L’Europe est en crise, c’est entendu. Créée pour résoudre des difficultés issues de la guerre et des dictatures, puis relancée par Jacques Delors sur le thème de la croissance, elle se trouve confrontée aux périls de ce début de siècle sans avoir construit les outils lui permettant d’y faire face.
Arrivées au point où le besoin d’une protection fantasmée balaye tout sens du réel, des foules de jobards se lèvent soudain pour prononcer des absurdités sur le ton de l’évidence, enivrées par la croyance en leur esprit critique retrouvé. La crainte de voir arriver en masse à Béziers des Sarrasins plus ou moins buveurs de sang conduit à s’insurger contre la dangereuse illusion de frontières ouvertes.
Mais notre continent, vu de l’extérieur, n’est-il pas déjà surnommé l’« Europe forteresse » ? Schengen a consisté essentiellement à retirer les douaniers des frontières entre pays européens pour les affecter aux frontières extérieures. Quelques pays ont certes du mal à tenir ce rôle.
L’Italie est tout en côtes, la Grèce est un État sinistré, si elle n’a jamais été capable de protéger ses frontières. Mais la réponse collective est-elle de revenir sur le système Schengen ou de mieux répartir la charge des frontières les plus fragiles ? De même, on peut – avec quelque lâcheté – discuter le principe moral selon lequel l’Europe doit faire avec sa part de réfugiés, mais postuler qu’on peut les tenir à l’écart est une farce. Messieurs les jobards, faudra-t-il ajouter le déshonneur moral à l’échec concret ?
Car, d’évidence, si le contrôle des camions frigorifiques aux frontières avec la Belgique s’imposait, une question simple devrait se poser : avec quels hommes ? Nous avons découvert avec les attentats que la France, l’un des États les plus policiers d’Europe, ne disposait pas des troupes nécessaires pour suivre l’ensemble des terroristes potentiels connus. À l’heure où les écoles, les synagogues et les gares sont gardées, avec quels hommes allons-nous remplir les guitounes frontalières ? Dissoudre Schengen est absurde d’un point de vue étroitement pratique ; se renvoyer, au sein de l’Europe, des masses de réfugiés d’une frontière à l’autre ne nous rendra pas nos États-nations d’hier ou d’avant-hier. Il existe rarement des plans B « dans la vraie vie »…
Le Brexit est un révélateur de cette même ivresse à se libérer des nécessités de la « vraie vie ». Le Royaume-Uni n’a pas rejoint l’Europe par passion, mais avec le calcul de ne pas en être isolé. L’Europe, une nécessité positive, au mieux. D’ailleurs, la Grande-Bretagne s’est toujours tenue à l’écart de la dynamique collective. Tous les gouvernants ont joué au jeu dangereux de charger « Bruxelles » de toutes les mesures impopulaires et de se réserver les bonnes nouvelles. Mais les Anglais l’ont élevé au rang d’esprit national de résistance face à une « odieuse oppression continentale ».
Et, les concessions arrachées à Bruxelles par David Cameron vont dans ce sens : le droit du Royaume-Uni de rester un peu à l’écart est réaffirmé, rien de bien neuf. Un système de carte rouge permettra à 55 % des parlements nationaux de s’opposer à une mesure de Bruxelles, c’est-à-dire que les parlements nationaux, ensemble, pourront se révolter contre les gouvernements nationaux, ensemble. Nous voilà rassurés…
Bref, Cameron s’agite sur un terrain essentiellement symbolique sans répondre à la question : « In or out ? », question si passionnelle qu’elle risque de disloquer la Grande-Bretagne, l’Angleterre et le pays de Galles allant leur chemin, et l’Irlande et l’Écosse suivant le leur… My horse for a kingdom… Messieurs les jobards !
Article publié dans Témoignage chrétien du 11 février 2016
I agree!
malgré quelques excès cet article décrit bien notre situation
Sur le Brexit, certaines demandes de Cameron sont inacceptables, et je regrette qu’il ait pu penser les produire! L’Europe est vraiment faible!
Et en plus, les opposants à l’Europe, plus de 100 députés de son propre parti conservateur trouvent ces demandes insuffisantes, une sorte de thé tiède.
Devons-nous accepter à tout prix? Le chantage grossier est-il une façon européenne?
Si la Grande Bretagne décide de partir, ce sera un cataclysme chez elle, et une très mauvaise nouvelle pour l’Europe.
Mais les peuples sont souverains, et les politiques récoltent ce qu’ils ont semé.
Cameron pompier pyromane, petit politicard réputé habile, s’est tiré tout seul une balle dans le pied, et c’est douloureux!
Si la Grande Bretagne part, il faudra marcher vite et fort vers une Europe mieux et plus intégrée, probablement à partir de la zone €uro.
Ce sera peut-être une chance pour l’europe de s’apercevoir qu’elle doit s’unir ou mourir, à force d’être détestée et rejetée!
