Législatives, qui sont les europrogressistes ?

Laurent Fabius aura trouvé le juste mot en qualifiant l’élection présidentielle qui vient de s’achever de « chamboule tout ». Cette élection aura également été « un parangon de 5ème République » essentiellement axée sur la personnalité des candidats et quelques choix fondamentaux soumis aux électeurs, au premier rang desquels l’engagement européen de la France.

Avec l’épisode des législatives qui s’ouvre cette semaine, se pose la question du choix d’une colonne vertébrale pour le quinquennat à venir.

Sauvons l’Europe travaille depuis plusieurs années à définir un espace politique europrogressiste. C’est la vocation de notre mouvement, né de l’échec du référendum de 2005, et convaincu des l’incomplétude avérée des magisters de Tony Blair et Gerhard Schroeder. La réussite d’une partie du corps social dans le grand bain de la mondialisation ne garantit pas un partage socialement accepté du progrès, quel que soit sa forme. Notamment la déclinaison en termes de répartition de la valeur ajoutée ainsi générée, pour autant qu’elle soit suffisante, ne se substitue pas aux revenus du travail.

L’espace europrogressiste se construit donc sur la conviction d’une plus-value européenne dans l’exercice fondamental du partage équitable du progrès humain. Il postule à terme la capacité des Européens à réguler cette même question au niveau du continent. Cet espace europrogressiste s’inscrit naturellement dans une longue tradition d’engagements courageux pour une répartition des fruits du progrès qui soit le moins possible corrélée aux patrimoines de la naissance et de l’argent. C’est au 19ème siècle le combat de Victor Hugo, père de la nation. C’est également cette aspiration qui nous fait voir dans les pactes sociaux et européens de l’après guerre un haut moment de la civilisation européenne. C’est aujourd’hui le très beau combat de la maire de Barcelone, Ada Colau, issue des luttes de la société civile espagnole post « crise des sub prime ». Demain, ce travail ne pourra s’abstraire du nombre grandissant d’interrogations, voir d’alarmes exprimées autour du développement d’une intelligence artificielle, génératrice d’un progrès éventuellement sourd à la condition humaine.

C’est dans ce contexte que nous avons publié en janvier dernier nos priorités europrogressistes en vue des différentes échéances de l’année 2017, dont nous rappelons ici quelques points à l’heure du grand débat des législatives.

  1. Activation d’un budget de relance européen à hauteur de 1 à 4 % du PIB européen.
  2. Définition d’un acte unique du travail en Europe pour préserver la condition du monde du travail sur notre continent.
  3. Elaboration d’un règlement européen « Barroso » contre les conflits d’intérêts en Europe.
  4. Mise en place de critères sociaux en parallèle des critères de Maastricht (éducation, santé, lutte contre la pauvreté).
  5. Mise en œuvre de la déclaration de Namur sur les négociations commerciales : mettre des conditions fiscales, environnementales et sociales dans les traités de libre-échange.
  6. Insertion d’une clause « Maison des libertés » dans les aides FEDER aux Etats membres avec obligations des Etats de rester dans le cadre d’un « Serpent démocratique européen ».
  7. L’ambition d’une PAC 100% bio avec une agence européenne du Bio, et une garantie de revenu via un revenu universel de la Bio-ruralité.
  8. Création d’un Fonds européen pour la transition écologique en Europe, sur le modèle des aides FEDER et FSE
  9. Création d’une citoyenneté économique méditerranéenne basée sur un projet de droits sociaux communs.
  10. Création d’un Fonds pour l’initiative européenne en France afin de financer la société civile européenne.

