Maria Damanaki est le Commissaire européen chargé des affaires maritimes et de la pêche. Propose par le Gouvernement grec, elle a débuté sa carrière politique en s’opposant à la dictature des colonels qui l’a faite torturer, puis à la direction prosoviétique du Parti communiste. Après avoir dirigé une scission pro-européenne de ce parti, elle l’a quittée en l’accusant de trop rentrer dans le moule communiste et a intégré le Pasok.
La semaine dernière, Maria Damanaki était l’invitée d’une rencontre de syndicats. Interrogée sur la politique de sortie de crise de la Commission européenne, ses réponses se sont écartées de manière très notable de la ligne officielle de l’institution, qui conjugue rigueur budgétaire et sociale. Critiquant la stratégie de sortie de crise, elle a estimé que la rigueur fiscale, quoique nécessaire, devrait être équilibrée par un soutien à la croissance. Elle a refusé que cette politique conduise à une dégradation sociale, et a jugé que tous les pays d’Europe n’ont pas besoin des mêmes politiques. Estimant que trop d’attention est portée à la question de la dette, elle a également regretté que les droits des travailleurs ne soient envisagés que comme des obstacles à la politique économique. Estimant que la cure d’austérité n’a conduit qu’à fragiliser les conditions de travail et s’élevant contre les pseudo-statuts d’auto-entrepreneurs, elle a conclu son intervention par un appel à une autre politique économique en Europe.
C’est à notre connaissance la première fois qu’un Commissaire se désolidarise publiquement de la sorte sur une politique centrale de la Commission. Il est très révélateur que ce soit au sujet des politiques d’austérité. En effet, cette question est si profonde et si importante pour les sociétés européenne, que l’on touche désormais aux limites d’une Commission technocratique et prétendument apolitique. On sent bien, dans les circonstances présentes, que le glissement vers une Commission politiquement responsable et issue des élections européennes devient de plus en plus nécessaire.
VIVE MARIA DAMANAKI !