Au terme d’une Présidence Française marquée par une forte personnalisation et une réactivité souvent heureuse, l’Europe communautaire, chère à Jean Monnet et à Jacques Delors sort historiquement affaiblie.
A l’inverse des nécessités d’une gouvernance et de politiques économiques plus intégrées, et d’une stratégie européenne de convergence sociale, c’est l’Europe de l’unanimité, des vetos nationaux, des crispations nationales et des dérogations à géométrie variable que Nicolas Sarkozy laisse, bon gré mal gré, à ses successeurs
« L’Europe m’a changé » a-t-il déclaré devant le Parlement européen. Mais en étouffant la voie communautaire au profit d’un virage intergouvernemental ostensible opéré par Nicolas Sarkozy avec la complicité contre nature du Président de la Commission européenne José Manuel Barroso, il a également changé la nature du projet européen, d’un projet d’intégration politique à un projet de coopération.
Dans un climat d’affaiblissement historique de l’esprit communautaire et de défiance franco-allemande inédite, il est à craindre que la Présidence Française ne lègue à des Présidences plus faibles ne disposant pas des moyens et de l’envergure diplomatique d’un pays comme la France, des lendemains qui déchantent et une Europe du renoncement politique.
Cette différence profonde de conceptions, entre une Europe intergouvernementale et coopérative, et une Europe politique « Fédération d’Etats-Nations » selon la belle expression de Jacques Delors, rend aujourd’hui nécessaire, la candidature d’un socialiste européen face à José Manuel Barroso.