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13 Commentaires

  1. Toutes ces questions sont intéressantes, mais en fait le mode de scrutin ne nous permet que de choisir entre des candidats au niveau de la circonscription. Ces candidats seront élus pour légiférer et voter ou non la confiance au gouvernement.
    Mais, dans les faits, c’est le gouvernement choisi par le président qui sera acteur de la politique tant étrangère qu’Européenne et des propositions à négocier pour relancer l’Europe.
    Il me semble que cela concerne plus nos députés Européens que pour le moment notre parlement national.
    Par contre il convient de se poser la question sur l’application déjà en France de ces propositions dans les choix du gouvernement.
    Par exemple qu’entendez vous par :Définition d’un acte unique du travail en Europe pour préserver la condition du monde du travail sur notre continent?
    ou : Mise en place de critères sociaux en parallèle des critères de Maastricht (éducation, santé, lutte contre la pauvreté).?
    Enfin, une question : La réussite économique Allemande repose sur un consensus démocratique qui consiste à accepter de sacrifier environ 20 à 25 % de la population la plus fragile pour l’enrichissement global du pays, et quand M. JUNKER évoque les réformes nécessaires que la France doit mettre en œuvre, je crains que cela soit dans cet esprit.

    • La réussite Allemande se fait aussi au détriment d’autres
      économies plus faibles.

      Le système de compétition mondiale donne une prime au plus fort, mais pas au
      plus éthique, le problème est là. La réussite allemande n’est pas un modèle
      viable pour tous.

      Prendre la place du meilleur peut nous donner une illusion de réussite
      momentanée, mais ne fera que donner envie aux autres de se refaire contre nous,
      dans un jeu perdant-perdant.

      Car inexorablement les écarts se creuseront et le nombre des très pauvres va s’accroitre
      en Allemagne comme aux USA, tant que ce système de compétition mondialisée
      perdurera.

      Les résultats mondiaux le montrent, le système survit grâce à des dettes hors
      de contrôle et des bulles structurellement nécessaires pour servir la
      spéculation qui domine la raison économique. Les richesses se monopolisent de
      plus en plus vite, les peuples perdent leur autonomie et se fragilisent, l’écosystème
      global est déstabilisé.

      Le système court à sa perte, mais comme le plus fort sera le dernier à tomber,
      il est aussi le dernier à vouloir changer de système. Et plus le temps passe,
      plus il monopolise les pouvoirs d’imposer son système aux autres. L’élection
      présidentielle l’a montrée au 2ème tour, aucune question n’a fait
      surface sur le sujet écologique et c’est une des lignes les plus inconscientes
      des effets de l’injustice sociale qui a pris le pouvoir.

      L’Europe continue donc de marcher dans la mauvaise direction, celle d’une
      guerre économique, qui pourrait bien se finir un jour en guerre tout court.

      La France n’a pas trouvé le courage d’inventer autre chose et pourtant au moins
      un bon quart de sa population a bien compris les enjeux et les perspectives d’avenir
      et pensent qu’attendre est pire que d’essayer autre chose.

      • Bon sang du pessimisme sans proposition ! Macron propose l’union nationale car l’union rend fort !

        Les propositions pour une meilleure Europe, viennent toujours de la France. Sauf que depuis 10 ans nous sommes inaudibles car nous ne respectons pas nos engagements.

        Les inepties des multinationales seront combattues avec l’Europe à nouveau remise en Marche !

        • Les utopistes ne sont pas toujours là où on les imagine !

          Macron est un grand séducteur, ami des puissants il donne confiance aux faibles et aux peureux. Ce n’est pas en changeant la forme que nous changerons le fond.
          Les problèmes de fond subsisteront donc malheureusement, le changement reste à inventer.

          Dans le meilleur des cas, si les multinationales gagnent en liberté, souhaitons que le citoyen n’y perde pas trop d’un seul coup, qu’il ait le temps de réfléchir et de réagir. Merci pour lui.

          • L’union nationale avec 90% de nouvelles têtes, ce n’est pas un changement ? Changer le fond c’est quoi pour vous ?

            Pour moi c’est l’induction suivante :

            France Unie → France Forte → Europe Unie et plus démocratique → monde mieux équilibré.

            En ce moment (cela n’a pas été toujours le cas) c’est la France qui a les clés.

            Qui a dit que les multinationales gagneraient en liberté ? Pas Macron ! C’est Mélanchon, le félicité par LE PEN ? En tout cas, chacun peut comprendre que seule une bonne intégration dans l’Europe devenue puissante, permettra de leur imposer des règles.