J’espère que la france suivra la grande bretagne. L’europe est tout sauf protectrice des peuples, elle n’en a rien a faire.
A la sortie de la guerre, Churchill avait déclaré être favorable à la création des Etats Unis d’Europe, mais sans la Grande Bretagne qui serait « toujours plus tournée vers le large que vers le continent ».
Nous y sommes: Une Europe politique puissante et protectrice de ses citoyens ne peut pas se construire avec la GB. Laissons la partir et revenons aux choses sérieuses: La continuation d’une UE « toujours plus unie ».
Francais vivant en Amerique du Sus, he suit en Europeen fervent. Les nationalismes a outrance, avec des prejuges tres forts sont une recette sure pour le conflit, la guerre, la violence, et la souffrance. L’histoire humainr est, helas jonchee de tels absurdes. Notre terre est une et ses resources essentielles limitees. Out nous choisissons me chemin de « moi premier et les autres je m’en fous », out nous chousissons, avec courage et sagesse, le chemin qui implique apprendre a vivre ensemble, dans la paix et le respect. La decision est la notre. Elle me semble evidente.
Bravo Pascal, c’est exactement ça! que l’Anglererre se retire et nous resterons assez forts pour nous rassembler tous (au moins l’eurogroupe) et prospérer enfin au profit des populations et pas seulement de la City.
Dit autrement, avec un peu plus de lucidité et d’honnêteté intellectuelle : cette utopie ne fonctionne pas. Elle n’a jamais fonctionné. Elle s’est faite en dépit et au mépris de l’opinion des populations, sur des slogans qui sont l’exact contraire de ce qu’ils affirment.
Quant à l’argument de faire « l’Union » pour préserver la paix, ce n’est qu’un prétexte, un argument faux supplémentaire. En effet, dans la plupart des cas, et très certainement davantage en ce début de millénaire, ce ne sont pas les populations qui font les guerres, ce sont leurs « dirigeants » et, derrière eux, les puissances financières, banquières, industrielles, patrimoniales, ce qu’on appelle le « lobby militaro-industriel », en un mot : le capital.
Et nos médias bien serviles, muselés par leurs actionnaires, se font fort d’amadouer et de convaincre une opinion publique majoritairement rétive pour lui faire adopter une position plus belliqueuse. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir comment la France (l’État) a engagé nos forces militaires en Syrie ou comment elle a bafoué des contrats avec la Russie pour satisfaire les demandes pressantes de sanctions de « l’Union », fidèle en cela au slogan « l’Union, c’est la paix ! » et, derrière elle, de l’administration américaine !
On appelle ça : la manipulation, la désinformation ou le formatage de l’opinion publique, ce que Michel Collon appelle, lui, la propagande de guerre.
A-t-on proposé un référendum aux Français pour leur dire qu’on allait autoriser la « libre circulation » des personnes, des marchandises et des capitaux ? Y’a-t-il eu des débat, j’entends de « vrais » débats, sur les avantages et inconvénients de cette option ? Non. Pas plus pour la monnaie unique, pas plus pour tout le reste. Cela nous a été vendu comme « inévitable », « une chance pour la France », « un avantage décisif » et autres balivernes. De toutes façons, on sait dorénavant ce que nos « dirigeants » font des résultats des référendums : ils s’assoient dessus.
C’est tellement vrai qu’ils ont eu le culot de supprimer la loi qui imposait de consulter les Français pour modifier le périmètre des collectivités. Pour pouvoir réorganiser les régions et passer de 22 à 13…
Et pourquoi cet empressement ? Tout simplement pour s’inscrire dans la politique européenne des « eurorégions » et pouvoir, ultérieurement, effacer nos frontières avec des régions transfrontalières. C’est ce qui se dessine avec les régions Rhône-Alpes-Piémont, Catalogne-Pyrénées orientales, Aquitaine-Euskadi, Pyrénées-Cerdagne, etc…
Les gens, les associations, se mobilisent depuis des mois contre le projet de « Grand marché transatlantique » ou encore « Accord de libre-échange », appellations séduisantes pour ce projet de TTIP, ou encore TAFTA, qui n’est rien d’autre qu’une escroquerie internationale en bandes organisées.
Cela n’empêche nullement nos « responsables » d’entreprendre perfidement les modifications de notre législation pour les rendre TTIP compatibles par avance ! Et qu’en dit-on aux « actualités » dans nos médias ? Rien… Silence radio.
Alors, s’il est une chose que les populations attendent patiemment, ou impatiemment dans le cas de la Grèce, par ex. c’est qu’un pays décide de sortir de l’UE. Les dirigeants freinent des quatre fers, comme on l’a vu dernièrement en Autriche où ils ont rejeté une demande de référendum sur la sortie de l’UE obtenue après une pétition qui a recueilli plus de 260000 signatures…
Bref, ce « machin » finira tôt ou tard par imploser… Comme le disent des économistes réputés, les premiers à en sortir seront ceux qui s’en sortiront le mieux. Et les mêmes qui chantent aujourd’hui ses louanges seront probablement encore là pour nous dire qu’ils nous avaient prévenu.
