Naufrage de la sociale-démocratie

Même si elle s’est terminée par la victoire du candidat vert, l’élection présidentielle autrichienne du mois dernier a illustré l’inquiétante montée de l’extrême droite en Europe. Il y avait certes déjà Viktor Orban en Hongrie ou les frères Kaczynski en Pologne, mais il s’agissait de pays de l’Est, traumatisés par leur séjour sous la botte soviétique. Or, même si l’Autriche est le pays d’origine d’Adolf Hitler, elle est aussi le berceau d’une des social-démocraties les plus puissantes du monde : depuis 1945, le SPÖ a dirigé le pays durant quarante ans.
Le naufrage de la social-démocratie autrichienne illustre celui de toute la gauche de gouvernement en Europe. Durant les Trente Glorieuses, elle avait su répartir les fruits de la croissance. Mais aujourd’hui, elle n’est manifestement plus capable de concevoir un projet alliant soutenabilité écologique et solidarité, dans un contexte où l’économie est ouverte. Du coup, elle a choisi le consensus avec la droite sur les questions économiques et sociales, sous l’influence notamment de Tony Blair et de Gerhard Schröder. Et depuis, elle perd régulièrement son ancrage dans l’électorat populaire. Cette décomposition s’est accentuée avec la crise, la gauche étant incapable d’offrir une alternative à la politique prônée par la droite européenne sous l’impulsion d’Angela Merkel. Une paralysie qui est apparue criante au cours de la crise grecque. L’attitude de l’exécutif français depuis quatre ans illustre parfaitement cette faiblesse.
A l’exception de l’Espagne et de la Grèce, c’est partout la droite extrême qui profite du naufrage de la social-démocratie. Et quand celle-ci essaie de courir après les xénophobes sur la question des réfugiés, comme cela a été le cas en Autriche ces derniers mois, mais aussi précédemment au Danemark, les électeurs préfèrent l’original et le désastre s’accentue.
Le cas de la social-démocratie européenne est-il désespéré ? On peut le penser. D’autres forces émergeront très probablement pour reprendre le flambeau du progrès, comme le montrent la poussée de Podemos en Espagne ou des Verts autrichiens. Mais en attendant que celles-ci aient suffisamment mûri, la social-démocratie risque d’entraîner tout le projet européen dans son agonie. Et cela, il faut d’urgence réussir à l’éviter.
Guillaume Duval

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10 Commentaires

  1. Pourquoi ce naufrage en France : les verts se sont enfoncés dans des discussions théologiques alors qu’ils auraient du être sur des actes qui auraient apporter des améliorations concrètes à chacun d’entre nous et notamment les plus pauvres (exemple Cécile Duflot qui s’embarque sur une loi mais qui ne cherche pas à promouvoir l’isolation des logements sociaux, etc..).
    Du côté du PS, il n’y a pas de réflexion intellectuelle et surtout de faire appel à des études mêlant sociologie, psychologie et anthropologie et au vu des résultats de formuler des scénarios. Je suis frappée par exemple au sujet des prud’hommes, que l’on ne sache pas dans combien de cas et pourquoi cela se produit ? Quelles ont été les raisons du mécontentement des uns et des autres ? Lorsqu’un compromis a été trouvé, pourquoi, les résultats pour les différentes parties ? etc.

    • Au Ps, on pense à sa carrière! Tout le personnel politique doit être remplacé, la Fance a une Assemblée trop nombreuse et un Sénat inutile, tous les apparats de la « Monarchie Républicaine » sont à ranger au rayon des musées. Ce qui est abslument nécessaire, c’est de s’occuper des gens, de leur statut, de la survie des humains et de la planète s’il en est encore temps! Lisez tous Michel Onfray (ou écoutez-le sur youtube

  2. La sociale démocratie n’a visiblement pas su évoluer en conservant l’essentiel, c’est à dire le respect de l’égalité en droits de tous les êtres humains et la protection de ces droits via la solidarité.
    L’orientation de l’UE vers la défense des consommateurs au travers de la libre concurrence et le choix de la compétitivité dans un monde de plus en plus inégalitaire ainsi que les conflits par pays interposé entre les grandes puissances ont entraîné des réflexes de peur et de repli sur soi.
    La seule voie d’espoir est celle de la générosité et du souci des autres.
    Refuser la haine et la violence d’où qu’elle vienne.
    C’est un chemin difficile, mais que nous devons trouver chacun là où il vit.
    C’est le chemin de la vie.

