Un ouragan a soufflé sur la campagne qui s’achève. Le peuple français, à travers l’ensemble de ses courants politiques, a balayé d’un vent puissant toute la scène de l’élection.
A droite, le dernier président et le vainqueur annoncé ont été brutalement écartés au profit d’un quatrième homme promettant la rupture avec le modèle social français. A gauche, le président sortant a dû renoncer à se présenter et son premier ministre a été sorti du jeu au profit d’un candidat qui fait fi des héritages pour mieux se projeter dans l’avenir. Les progressistes sont représentés par un inconnu en politique il y a trois ans, s’appuyant sur un mouvement créé en quelques mois. Au deux extrêmes enfin, des candidats en tête de l’opinion promettent de s’affranchir de tous les ordres établis.
Il y a quelque chose d’effarant dans ce consensus de l’ensemble des candidats en lice contre le Système. L’exaspération des Français devant la crise qui dure, le constat que le fardeau est mal partagé, le spectacle des corruptions petites et grandes débouchent sur une envie d’envoyer tout valser, de reconstruire à neuf, proprement, dans un monde que l’on aura débarrassé de l’existant.
L’Europe, avec son enchevêtrement de Traités illisibles et ses décisions prises en conclave dont personne n’est l’auteur qu’un monstre sans visage, est particulièrement l’objet de cette tentation. Marine Le Pen propose une sortie de l’Euro dans une grande fête, en chantant que la disparition de la seconde monnaie du monde ne pourrait avoir aucune conséquence néfaste. Jean-Luc Mélenchon souhaite y rester, à la seule condition que tous les peuples d’Europe se soumettent à ses conditions. François Fillon veut la réduire à une portion congrue et raisonnable qu’il est bien en peine de définir. Elle n’est en définitive réellement défendue que par Emmanuel Macron et Benoît Hamon.
Au nom d’une Europe idéale et fraternelle, on fait vite bon marché de « cette Europe-là », la seule en vérité qui existe. On ne comprend pas que les règles qui la gouverne ne sont rien d’autre qu’une accumulation de compromis entre gouvernements et, in fine, entre volontés démocratiques nationales différentes. Une Europe refaite à neuf se trouverait tôt placée devant les mêmes désaccords à surmonter.
La seule voie européenne, en dehors de tout fantasme, consiste à construire à partir de l’existant. Ce n’est pas se résigner à l’immobilisme : contrairement à l’idée populaire, les traités ne sont pas gravés dans le marbre. Qu’on en juge : les traités devaient interdire à la Banque centrale européenne de soutenir la dette des Etats ? Comme ils furent prestement contournés ! Le Traité sur la stabilité devait a jamais enchaîner l’indépendance budgétaire de la France s’il n’était pas immédiatement renégocié à l’arrivée au pouvoir de François Hollande ? Il ne fut pas renégocié, et si peu appliqué… A l’exception de la Grèce sous programme d’assistance, les seuls pays européens à s’être infligés une cure d’austérité l’ont bien voulu, y compris d’ailleurs ceux qui n’avaient pas signé le Traité. Pour les autres dont la France, la Commission a choisi une interprétation « intelligente » du Pacte. Les traités faisaient de la Commission un secrétariat des Etats? Le Parlement a réussi un coup d’état démocratique en imposant Jean-Claude Juncker, vainqueur des élections européennes. Les traités eux-mêmes intègrent des formulations contradictoires qui sont issues de compromis, et quand nécessaire l’imagination est toujours au pouvoir.
Faire changer l’Europe n’est pas un rêve de naïfs, c’est l’affaire de trouver des majorités suffisamment fortes pour bouger les lignes. Les combats européens à mener lors de ce quinquennat sont simples: il s’agit de la création d’un socle social européen, de la lutte contre l’évasion fiscale et de la poursuite de la démocratisation de l’Europe. Ces trois batailles sont engagées, et bénéficient de soutiens forts à la Commission, au Parlement européen et parmi les Etats. Elles attendent que la France y jette tout son poids.
Sauvons l’Europe, au lendemain du référendum de 2005, a été créée sur cette intuition profonde que l’Europe n’est pas une construction technocratique mais qu’elle est d’abord un espace politique. Qu’on y débat, qu’on y noue des alliances, que l’on y fait avancer des causes. Nous sommes un mouvement transpartisan europrogressiste, qui va du centre droit à la gauche de la gauche, et croyons qu’un mouvement politique seul ne peut porter cette tâche. Au niveau européen, dans le Parlement comme entre Etats, aucun courant de pensée n’est hégémonique.
Nous sommes dimanche à l’heure des choix. Il nous faut constater que parmi les candidats qui pourraient entrer dans un arc europrogressiste les Verts n’ont pu se présenter, Jean-Luc Mélenchon a rompu avec Tsipras et Syriza sur l’Europe existante, et Benoît Hamon, au-delà des réserves secondaires que nous pouvions avoir sur tel ou tel point de son programme (nous en avons également avec Emmanuel Macron) n’est plus en mesure de peser sur l’élection présidentielle. Face à la cassure sociale portée par François Fillon, au risque de sortie de l’Europe avec Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen auquel cette dernière ajoute l’indignité, nous ne trouvons qu’Emmanuel Macron.
