Sauvons l’Europe est une organisation progressiste qui œuvre depuis 2005 à la construction d’une Europe démocratique et solidaire. On nous a régulièrement accusés de « rouler » pour des formations politiques voire même pour certains responsables. Il est vrai que l’indépendance de notre mouvement, avec la liberté de ton et de nuances qui en découlent, en désarçonnent beaucoup.
Nous essayons en effet d’être fidèles à nos idéaux tout en tentant de faire avancer concrètement nos convictions. Etre (réellement) progressiste et (véritablement) pro-européen en 2018, on a connu des combats plus faciles à mener…
Alors, pour une fois, on va laisser tomber les discours modérés, les propositions mesurées, les projets équilibrés, les indignations bêtement humaines, pour une attaque frontale contre Jean-Luc Mélenchon.
Sauf que nous n’avons pas trop d’expérience ni même de compétence dans ce domaine. La caricature, c’est un art. Nous allons donc reprendre deux extraits du site Internet de Lutte ouvrière. Après tout, ils ont l’avantage de l’antériorité par rapport à nous en matière d’internationalisme et de défense de la classe ouvrière. Rien ne vaut un bon vieux parti trotskyste pour démasquer l’imposture Mélenchon !
Au-delà du second degré que vous avez deviné dans ce propos liminaire, nous vous invitons à aller au-delà de la prose communiste-canal historique et à réfléchir sur le lien entre dénonciation de l’Union européenne et le défi populiste.
Extrait en date du 29 août 2018 (par Pierre Lemaire) :
En proposant de faire des élections européennes « un référendum anti-Macron », Mélenchon cherche à surfer sur le rejet profond que suscite le président de la République dans les couches populaires.
Mais quelle que soit l’envie tout à fait compréhensible de lui donner une raclée, fusse-t-elle électorale, qu’est-ce que cela peut changer sur le fond ?
Pour Mélenchon, la responsabilité première de ces attaques revient non aux patrons et au capitalisme mais à « l’Europe libérale », incarnée par Merkel. Ce qui est faux et dédouane le grand patronat français.
Si Macron attaque les classes populaires, ce n’est pas pour obéir à Merkel ou à la Commission européenne, c’est pour servir les intérêts de la grande bourgeoisie et du grand patronat français. Et si Merkel en Allemagne, Charles Michel en Belgique, Sanchez en Espagne, mais aussi l’europhobe Conte en Italie ou Theresa May au bord de quitter l’Union européenne (UE) en Grande-Bretagne mènent tous des politiques antiouvrières, c’est pour servir les intérêts chacun de sa bourgeoisie, la protéger de la crise du capitalisme, que personne ne sait enrayer, en en faisant porter tout le poids sur les classes populaires.
Cela, Mélenchon ne le dit à aucun moment. Non, il participe à l’esbroufe électorale qui consiste à faire croire aux classes populaires que l’enjeu essentiel est d’être pour ou contre l’Union européenne.
Extrait en date du 5 septembre 2018 (par Inès Rabah) :
Interrogé sur les migrants accueillis en Allemagne, Mélenchon a répondu que, dans ce pays, « n’importe quoi a été fait » dénonçant une politique favorable au patronat. « Il y avait déjà des emplois à un euro de l’heure, Madame Merkel a inventé des emplois à cinquante centimes pour les migrants. » Ses propos font écho à ses déclarations en août à Marseille « Honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux. »
C’est là une façon de s’en prendre aux migrants parce qu’ils pèsent sur les salaires, et aussi de critiquer ceux qui, comme le gouvernement Merkel, les ont laissés entrer.
Mais nulle part le patronat européen n’a attendu les migrants pour inventer nombre de contrats sous-payés et les imposer aux travailleurs. Prétendre que l’on peut assurer un sanctuaire aux travailleurs des pays les plus riches en leur évitant la concurrence des migrants est une façon d’éviter de mettre en cause les capitalistes alors que, pour lutter contre ceux-ci, l’intérêt des travailleurs est de parvenir à intégrer les migrants pour en faire leurs compagnons de lutte.
Le nationalisme, même à la sauce Mélenchon, est un poison pour le monde du travail.
Dans le style de cette organisation, Lutte Ouvrière nous rappelle cependant un point important: quand on attaque « l’Europe », c’est en réalité des politiques qu’on souhaite attaquer. Faisons le clairement alors, au lieu de viser un bouc émissaire un peu trop commode.