Quelle est votre position par rapport aux déclarations de Michèle Alliot-Marie?
Elle s’est trompée, mais c’est révélateur de la position de l’Elysée. Vous savez aussi bien que moi que tout est téléguidé depuis là-haut, donc que l’on ne vienne pas me dire que MAM a décidé cela toute seule. Elle a dit ce qu’on lui avait dit de dire, c’est une certitude.
L’erreur est donc à mettre au débit de Nicolas Sarkozy?
Bien sûr, sans oublier le gouvernement qui a eu un très mauvais comportement dans cette affaire. C’est inimaginable que l’on n’ait pas saisi la gravité de la situation. C’est révélateur de la déliquescence de la diplomatie française. C’était autrefois une des forces de la France, c’est devenu une faiblesse. Nicolas Sarkozy nous avait promis une rupture avec la Françafrique? Rien n’a changé, à part le discours de Dakar… On nous a expliqué que nous avions réintégré le commandement de l’Otan pour peser davantage sur les décisions, alors que l’on ne pèse toujours rien face aux Etats-Unis. Nous avons une position pour le moins ambiguë avec la Chine, et la liste de nos erreurs diplomatiques est loin d’être exhaustive. L’image de la France a régressé et cela me touche.
MAM devrait donc démissionner?
Non, elle a fait une grossière erreur d’appréciation mais encore une fois, elle n’a pas agi seule sur un coup de tête. On n’a de cesse de nous dire que nous avons un hyperprésident, qui intervient partout, qui va réguler l’économie mondiale et sauver tous ceux qui ont besoin d’être sauvés, donc ne me dites pas que sur un sujet aussi important que celui-ci, il l’a totalement délégué à sa ministre des Affaires étrangères!
Vous auriez aimé entendre davantage Nicolas Sarkozy sur ce sujet?
Je n’ai pas besoin de son diagnostic mais je constate simplement que, alors qu’on le voit toujours partout, là il est étrangement très discret… L’excuse qui consiste à dire « on n’a pas senti que le malaise des Tunisiens étaient si profonds » ne tient pas la route une seule seconde. Je pense tout simplement que, même si je n’en comprends pas les raisons, cela intéressait davantage notre gouvernement de laisser le régime de Ben Ali en place.
Journal du Dimanche