Le peuple allemand vient de renouveler son Bundestag avec une participation relativement élevée. L’enjeu essentiel du scrutin était l’évolution de la position de géant immobile du gouvernement Allemand dans les affaires européennes. Autour d’une Angela Merkel finissant toujours par engager son pays avec retard dans la résolution des crises tiraient deux sensibilités.
Les sociaux-démocrates du SPD se sont appuyés sur une hausse régulière de la pauvreté pour attaquer le modèle Allemand d’austérité et proposer des mécanismes européens de relance. Malgré un excellent début de campagne, les citoyens se sont in fine détournés de ce thème et le SPD perd 5 points pour s’installer solidement comme parti d’opposition.
A droite, deux partis cultivaient le rejet farouche de tout pas en avant budgétaire européen. Or ce sont les deux grands vainqueurs du scrutin, gagnant près de 15% par rapport au scrutin de 2013.
Le premier est le parti AfD, né sur des thèmes anti-européens mais qui a connu un violent virage anti-immigrants en 2015. Ce changement de thématique s’est accompagné d’une mutation géographique, qui se rapproche désormais de la géographie électorale du parti nazi dans les années 30. Avec 13% des voix, il s’agit désormais du troisième parti Allemand et sa progression vient largement des rangs des électeurs de Mme Merkel.
Cette montée se trouve relayée en mode mineur par le score des libéraux du FDP, farouchement anti « solidarité » européenne et pas très pour l’immigration.
Largement gagnante mais en recul et incapable de constituer seule un gouvernement, il est attendu que Merkel constitue un étrange alliage avec les libéraux et les verts, qui s’opposent sur à peu près tout. Les négociations ont déjà commencé et la ligne rouge posée d’entrée de jeu par le FDP est: Nein aux propositions de Macron sur la zone euro. Les choses risquent d’être un peu difficiles…
Un article très tendancieux. Ecrire «Les sociaux-démocrates du SPD se sont appuyés sur une hausse régulière de la pauvreté pour attaquer le modèle Allemand d’austérité et proposer des mécanismes européens de relance» est très exagéré.
Si Merkel en est à son quatrième mandat, c’est qu’elle place l’économie au centre de ses préoccupations et que les allemands lui en sont reconnaissants.
L’Allemagne reste l’économie européenne la plus forte et la plus solide et son choix de préférer des emplois précaires au chômage est tout à fait défendable.
Enfin, la construction européenne est dans les gênes du parti libéral (même s’il a fait campagne sur le thème « l’Allemagne ne doit pas financer les négligences de l’Europe ») et je pense qu’il y a de sérieuses chances de finir par trouver le chemin d’une avancée européenne avec eux. Dans ce domaine, les Verts quant à eux, ne devraient pas être un frein.
En effet, faire le choix d’une politique de l’emploi précaire qui conduit à terme à l’appauvrissement de près de 30 ou 40% de sa population est tout à fait défendable surtout quand on est dans les 60 ou 70% des gens qui ne sont pas touchés. Il y a peut-être d’autres solutions que construire l’Europe par une uniformisation par le bas.
« Il y a peut-être d’autres solutions » oui certainement, mais cela fait des années qu’on les cherche sans les trouver, et en attendant, on continue dans un quasi immobilisme ?
Bien sûr, il faut continuer sur la lancée Schauble/Merkel…
Macron va s’aligner sans broncher, je vous en donne ma tête à couper. Il y a une classe sociale consistante qui en profite, et bien!, et tous nos décideurs sont là pour les aider. Le reste, ce sont les faiméants, les chômeurs, les rêveurs, les sans-dents, les connards, les doux-dingues de mon espèce qui se font toujours avoir… Et dire que j’y ai cru un bon moment à l’europe… mais je crois que le mieux sera finalment d’en sortir. Je préférerais que ce soit sans Lepen.
Elisabeth 75018
Peut-on savoir ce qu’a été le vote turc ? A-t-il respecté la consigne donnée par Erdogan voici quelques semaines et cela pourrait-il expliquer le recul du vote en faveur d’Angela Merkel ?
Pour ses positions pro européenne vous avez soutenu dès le premier tour des élections Mr Macron.
Au bout de quelques mois nous pouvons déjà constater que notre droit du travail sera totalement modifié et permettra une Ubérisation accélérée de la structure sociale de notre pays avec les conséquences que l’on sait pour la grande majorité de nos compatriotes. Si l’on y ajoute les prélèvements sur les plus pauvres pour financer une politique économique dite de ruissellement vous aurez permis avec d’autres, d’élire un personnage sur la base d’une croyance dans une Europe qui n’a pas de réalité depuis plus de deux décennies sinon celle d’une concurrence acharnée entre état. La bataille pour le moins disant fiscal pour attirer les financiers de la City en est un exemple éclatant.
Ainsi, ce président avec l’aide de transfuge de la droite et de la gauche aura sacrifié une partie de nos compatriotes qui ne vivent pas au centre des grandes métropoles et n’ont pas un bagage scolaire élevé sur l’autel d’une politique voire d’un concept virtuel qui ne prendra sans doute pas corps avant longtemps.
Les résultats des élections allemandes sont là pour nous rappeler la dure réalité des faits et non des croyances. En effet, pourquoi l’Allemagne changerait-elle de politique alors qu’elle domine l’Europe grâce à une démographie en berne, des atouts industriels historiques et une communication relayée par des experts français dont l’honnêteté intellectuelle est plus que douteuse.
Au total, l’idée européenne que nous partageons doit-elle servir d’alibi pour abandonner les quelques règles qui restent et qui font encore le lien social au profit d’une système de normalisation inégalitaire prôner par la majorité des décideurs.
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Je pense que si beaucoup de français ont soutenu Macron, c’est essentiellement pour que les choses bougent enfin vraiment. Alors, laissons-lui le temps. Il était temps de faire évoluer un droit du travail conçu pendant les 30 glorieuses pour faire face à une mondialisation encore malheureusement sauvage mais inéluctable à long terme.
Je ne suis pas non plus d’accord avec la phrase « l’Allemagne domine l’Europe grâce à une démographie en berne, des atouts industriels historiques, … ». Ces atouts industriels historiques sont ceux d’un pays vaincu et détruit qui a retroussé ses manches, sa démographie en berne est un point faible qu’ils essayent de compenser par une émigration massive qui fait les choux gras de l’AFD. Les japonais préfèrent concevoir des robots
N’adoptons pas des positions caricaturales. Voyez l’artcile du Monde de dimanche-lundi avec cette contribution allemande :
Le FDP et l’Elysée peuvent s’entendre
Phil Hackemann, l’un des cadres du parti libéral-démocrate allemand,
nie que celui-ci soit eurosceptique. Il voit au contraire de nombreuses
similitudes entre le programme du FDP et les projets de réforme du
président français. (page 25)