  3. Je trouve çe constat tres severe et un peu court alors qu il devrait être surtout alarme .
    La SD s est développée dans un contexte particulier ferme sur ses frontières , hors mondialisation , vbasée sur des modes de productions massives et pérennes …on lui doit néanmoins quasi toutes les avancées sociales et sociétales du XXÈME siècle
    Depuis les années 70 ç est le début de la fin des grandes entreprises, le commencement de la concurrence mondiale et l émergence des nouvelles .. Donc le commencement de la peur , du repli sur soi , de l absence de visibilité et de la difficulté a donner un projet cohérent et solidaire dans une société émiettée et changeant a toute allure
    Que les SD aient fait des erreurs et des fautes surement , elles n ont pas assez travaillé
    ( comme les journalistes d ailleurs ) mais elle est surtout victime des contradictions bouleversantes de ces dernières decennies
    La droite , l extrême droite et l extreme gauche ne peuvent avoir les mêmes problemes

    En attendant Podemos etant en outre suffisamment arme pour pouvoir lutter contre le mastodonte de la mondialisation portée par les nouvelles technologies ….qui d autre meme si ce n est pas Byzance , que la SD ??

  4. La sociale-démocratie a perdu une grande partie de ses moyens financiers sous les coups de boutoir du néolibéralisme. Difficile d’avoir des ambitions sans moyens. Difficile de parler aux citoyens de grandes idées généreuses quand ils vivent la précarité au jour le jour. Deux solutions alors : soit reconquérir les moyens (la lutte contre les paradis fiscaux et pour la taxe tobin reste bien sûr d’une actualité brûlante dans cette course de vitesse contre les extrêmismes) soit changer de projet. Evidemment la sociale-écologie est la voie, mais il faut abandonner le paradigme productiviste, tout en mettant à bas le dumping social.
    C’est un DJ qu’il nous faut, pas des moralistes 😉
    You can do it in the mix, in the mix 😉

  5. La social-démocratie a abdiqué de ses valeurs SOCIALES qui sont passées á la trappe, pour suivre le casino mondial des jeux de la Bourse au service des intérêts des Fonds de Pension, qui se sont déconnectées de l’économie réelle. Je souhaite que l’Angleterre sort de l’UE, Qe les pays de sud de l’europ fassent de m~eme et s’unissent entre eux pour s’aider face à la BCE, et que ces pays reviennent á leur monnaie quoi qu’il puisse leur en coûter.

  6. La Social-Démocratie, c’est comme les Centristes, comme l’on trivialement, c’est avoir « le cul entre 2 chaises », ne pas choisir, c’est ne pas avoir de vision d’avenir positif. tout se décide à l’instant T d’une contestation publique. Les décisions nécessaires pour l’économie du pays, comme mettre des fonctionnaires seulement, et seulement là, dans ce qui est régaliens, hors nous continuons à constater, que des entreprises de Droit Privé, tel la SNCF, EDF, RATP, Air France, fonctionnent avec des fonctionnaires, interdisant la concurrence et la libre circulation sur notre territoire, par exemple: des trains, obligeant les collectivités à lever des impôts, pour acheter des trains, des avions, des bateaux, épuisant ainsi tous les budgets. Jusqu’à quand ?.Une société évolue sans cesse, et la notre, reste sur une voie de garage, les partisans du MEDEF et de certains syndicats, stagnent sur des positions des années 30, mais cela n’est plus tenable.

  7. Comme souvent pap 63 écrit juste!
    Le principal est dans son texte, le reste, tout le reste, est affaire de moyens.
    La Social Démocratie s’est enfermée dans une idéologie dogmatique totalement dépassée par la mondialisation, et il suffit de voir ce qu’on appelle la troisième voie, celle de Blair ou de Schroder, celle de Macron, le Social-libéralisme, c’est à dire accepter le monde au lieu de vouloir le changer au nom d’une morale étriquée, et définir un cadre humaniste.
    La doxa socialiste fut longtemps, est toujours pour les dinosaures,  » objectif la distribution et l’égalitarisme, Contrainte l’économie ». Ce temps est fini, maintenant c’est « objectif économie et l’égalité pour valeur » .
    Sauvons le PS vous refusez la réalité du monde et vous craignez la montée de l’extreme droite?
    Le PS a tellement déçu ses électeurs qu’il en a poussé beaucoup Vers les extremes.
    Le FNPA n’est ni souhaitable ni un choix, mais le PS est comme la CGT, s’entêter pour ne pas mourrir.

  8. Eh bien si! il y a une nouvelle voie ! NOUVELLE DONNE! Allez y voir un peu, c’est pas bête ce qu’ils disent : l’humain prioritaire mais pas sans le bon sens (économique en particulier).

  9. La situation Autrichienne est plus complexe qu’il n’y parait et le résultat de l’élection présidentielle vient surtout d’un brouillage des cartes:

    – la coalition sociaux démocrates / démocrates chrétien au pouvoir depuis plus de 10 ans est usée et nombre d’électeurs ne voient plus la différence entre un centre gauche et un centre droit.

    – les sociaux démocrates ne peuvent pas crier au fascisme alors qu’ils gouvernent un land avec le FPO.

    – le candidat vert avec un slogan choc HEIMAT (la patrie) et des affiches avec des petits drapeaux sur fond de vallée et de petite église est un vert très pâle du même tonneau que le ministre président du bade Wurtemberg (en coalition avec la CDU).

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