nos constitutions.
Pourquoi ne pas parler simplement d’Union Européenne ???
J’aimerais revenir sur 2 expressions utilisées ici dans les derniers articles.
La première, c’est ETATS UNIS D’EUROPE. La référence aux seuls « Etats Unis » existants est on ne peut plus claire: le modèle américain. Or aujourd’hui, le rêve américain n’est plus très « glamour »; il a du plomb dans l’aile depuis la crise des « subprimes » et tous ces « nouveaux pauvres » expulsés de leur maison par la police.
Voilà un paradoxe de l’Europe: si nous rêvons américain, comment peut-on penser européen ? Mais nous continuons à rêver américain: notre musique est à 90% anglo-saxonne, notre télé est américaine (dimanche dernier sur la TNT: 11 films ou séries anglo-saxons, contre 3 français, et O européen. Sur toute la semaine, nous avons eu 1 série britannique sur TMC, 2 films allemands et I film turc sur Arte). Vive l’Europe !
Pourquoi ne pas créer une chaîne exclusivement européenne, une sorte d’ Arte élargie aux 27, et qui diffuserait ses films en VO, s.v.p ? Finis les petits restos où l’on mange bien et pas cher (« si mangia bene, si spende poco » comme dit une amie italienne); partout prolifèrent les sandwicheries, Pizza Huts et autres Mcdo et l’obésité chez les ados.
Il nous faut inventer un modèle européen … mais ne l’avions-nous pas déjà ? Le modèle social européen, celui que nos dirigeants s’acharnent à démanteler et à privatiser. On perturbe la vie de milliers d’usagers pour faire rouler des trains privés sur notre réseau; on sait pourtant ce qu’a coûté en termes de dysfonctionnements et d’accidents la privatisation de British Railways !
La 2e expression, c’est L’EUROPE DES CITOYENS, belle formule que j’utilise souvent moi-même, mais qui reste souvent une formule creuse. Sait-on ce que veulent vraiment les citoyens d’Europe ? J’ai beaucoup voyagé à travers l’Europe à la rencontre de ses citoyens, j’ai appris leur langue – pas toutes, hélas, chacun a ses limites. Que veulent-ils donc ces citoyens ? Ils veulent tous la même chose: un travail, un « job », un logement afin de pouvoir mener une vie décente. Le droit au travail: Article 23 de la Déclaration Universelle des Droits Humains. C’est le DEVOIR de l’Union Européenne d’assurer le BIEN-ETRE de ses citoyens, plutôt que de veiller aux intérêts de banques privées comme Goldman Sachs, JP Morgan, etc., et de complaire aux agences de notation.
Il nous faut inverser le processus de délocalisation hors de l’Europe et amorcer un processus de relocalisation. Pour cela il nous faut lancer un « New Deal » à l’échelle européenne et opérer une REVOLUTION QUALITATIVE. Fabriquer des produits de qualité, résistants et non-polluants, contrôlés par un organisme européen indépendant des « lobbies » industriels et estampillés d’un label bleu avec un gros E (qualité européenne) à côté du label vert.
Pourquoi les produits allemands s’exportent-ils si bien ? Parce qu’on peut leur faire confiance. Ces produits seront vendus au juste prix: il faut bannir les mots « cheap », « pas cher » et « obsolescence programmée » de notre vocabulaire; revenir à l’amour du travail bien fait que l’on paie au juste prix. Il nous faut quitter la civilisation de la quantité et de la vitesse pour entrer dans la civilisation de la qualité et du bien-être qui en découle.
Cette REVOLUTION QUALITATIVE doit s’opérer dans tous les domaines: environnement, éducation, santé, culture (notamment une télévision de qualité), transports (limiter ce flot ininterrompu de camions qui sillonnent l’Europe en tous sens, en polluant et en tuant). Il nous faut adopter aux frontières de l’Europe un « protectionnisme modéré et intelligent » comme dit Mikis Theodorakis*, par exemple en taxant les produits dont la fabrication de respectent pas les droits humains et les exigences environnementales, pour abonder un Fonds Européen de Solidarité.
Cette REVOLUTION QUALITATIVE doit nous permettre de produire à nouveau européen et de fournir du travail et un niveau de vie décent à tous, réconciliant ainsi avec l’Europe tous ceux qui sont tentés par le repli nationaliste et les sirènes de l’extrême droite.
Une causse d’épargne européenne, proposée ici-même me semble une excellente idée.
* Appel pour sauver les peuples d’Europe.