Mare Monstrum : l’UE au-delà de la navigation à vue

Quelles que puissent être les réactions, officielles ou intimes, au vu des drames liés à l’émigration dont la Méditerranée est un témoin quasi-quotidien, une contribution en termes d’approche, sans doute insuffisamment connue, de l’UE mérite d’être évoquée dans une autre optique.

Il est clair en effet que les catastrophes humanitaires appellent en tout état de cause des réponses immédiates. Mais il convient aussi de prendre un peu de recul pour mettre en évidence une démarche plus globale qui, depuis longtemps, a été celle de l’Union européenne : à savoir l’indispensable continuité à établir entre les secours d’urgence, l’appui à moyen terme et l’aide au développement à longue échéance – un objectif qui illustre l’une des facettes de la problématique de la cohérence de l’UE en matière de relations extérieures.

Historiquement, les premiers pas d’une réflexion en ce sens ont été esquissés dans les années 90. Celles-ci succédaient à deux décennies au cours desquelles d’importantes crises humanitaires ont affecté en particulier le Sahel et la Corne de l’Afrique. En fait, les prémisses de la démarche se sont greffées sur les initiatives en matière d’aide alimentaire amorcées en 1967 : non véritablement dissociées au départ de l’opportunité d’écouler des excédents de production résultant de la gestion de la politique agricole commune en Europe, les aides ponctuelles ainsi accordées aux pays du Tiers Monde ont progressivement acquis une dimension de développement en s’intégrant à une politique de « sécurité alimentaire » plus ambitieuse. Celle-ci a franchi une étape décisive avec un règlement du Conseil du 27 juin 1996 prônant, entre autres, l’amélioration des conditions de disponibilité des denrées et d’accessibilité des populations à ces dernières ainsi que le soutien aux efforts des pays affectés par une pénurie pour développer leur propre production alimentaire.

A côté de ces préoccupations axées sur l’aspect essentiellement « alimentaire », le concept d’ « humanitaire » s’est imposé avec la création en 1991, au sein de la Commission européenne, d’un Office d’aide humanitaire d’urgence qui deviendra, en 1993, l’Office humanitaire de la Communauté européenne, plus connu sous son acronyme « ECHO » correspondant à l’anglais « European Community Humanitarian Office ». En outre, comme pour l’aide alimentaire et parallèlement, un règlement du Conseil de 1996 a fixé les modalités d’exécution et de gestion de l’aide humanitaire en liaison non seulement avec les autorités locales mais aussi avec les ONG.

Pour ce qui est de la réhabilitation, destinée à promouvoir reconstruction et restructuration sociale dans les pays en développement victimes de troubles internes graves ou de catastrophes naturelles, la Commission avait préconisé dès 1993 la mise en œuvre d’un programme spécial d’appui à ces pays. De surcroît, en 1996 – incontestablement année-charnière pour la synergie des approches – un autre règlement du Conseil a doté d’une base légale le financement des actions de réhabilitation.

En regard de ces points d’ancrage de diverses formes d’aide répondant à des préoccupations de secours et de consolidation, la Commission a alors lancé – toujours en 1996 – une réflexion plus en profondeur sur la nécessité d’établir des ponts entre l’urgence, la réhabilitation et le développement. Le premier pas a été accompli par une communication d’avril 1996 , dans laquelle la Commission, à l’issue d’un large processus de consultations, s’est pour la première fois prononcée en faveur du renforcement de cette articulation, notamment dans l’optique d’un dialogue politique et d’une coopération accrue avec les pays bénéficiaires.

L’offensive sera relancée à plusieurs reprises au cours de la décennie suivante. Ainsi, dans une nouvelle communication d’avril 2001, la Commission, consciente de certaines limites de l’approche, a cherché à identifier les mesures susceptibles d’améliorer la contribution européenne dans les situations d’après-crise et plaidé en faveur d’une meilleure coordination des efforts à l’échelle internationale. Revenant de nouveau sur la problématique dans une communication d’octobre 2007, elle a concentré son attention sur les situations de fragilité et recommandé l’adoption d’une stratégie de réponse concertée combinant toute la gamme des instruments d’aide disponibles au niveau tant des Etats membres que de l’UE en tant que telle. De nouvelles préconisations, axées plus particulièrement sur la capacité de réaction de l’Union en cas de catastrophes et sur leur prévention, ont également été présentées par la Commission en 2008 et en 2009. Une plus récente avancée s’est fait jour en 2013 avec la création d’un « Centre de réaction d’urgence » destiné à faire face aux catastrophes naturelles non seulement sur le territoire de l’UE mais aussi dans le reste du monde.