            N’écoutez pas les cadres CGT et autres irresponsables. La loi travail est la clé pour améliorer la création d’entreprise et donc, l’emploi ! Il n’y en a pas d’autre.

            Empiler de poussiéreux « avantages acquis » comme la prime charbon pour les conducteurs de TGV , est juste ce qui tue la France, l’endette et la divise. Venez voir comment travaillent les artisans sur les chantiers (mini 60 heures et fond la caisse) et les égoïstes de la CGT ne se sont jamais battus pour leur droit au chômage. Et le super plan de formation que propose Macron ?

            Allez sortez des caricatures et faites l’effort d’étudier les dossiers à fond ou taisez-vous !

          • Libre à vous de croire qu’un changement d’homme permet de changer le système, j’espère que les faits vous donneront raison. Mais je n’ai pas compris que Macron voulait faire la chasse aux paradis fiscaux et autres concurrences déloyales qui permettent aux riches de presser le citron des plus faibles. De ce côté-là cela semble sans espoir, c’est pourtant un point stratégique.

            Votre vision des travailleurs est vraiment caricaturale.
            Vos ouvriers privilégiés existent peut être encore, mais représentent moins de 1% de la masse laborieuse. Vous ne mettez en avant que des exemples anecdotiques, qui ne peuvent pas servir de référence à une analyse politique sérieuse et étayée.

            Un peu comme si je prenais l’exemple du coiffeur de Hollande (8000 € / mois à faire quoi ?) pour vous démontrer que les artisans sont des fainéants ! Ce serait stupide, nous sommes d’accord sur ce point. Artisan moi-même je peux me permettre d’en jouer !

            Votre discours est ainsi clairement biaisé, vous n’illusionnerez pas grand monde avec ça.

          • Vos exemples sont caricaturaux vous manquez de pragmatisme.

            Connaissez-vous le sens de ce mot ?

          • Au fait lisez le livre de Macron et vous verrez la différence entre une vue approximative et une vue complète. Par exemple, son obsession est la formation mais selon une approche totalement différente du passé. Il veut que l’ouvrier moyen soit le plus lucide possible. C’est la véritable cause du mal. Des gens qui ne comprennent rien de rien à la gestion, freinent, bloquent, entravent….et au final contre eux-mêmes ! C’est la France dans toute sa splendeur. Lâchez les freins et accélérez !

          • Cher Monsieur Mareau

            Pour vous, un ouvrier lucide comprend qu’avec le taux de chômage actuel, il faut se contenter de moins en moins, et travailler plus, juste pour avoir le droit d’exister.
            Pour moi, un ouvrier lucide comprend qu’il doit jouer collectif pour résister aux égoïsmes qui l’exploitent, se méfier des « raconteurs d’histoires » et des mirages séducteurs.
            Vous allez me juger caricatural, et vous aurez raison, car la réalité est plus complexe !

            Effectivement l’éducation est un enjeu prioritaire.
            Au lieu de nous préparer à une compétition sans merci, elle doit nous apprendre à collaborer.
            Regardez cette conférence Ted’X de 14mn, et dites-moi si c’est ce que veut faire Macron.
            https://www.youtube.com/watch?v=nwVgsaNQ-Hw

            Dans l’affirmative nous pourrons construire une société meilleure sur cette base commune, lâcher les frens et accélérer. Je serai le premier pour aider l’équipe de Macron à la mettre en œuvre, c’est promis.
            Mais je n’arrive pas à trouver les propositions de Macron sous leur forme exécutable, merci de m’y aider.

          • Désolé Gérard Padiou, mais votre article est une
            fiction, le souhait d’un militant pour la transparence financière, qui imagine comment le monde sera lors du numéro 2000 du journal l’Opinion. Cette vision n’a rien de concret malheureusement.

            Pour que ce souhait devienne réalité, il faudrait :

            – que les 90% les plus faibles de tous les pays prennent conscience de leur intérêt commun, qui est bafoué par les 10% qui les dominent partout, y compris en représentation politique

            – qu’ils prennent le pouvoir de décider une organisation internationale qui leur soit favorable
            (tout simplement équitable).