Je préférerais donc largement que mon pays se ressaisisse et demande sa sortie, plutôt qu’il soit dans les derniers à rester stoïquement au milieu des décombres, ce qui est probablement le scénario le plus vraisemblable.
Autant, il était nécessaire que des hommes et des femmes arrivent à convaincre les gouvernements de leur pays d’adhérer à cette union Européenne pour construire la Paix, autant la voie prise me semble une erreur qui a été aggravée en 2005.
Une telle union doit être celle de la majorité de citoyens qui souhaite s’engager avec d’autres citoyens de ce continent en se considérant à la fois citoyen du pays où ils vivent mais aussi citoyens d’un ensemble plus vaste sur le continent Européen.
Cette appartenance n’étant pas semblable à la carte de fidélité de telle ou telle chaîne de magasins pour bénéficier d’avantages commerciaux.
Ce doit être une adhésion dans un engagement solidaire fondé sur une éthique commune de paix et de reconnaissance de l’égalité en droits de tous les humains. Une volonté de partage et de mise en commun de moyens non pas contre le reste du monde, mais dans un premier pas pour aller vers une paix universelle.
Cela implique une politique étrangère commune, une fiscalité commune, ainsi qu’un justice, une police, et une défense communes. Et donc un exécutif commun, et un législatif commun fondés sur une démocratie où un citoyen égale une voix.
Mais comme à l’interne de tous les pays qui compose cette union, il est indispensable d’acquérir une indépendance forte vis à vis des lobbies et des puissances financières.
Cela implique aussi une maîtrise des volumes et flux monétaires. Cette non maîtrise par les gouvernements est une des principales cause des crise, financière, économique et sociale, aux quelles sont confrontés nombre de pays dans le monde.
Un constat : les pouvoirs s’appuient de plus en plus sur les divisions : Travailleurs contre chîmeurs, salariés privés contre salariés du pibliqc, agriculteurs contre transformateurs et grandes distribution, professions libérales contre professions libérées, etc.
Et quand ils recherche l’union, c’est toujours contre des personnes en pratiquant un jeu de globalisation ou d’assimilaion, voir de racisme, dangereux.
Alors citoyens ouvrons les yeux, faisons travailler notre cerveau et notre cœur, reprenons le pouvoir localement, dans les pays où nous vivons, et dans le même temps allons vers les citoyens d’autres pays pour construire ensemble un monde de paix.
Pour mémoire, Sauvons l’Europe a été créée, sur le fond, pour porter cette question de la démocratie au niveau européen, entre citoyens.
Et voilà!
nous avons les deux écueils de l’Union Européenne,
avec Ruoma et son idéologie anti-capitaliste etyc
et pap63 et son utopie de paix universelle.
L’Union Européenne doit bénéficier à ses citoyens, c’est à dire préserver et embellir le cadre social, légal, sociétal, …, qui fait notre exception dans le monde.
Les partisans du Brexit disent préférer un dinguy de survie au Titanic Europe!
C’est ce que dit en fait Ruoma, tandis que pap63 veut secourir tout le monde!
L’Europe est un Titanic pour ceux qui n’ont pas compris ou refusent ses objectifs; l’Europe n’est pas un grand marché (messieurs les anglais …) et l’Europe n’est pas la Lumière du Monde (!!).
L’Utopie à laquelle pap63 se réfère fut créatrice de l’Europe de 1948 à 1957, de la CECA avec les allemands, 3 ans après le nazisme, au traité de Rome. L’Utopie est devenue réelle.
Depuis, entre les crises et la médiocrité des commissaires, l’Europe manque dramatiquement d’objectifs capables de transcender le quotidien.
Le Brexit est l’occasion de se poser ces questions fondamentales.
Si la Grande Bretagne sort, l’€uro-zone pourrait devenir le socle de cette ambition retrouvée.
Si la Grande Bretagne reste, même chose.
Le Brexit serait un cataclysme en Grande Bretagne, un très mauvaise nouvelle pour l’idée européenne, pour la défense de l’Europe, pour tous les principes européens, mais il ne serait pas mortel pour l’Union Européenne, à condition de sortir du bourbier.
Utopie? ou manque de volonté?
Utopie ou refus de respecter la déclaration universelle des droits humains?
Cette nouvelle Europe se développera moins vite que l’actuelle.
C’est peut-être une utopie, mais plutôt un idéal à poursuivre en cherchant à s’en donner les moyens.
Et on n’en prend pas le chemin en divisant les citoyens, en entretenant les réflexes de peur.
La vraie utopie, c’est d’attendre tout de la croissance et de croire que cette dernière puisse être sans limites.