Cet arrière-plan susceptible de « contextualiser » plus globalement la problématique des migrations nous a donc semblé mériter quelque attention dans le cadre de la consécration de 2015 comme « Année européenne du développement ». Nous avons délibérément choisi de ne pas commenter, à ce stade, le détail de l’ « agenda européen » présenté par la Commission le 13 mai dans le but de faire face à la situation de crise régnant en Méditerranée. Une telle initiative pourrait en effet faire l’objet, dans ces colonnes, d’une réflexion spécifique qui ne néglige pas les raisons pour lesquelles certains Etats membres affichent quelque réticence – par exemple à l’égard des « quotas de relocalisation ».

Cela dit, si l’on s’attache à la logique qui sous-tend les préconisations récentes de la Commission, force est de constater que celles-ci s’inscrivent dans la continuité d’une même dialectique : d’une part, des actions concrètes et immédiates (triplement des capacités et des ressources ; mécanisme temporaire de répartition de l’installation des migrants en application de l’article 78, paragraphe 3, du TFUE, à titre de soutien aux Etats membres confrontés à un afflux soudain de migrants) ; d’autre part, à plus long terme, des initiatives reposant sur quatre piliers : réduction des incitations à la migration irrégulière; gestion plus efficace des frontières ; renforcement d’une politique commune en matière d’asile ; nouvelle politique pour la migration légale.

On peut en conclure que tout ce dispositif graduellement mis en place témoigne d’un souci de « cohérence dans la cohérence »… une manière d’illustrer l’aphorisme selon lequel « ce n’est pas la perle qui fait le collier, c’est le fil ».

 

 

Gerard Vernier

  

     Gérard Vernier, ancien fonctionnaire à la Commission, enseignant à l’Université Libre de Bruxelles

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28 Commentaires

  1. Tout ceci est très bien.
    Où en est le 1% (oublié) ramené à 0,70% du PIB qui devait être concrétisé à l’aide au développement ?
    Où en est la France ? Peut-on avoir une courbe qui montre l’évolution de cette part du PIB français (et des autres pays de l’UE) consacré à cette question ?

  2. Bravo! Gérard Vernier
    voici une synthèse objective, enfin!
    L’UE attire irrésistiblement des populations sans espoir dans leurs pays.
    Ceci pose évidemment deux problèmes:
    1. Court terme: secourir ceux qui vont se noyer, exploités par des passeurs sans scrupules contre lesquels il faut agir (que font-ils de leur argent?)
    2. Moyen et Long terme: contribuer à créer de l’espoir, un avenir tangible dans les pays d’émigration

    On ne répond pas à ces deux questions avec des « y-a-qu’a-faut-qu’on » ni avec des mesures coercitives, même si on peut en attendre des résultats rapides mais non récurrents. (le protocole australien, outre que la géographie est différente, démontre un très grand mépris des hommes – l’UE ne doit pas devenir un ghetto de riches)

  3. bravo, il faut dire tout ce qu’il y a de positif dans l’Europe, même si on souhaiterait que ça aille plus vite

  4. Il ne suffit pas de créer une Commission ad hoc, il faut s’en donner le moyens financiers. Or nous avons fait le contraire à partie du 5 Janvier 1973 où nous avons mis à mort ce que le Général de Gaulle avait sauvé des institutions d’avant la Débâcle. : le droite ce battre monnaie pour équilibrer lamasse monétaire et la Production.. C’est la première chose à récupérer.
    Il faut prendre conscience qu’on ne peut à la fois adopter deux systèmes économico-financiers contradictoires. Ce sera l’un ou l’autre. Bon courage.

  5. Bel article..Centre de réaction urgence! quotas de relocalisation! Comme les immigrants la Belle Europe prend l’eau et risque de se noyer avec ses intentions de 1996!Le plan « JOKER »résultats dans 20 ans ?

  6. Mais comment fait-on pour reconstruire des infrastructures, développer l’agriculture et non pas leur vendre nos surplus agricoles et cesser de travailler pour Monsanto contre eux ? Et comment , alors que dans un suivisme unanime des USA, nous avons mis ces pays à feu et à sang ? On ne peut rien faire sans paix ni stabilité, et la volonté de paix de l’UE n’est pas évidente . C’est le sketch du pompier pyromane . La première chose, cesser tout interventionnisme , cesser d’armer des groupes contre les autres, cesser de soutenir des groupes terroristes en faisant mine de les combattre, cesser d’envoyer notre Armée au service d’intérêts financiers, stopper cette cupidité envers les sous-sols de ces pays, en finir avec la Françafrique, ça fait déjà du boulot. Ces pauvres gens, nous leur devons des dommages de guerre.