Nous avons donc fait un choix clair en sa faveur et appelons à nouveau à soutenir sa candidature. Dans cette élection où les options les plus radicales se présentent, il faut faire barrage à la brutalité de M Fillon, à l’horreur de Mme Le Pen et à l’aventure folle de M. Mélenchon. Nous avons pu échanger à plusieurs reprises avec les équipes d’Emmanuel Macron, il a répondu à nos interrogations et repris notre proposition d’un Erasmus euroméditerranéen. Il nous semble essentiel de lui assurer la victoire quand l’extrême division de l’opinion joue à la roulette le futur de notre pays.
Il faudra ensuite rassembler les europrogressistes au moment des élections législatives. Une coalition de progrès au niveau européen ne peut être que plurielle, et nous ne pourrions entendre que ceux qui travaillent de concert à Bruxelles s’invectivent à Paris.
Où est le volet solidaire chez Macron ? Le progrès n’a de sens que s’il permet à l’humain de s’épanouir. Est-ce le rôle de Sauvons l’Europe de soutenir à ce point un candidat ? Je lisais avec intérêt vos écrits estimant qu’ils apportaient des éclairages divers et variés, aidant à se forger sa propre opinion. Là, je suis surpris… et déçu.
Il y’a un volet solidaire chez Macron, qui propose essentiellement de conserver notre système de sécurité sociale. Ce n’est pas le candidat le plus en pointe sur ce sujet, mais compte tenu des candidats susceptibles de se qualifier pour le second tour, nous avons fait le choix de le soutenir, ce qui n’est effectivement en général pas notre pratique. Nous espérons que les législatives permettront de constituer une majorité politique plus variée.
Devant l’impopularité grandissante de ce que l’Europe représente, soutenir un candidat en sa faveur risque plutôt de lui faire perdre des voix.
Non c’est faux car une étude internationale dit que 72% des français ne veulent pas sortir de l’Europe. Ils savent très bien que les guerres ont disparu depuis l’Europe.
De plus l’Europe est en construction. Si on est intelligent, notre rapport avec elle doit être basé sur son état + ses projections. Une vue non duale est donc incomplète.
La clé de la France :
1/ montrer un projet fort → France forte qui s’occupe de la dette = France influente dans l’Europe.
2/ Avec cette FORCE, on obtiendra l’harmonisation fiscale des entreprises. Deux conséquences directes : a) la création d’entreprise repart nettement à la hausse et donc les emplois* ; b) la fraude fiscale interne à l’Europe disparait du même coup !
Ces deux choses positives sont portées par Macron qui est très réaliste, pragmatique et efficace. Vous préférez qui ? Les rêveurs ; les bandits ?
Chaque détail du projet Macron montre qu’il s’occupe des deux jambes : l’économie + le social dans un projet réaliste
* à armes égales la France offre les meilleurs attributs pour investir en entreprise et donc créer de l’emploi.
Je ne suis guère surprise de votre choix, mais surprise de la façon dont vous nous l’imposer. Je suis fidèle à » Sauvons l’Europe ». Votre regard, vos analyses, les débats qui s’en suivent nous apportent et nous éclairent. C’est la noblesse de votre tâche. Et je tiens à garder la responsabilité de mon choix.
Nous n’imposons rien! Notre propre choix n’est pas venu avec évidence, nous ne sommes pas coulés d’un bloc et sommes un collectif transpartisan. Mais en responsabilité, c’est la conclusion à laquelle nous sommes parvenus ensemble, et c’est une recommandation que nous faisons. Chacun reste libre bien entendu. Il serait d’ailleurs surprenant que les gens très divers qui nous suivent se rassemblent tous sur la même candidature.
Vous vous étonnez de ce que les français veulent tout envoyer paître…tout en analysant très correctement le pourquoi de l’exaspération générale…vous relevez tous les points qui nous mettent tous en furie. alors de quoi vous étonnez-vous…c’est le contraire qui serait incroyable. les français sont vraiment spéciaux, ils l’étaient déjá en 1789… mais ça les Schauble, Merkel, Cameron, Sarkosy, Hollande, Valls, et tous les tenants du TINA « there is no alternative », l’ont oublié, ils ne connaissent plas l’Histoire, ils ne savent pas que ce epuple a ses éruptions de siécle en siècle. Ça fait plus de 30 ans que cela monte, on est dans la cocotte minute et c’est prêt à sauter ! Vous voudriez quoi? Qu’on aille voter pour Fillon ? qui promet de remttre la France dans les clous? Non… toutle monde sent que ça va changer cette fois et pas à la manière de Hollande…et ça vous inquiète !…moi aussi, mais tant mieux.