            Alors il ne faudra que quelques mois pour négocier et signer un traité qui réalisece vœu.
            Auquel pourrait être ajouté un inventaire et un audit de toutes les dettes publiques résultant de 40 ans de laisser faire, afin de rajouter une taxe supplémentaire qui prendrait en compte, dans une organisation différée, le remboursement de cette dette abusive.

            Les pays qui ne seraient pas signataires devront faire l’objet de sanctions économiques, d’une mise aux banc du concert des nations, qui serait devenu le concert des peuples.

            Actuellement le concert des oligarchies au pouvoir ne veut pas changer le système qui leur est très favorable. Macron ne semble pas vouloir faire cette révolution là, malheureusement…

  2. Il faut revoir les règles du commerce international.
    L’urgence écologique l’impose, elles sont inconciliables avec la mondialisation
    actuelle.
    Tout ce qui peut être produit localement DOIT L’ETRE prioritairement.
    Ne pas servir cette nécessité universelle est criminel.
    L’OMC est donc une organisation criminelle, qui repose sur une pyramide de
    Ponzi.
    Elle nous vente ses progrès à court terme, mais nous cache son inefficacité à
    long terme.
    l’OMC et son système financier est la plus grande arnaque que l’humanité aura
    connu.
    Il faut en sortir intellectuellement, pour pouvoir inventer autre chose.
    L’Europe en est-elle capable ?

    Pourquoi importer des pizzas Allemande au Kenya, pays riche en production agricole ?
    Pourquoi des fonds européens sont consacrés à cette ineptie ?
    Plusieurs cas injustifiables sont présentés sur ce documentaire qui est passé sur
    Arté ;
    Vertueuses les multinationales? Le business de l’aide au développement
    Lutter contre la malnutrition au Kenya en investissant des fonds publics pour
    l’aide au développement dans une société important à Nairobi des pizzas
    surgelées fabriquées en Allemagne ? Le projet peut paraître absurde, c’est
    pourtant l’un des nombreux exemples d’une dérive dans laquelle est impliquée
    aujourd’hui l’aide publique européenne au développement. Pour lutter contre
    l’insécurité alimentaire et la grande pauvreté, les pays donateurs misent sur
    les mécanismes du partenariat public-privé et, ce faisant, investissent une
    part croissante de leur aide au développement dans le soutien au secteur privé
    plutôt que dans les structures étatiques

    Sur youtube: Vertueuses les multinationales?
    .com/watch?v=06_xp3FDksQ

    • Ce reportage est en effet tout à fait édifiant et incite à une réflexion en profondeur.

      Je pense simplement qu’il faut bien mettre en évidence le fait qu’il est centré sur l’aide BILATERALE des Etats membres – et singulièrement celle de l’Allemagne – et non sur l’ « aide publique EUROPEENNE au développement » en tant que telle. Si celle-ci n’échappe peut-être pas à la tentation de telles dérives – je ne suis pas si naïf – sa vocation reste fondamentalement celle de l’éradication de la pauvreté, selon la mission qui lui est assignée par le traité sur le fonctionnement de l’UE.

      En fait, un survol historique de l’action du Fonds européen de développement – l’instrument principal de cette coopération depuis 1958, et qui agit essentiellement par des dons et non des prêts – permettrait de mettre en exergue de nombreux exemples… même si, encore une fois, ces investissements publics ne sont pas exempts de toute critique – des ONG et la Cour des comptes européenne n’hésitant pas à tirer périodiquement la sonnette d’alarme.

      Puis-je ajouter qu’en matière de coopération agricole un point culminant mérite l’attention: la contribution personnelle qu’Edgard Pisani, ancien ministre français de l’agriculture et commissaire européen au développement au milieu des années 80, a apportée à ce volet fondamental de la coopération eurafricaine. La Convention de Lomé III (1984-1990) reste à cet égard un modèle du genre… que l’on serait bien avisé de ne pas négliger, au moins en tant que dynamique de souffle nouveau, dans la perspective des négociations du prochain accord de partenariat UE- Afrique/Caraïbes/Pacifique appelé à succéder à celui de Cotonou à l’horizon de 2020.

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