  7. Tant mieux si les dispositifs, les procédures, les organismes ad hoc sont en place au sein de l’UE. Mais manifestement, ce n’est pas suffisant !

    Il manque au moins deux choses :
    – la volonté politique des 29 de défiinir et appliquer une politique d’immigration commune et efficace (délais de réaction). Elle suppose de s’entendre sur le principe du « libéralisme » : il est mieux appliqué pour la libre circulation des marchandses que de celle des hommes ! La « libre circulation » s’entend dans les deux sens, entrée et sortie. Si les immigrants peuvent facilement rentrer dans leurs pays, ils pourront contribuer à leurs développements par les qualifications acquises et devenir des agents de co-développement. A terme, c’est là la seule façon de freiner l’immigration.

    – que l’aide au développement soit conditionnée à sa réceptivité par les bénéficiaires finaux et soit évaluée périodiquement et publiquement. Les régimes dictatoriaux corrompus sont la principale cause des vagues d’immigration actuelles. Les complaisances à leur égard sont non seulement moralement scandaleuses mais aussi économiquement contre-productives.

  8. Nicolas V pose une question intéressante à laquelle il n’est pas réaliste de répondre par un simple commentaire. Il conviendra donc que SLE consacre prochainement un article complet à la nature de la coopération engagée par l’UE avec le monde en développement.

    A titre de « bande-annonce », contentons-nous pour l’instant de mentionner que cette coopération existe depuis 1958 avec l’accompagnement, à l’époque, d’un certain nombre de pays accédant à l’indépendance. En ce qui concerne en particulier l’Afrique, des ressources sont affectées à cette coopération par le truchement de « Fonds européens de développement » (FED) successifs renouvelés tous les cinq ans. Le 11ème FED, entré en vigueur le 1er mars dernier, comporte une enveloppe de l’ordre de 30 milliards d’euros à l’intention de près de 80 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Une bonne partie des crédits y afférents sont affectés à des projets de développement comportant des travaux d’infrastructures ainsi que des fournitures d’équipements et de services auxquels participent concrètement – en général après appels d’offres – nombre d’entreprises européennes et d’entreprises locales. Monsanto ne fait pas partie en tant que tel des prestataires ainsi associés. Mais, encore une fois, cette politique en vigueur depuis une soixantaine d’années mérite quelques explications détaillées mettant en évidence ses réussites et ses difficultés.

  9. S’agissant de la réhabilitation et du développement, peut-on suggérer d’ajouter aux éléments de contexte
    – le réchauffement climatique, et ses effets actuels de désertification aggravée de certaines zones du continent africain ;
    – simultanément, le fait que les mêmes zones présentent les taux de progression démographique les plus élevés du monde.

    La Commission ne détient pas toutes les solutions à tous les problèmes, mais le stade initial impératif si l’on veut espérer traiter un problème, c’est de l’identifier et d’en parler. La conjugaison citée ci-dessus d’une désertification qui s’aggrave et d’une démographie galopante dans certaines zones africaines est un problème grave. Si la Commission n’en parle pas, je trouve qu’elle ne fait pas bien son travail. Cela n’exonère pas pour autant les autres instances européennes ou internationales concernées.

  10. http://allainjules.com/2015/06/02/afrique-terrorisme-boko-haram-la-mentalite-du-colonise-lautre-acteur-du-conflit/

    Rien ne peut justifier ce comportement prédateur. Et ça s’appelle un génocide, combien de morts? Combien de déplacés ? Et combien de migrants ? Qu’il s’agisse de l’Afrique ou de la Syrie, ou de l’Ieak ou de la Libye, etc… Ce ne sont pas des assoiffes de liberté occidentale, opprimés par des dictateurs, qui se pressent chez nous, laissez ça à la presse mainstream française, ils sont chassés par le terrorisme de leurs prédateurs occidentaux. Tantôt l’EI, ou Al Nosra, ou Boko Haram.

  11. L’UNION EST UNIE ?

    L’Europe difficile à bâtir ? Plusieurs raisons sont évoquées comme causes de cette difficulté, différentes recettes sont proposées pour permettre de choisir la bonne solution.