Je ne absolument pour rester dans l’UE et je ne voterais donc évidemment pas Macron, Macron c’est le candidat sortant, la loi Macron, la loi travail, le candidat de la droite un peu plus molle que Fillon, Macron c’est le plus sur moyen de continuer à aller vers de délitement et l’éclatement de l’UE
Incapable de vous supporter d’autre façon qu’en disant que je partage votre vision (celle de « Sauvons l’Europe ») et que j’espère profondément que le peuple français ira voter en masse et fera démonstration d’une intelligence socio-politique qui vaut celle du peuple hollandais, il y a quelques semaines.
L’Europe est le seul avenir que nous avons. Sinon, nous n’avons pas d’avenir, mais qu’un retour à un passé incertain.
Avez-vous regardé les dizaines d’heures d’enregistrement vidéo, des commissions de travail qui ont contribué à fabriquer le programme de la France Insoumise
« L’avenir en commun » ?
Je vous conseille de ne pas voter sans avoir fait cette vérification.
Loin des estrades populistes, vous comprendrez comment cette
équipe si sincère et résolue est aussi prudente et mesurée. Jacques Généreux
(économiste) et Charlotte Girard (juriste) en ont été les chevilles ouvrières.
Mélenchon n’y était présent que pour mieux s’imprégner des analyses ainsi
construites avec patience et des solutions élaborées avec la concertation des
acteurs. Nos sociétés sont extrêmement complexes, fruit d’une longue histoire
et de 40 ans de dérives financières, corriger leur tendances sans tout casser
demande à la fois une grande détermination et de l’expérience. L’équipe de
France Insoumise semble la seule aujourd’hui capable de cumuler une réelle ambition de changement démocratique, avec les moyens humains nécessaires.
Bien sûr, rien ne sera possible sans une majorité de députés pour valider les changements envisagés, aucun changement structurel ne se fera sans une validation par référendum. Le président est une marionnette qui n’a que le pouvoir qu’on veut bien lui donner.
Il est vrai que c’est facile d’avoir le concours des groupes financiers
internationaux, il suffit de gouverner dans le sens des 50 dernières années.
En continuant ainsi nous sommes sûr d’aller dans le mur, tous les spécialistes
cohérents le disent. C’est la trajectoire déclarée de Macron et de ses soutiens,
tous membres de l’ancien régime et tous unis dans cette alliance stratégique.
Voter Mélenchon, c’est signer un engagement personnel, se dire prêt à inventer de nouvelles règles sociales, pour décourager les mauvaises tendances sociales et favoriser les plus utiles à la survie d’une civilisation humaniste qui sera facteur de liberté, d’égalité et de fraternité.
Voter Mélenchon c’est vouloir inventer un jeu démocratique qui soit plus fidèle
à l’intérêt commun que le système actuel.
Voter Mélenchon, c’est faire confiance à l’intelligence européenne qui n’est
créative que une fois au pied du mur, car elle a toujours fonctionné ainsi.
Voter Mélenchon c’est dire à l’Europe que nous refusons ce
jeu pervers qui érige la concurrence à mort, comme principe moral dominant.
L’expérience de la France Insoumise, ce ne sera pas la fin de l’Europe, mais le début d’une autre histoire, un scénario où l’Europe ne s’unira plus pour concurrencer les autres continents, mais pour assumer ses devoirs et ses responsabilités de région développée, qui ne doit plus vivre au détriment des autres. L’Europe doit permettre à la France de déroger à ses traités inadaptés pour lui permettre d’expérimenter d’autres voies politiques que ce sanguinaire libéralisme mondialisé actuel. Pour le respect de l’environnement, tous les territoires devront être au maximum autonomes, ce qui impose la révision de tous les traités commerciaux. Éliminer la France Insoumise aujourd’hui par la peur, c’est sacrifier l’Europe de demain.
Il faut retrouver confiance et oser explorer de nouvelles voies.
Pour une confédération-européenne ?
Pour réconcilier souverainistes (états-nations), et européens convaincus.
Lepen, une chance pour une nouvelle Europe ?
http://www.atlantico.fr/decryptage/et-marine-pen-etait-en-train-se-transformer-en-atout-pour-france-au-sein-europe-xavier-timbeau-2959346.html
Macron :
Tout ceci porte une logique; il s’agit, morceau par morceau, de remplacer la régulation sociale hérité de l’après-guerre, appuyée sur la majesté des grands partenaires sociaux, syndicats nationaux ou patronat organisé, par une régulation centrée sur l’individu, garantie par l’Etat, plus adaptée selon lui aux fluidités et aux risques contemporains. Macron écarte de ses solutions les «grandes centrales syndicales représentatives»; il les prive, s’il va au bout de ses intentions, de leur pouvoir de blocage comme de leur levier financier. Si l’assurance chômage leur échappe, l’assurance maladie leur échappera aussi. Si le salariat n’est plus l’identité indépassable du citoyen, les «représentants des salariés», perdent de leur acuité. http://www.slate.fr/story/137474/macron-ou-lapollon-de-bellac
vous l’aviez déja dit une fois, deux fois, c’est une fois de trop. BYE BYE