Primaire : même pas peur !

Les progressistes français regretteront encore longtemps la disparition politique d’Alain Juppé, une personnalité apte à recueillir sans grand traumatisme la France en fermage pour 2017, le temps pour la gauche de régler son linge sale en famille avec une primaire aux accents de 2022…

Mais voilà, le peuple de droite dans sa grande sagesse libérale a poussé jusqu’au bout l’exigence politique d’une concurrence libre et non faussée en choisissant un candidat effectivement susceptible de perdre dès 2017 ! Saluons l’innovation politique…

Jusqu’alors, la primaire de la Gauche était vécue comme une mise aux enchères démocratiques des restes de l’héritage Mitterrand/Jospin/Hollande. Le choix de François Fillon ouvre à la fois de nouveaux espoirs quant au potentiel court terme de l’héritage sus-mentionné, et relance l’hypothèse Emmanuel Macron, susceptible par son succès de réduire considérablement le dit héritage.

C’est dans ce contexte que nous ne pouvons que constater l’ironie des électeurs de la primaire de gauche qui ont mis face à face la meilleure capacité à gouverner en 2017 et le meilleur embryon de programme pour 2022 ! Celui qui promet de sauvegarder l’héritage à court terme face celui qui s’attaque à sa mutation pour le faire évoluer…

Au-delà des personnalités, les deux candidats du second tour de la primaire illustrent une certaine divergence de temporalité, bien plus que des eschatologies du travail irréconciliables. Entre une vision à long terme d’un revenu universel traduit immédiatement par la remise au goût du jour de la vieille revendication du salaire étudiant, et la démarche de solidification des minimas sociaux autour du concept de revenu décent et de conduite d’expérimentations pour le plus long terme, la différence est surtout sur l’accent porté dans la temporalité. Et c’est ici, effectivement, le constat qu’une partie de la jeunesse est durablement en marge du processus de production qui alimente cette divergence. Pour rappel, Sauvons l’Europe estime que le revenu universel n’est atteignable qu’à long terme, et qu’il ne peut être mis en place que par des expérimentations locales et l’ouverture de fenêtres très spécifiques telles que la jeunesse, la vieillesse ou des catégories telles que les agriculteurs.

Mais, ce qui nous intéresse et nous rassure c’est de voir confirmé au cœur de l’héritage en question son ADN européen, revendiquer avec autant d’ardeur par chacun des héritiers putatifs. Cette primaire enterre définitivement la division des progressistes français sur l’Europe qui existait depuis 2005. Il restera sans doute toujours des divergences d’appréciation, mais après dix ans, la plaie n’est plus à vif et il redevient possible de parler d’Europe sans tourner autour des non-dits.

Si une réconciliation s’envisage aujourd’hui sur la question essentielle et existentielle qu’est l’Europe, relativisons les différences liées au revenu universel qui ne peut être ni un épouvantail, ni un étendard.

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5 Commentaires

  1. Excellente analyse. Hamon et Macron affirment leurs convictions européennes, non comme une incantation mais comme le chemin nécessaire pour répondre aux citoyens sur la sécurité, le dumping social, le terrorisme, le nouvel équilibre mondial.

  2. Un peu d’humour dans votre éditorial: ça ne peut pas faire de mal! Merci
    Par ailleurs, Je partage totalement votre analyse sur cet égarement de la droite qui n’a pas su voter pour le « meilleur d’entre eux »; le seul susceptible de sortir la France de cette guerre de tous contre tous initiée par N Sarkozy et non réduite par F Hollande. Comme beaucoup de citoyen(nes) me semble-t-il, j’attends une mise en perspective des possibles pour la France et pour l’Europe. Ce qui suppose aussi l’abandon progressif de certains choix fait dans le passé. Or, ni F Fillon, ni E Macron, ni E Valls ne s’avancent clairement sur la nécessaire « destruction créatrice » qui s’impose et va s’imposer pour faire face aux échéances concrètes qui se posent à nos sociétés. De ce point de vue, si la piste des autocars est confirmée dans le programme (?) Macron, nous seront renseignés sur ses ambitions économiques et sociales.
    A côté de cela, des alternatives européennes très concrètes existent et peuvent être réactivées pour peu que Notre Europe rompe avec ses démons affairistes aujourd’hui présent au plus haut niveau de ses responsables politiques. Inutile de donner des noms: qui peut être fier que l’Europe soit aujourd’hui dirigée par de tels représentants?
    Pour finir par une note optimiste, l’Europe des énergies devrait être une priorité: qu’attend-t-on pour reprendre cette belle idée de Jacques Delors?

  3. Sauvons l’Europe: pourriez-vous s’il vous plait écrire en français intelligible pour tout le monde? Vos articles m’intéressent mais ils sont rédigés dans un style pédant qui me dérange. Exemple: que veut dire ceci « …une personnalité apte à recueillir sans grand traumatisme la France en fermage pour 2017.. » est-ce la personnalité qui recueille ou bien ceux qui l’auraient soutenu si elle avait été placee en tête (on sous-entend Juppé) qu’est-ce que la France en fermage? Moi pas comprendre.

    Deuxième exemple « Le choix de François Fillon ouvre à la fois de nouveaux espoirs quant au potentiel court terme de l’héritage sus-mentionné… » c’est à la fois confus et paradoxal car si « l’héritage sus-mentionné » est celui de Mitterrand/Jospin/Hollande quel rapport avec Fillon? En outre, si vous utilsez des expressions populaires telles que « ….le temps pour la gauche de régler son linge sale en famille… » utilisez les sans les altérer elles ne seront que plus compréhensibles. Pour finir j’aimerais ne pas voir des mots comme « eschatologies » qui sonne comme un gros mot et qui n’a de sens que théologique donc ne s’applique pas ici. Globalement votre éditorial pourrait tenir en trois phrases succintes: Les électeurs de droite sont des batards; ceux de gauche des blaireaux; l’Europe un cloaque. Bien à vous.

    • André Gosse.
      J’approuve pleinement le propos de Jean-Paul Marchetti. Le sujet m’intéresse également, mais ce langage de petit marquis m’est incompréhensible, et je le trouve donc irrespectueux. A moins évidemment que vous ne sachiez pas clairement ce que vous voulez dire… Dans ce cas, par pitié ne vous surmenez pas. Et revenez nous en toute efficacité, car le temps presse; j’ai 84 ! Bien vôtre.

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