    Je crois nécessaire de se demander aussi si en Europe il y a un “syndrome italien”. Je fais référence aux difficultés sociales très importantes qui affectent les évolutions de la société italienne, ayant perdu pendant les 20 dernières années son tissu social. La dégradation de la société et de ses capacités à progresser sont évidentes. La crise économique suit… La société italienne a été jusqu’ici dépourvue des évolutions qui lui sont nécessaires : réformes adéquates, gestions publiques bien gérées, solution des problèmes sociaux existants depuis longtemps, reprise de la confiance. Et pour cause….Tous simplement les politiciens n’ont pas la “pensée positive”…

    J’ai cherché pendant longtemps les raisons des mauvaises gestions institutionnelles en Italie, car en Italie on se fiche complètement de faire des analyses sociales. Voici la reconstruction des évolutions des dernières décennies :

    – en 1861 différentes principautés de la botte réussirent, après beaucoup d’efforts, à unifier leurs territoires. Après cette unification Mazzini, grand personnage politique qui avait beaucoup fait pour ressembler les habitants de la botte, écrivit :

    “La Patrie n’est pas union de territoires et c’est tout ! La Patrie est concordance et rassemblement de sentiments, union de desseins et des destins d’une Nation, expériences vécues ensemble”. Il demanda, avec D’Azeglio, le rassemblement des Italiens. La demande ne fut pas écoutée par les nouvelles institutions de la botte, par contre les gouvernements envoyaient partout des avis d’imposition. L’Italie a vécu pendant longtemps dans l’idée que le pays était devenu une Nation. Le peuple était ignorant, ne savait pas, les politiciens ont pour longtemps fait des beaux discours……, ne se sont pas occupés d’éduquer le peuple….

    Après la dernière guerre l’idée fut répandue que les bonnes capacités de gestion n’étaient pas nécessaires dans les institutions…., il valait mieux être dans un réseau, dans une camarilla ou coterie et faire des magouilles. L’Italie est devenue actuellement une usine à gâchis de ressources et le peuple n’est pas du tout ressemblé. Avec un tel model, où la motivation du citoyen dans la société est chose rare, le progrès n’est pas possible.

    Mon enquête, plutôt longue, m’a montrée que, pendant des longues évolutions sociales et suivant les faux semblants des discours politiques, l’Italie est devenue double : a) le pays formel et les institutions font semblant de fonctionner (très mal en réalité et toujours pire…..), b) puis l’Italie cachée, les cliques, les associations sécrètes sont devenues très actives dans la dernière décennie pour des affaires bien dissimulées. La corruption et les disfonctionnements institutionnels ont augmenté progressivement et sont même apparus au grand jour, par initiatives de magistrats. La justice marche très mal…., et elle est toujours en retard. L’Italie se montre fréquemment ingérable et immobile, même si récemment une inversion de tendance apparaît. Les gâchis de ressources dus à la mauvaise gestion sont très importants, mais personne ne s’en plaint. Difficilement l’Italie pourra avancer, si elle reste telle quelle, si elle garde la dispersion de volontés et d’initiatives, qui sont parfois gérées dans l’ombre. Personne n’a essayé de comprendre l’origine du problème social, car il n’y a pas de culture et de tissu social……, ce qui arrive dans un pays dont les citoyens n’ont pas été ressemblés sur des objectifs et sentiments communs.

    Ce tableau, qui était gris il y a 20 ans, est récemment devenu noir, du fait de manque de réactions correctives et de la diffusion de la corruption. Ces évolutions négatives sont arrivées principalement à cause d’un manque d’unité nationale, qui n’a jamais été vraiment créé (c’était juste un faux semblant) pendant 150 ans !

    La question qui me paraît importante, concernant l’Union : «A l’avis et aux sentiments des Européens, existe-t-il un fort sentiment social d’unité des diverses entités nationales, étendue à toute l’Union ?». Ce serait la première motivation nécessaire pour agir tous dans un cadre et un sentiment constructif. Mais aussi les représentants des pays à Bruxelles et Strasbourg ont-ils un sentiment fort d’appartenance à l’Europe ou sont-ils concentrés sur la défense des intérêts des différents pays qu’ils représentent ?

    Conclusion : avons-nous créé un ’entité unie ? Ou devons-nous la créer ?

    Antonio Greco
    angrema@wanadoo.fr

    P.S. P. Herzog a écrit, dans « Europe, réveille-toi ! » : « L’U.E. travaille, propose, essaie d’anticiper, mais elle ne porte pas encore une vision ni une véritable stratégie ; ses institutions sont trop faibles, elle n’est pas un Sujet politique à part entière ».

  12. (à Philippe Waldteufel) Dans l’espace plus ou moins restreint d’une chronique, l’article visait avant tout à mettre en évidence les réflexions de l’UE sur le fil conducteur établi entre urgence, réhabilitation et développement. D’où la mise de côté provisoire d’autres aspects collatéraux (mais pas secondaires !) tels que ceux qu’évoque à bon escient M.Waldteufel. Là encore, la complexité des problèmes (désertification, démographie) justifierait à elle seule la publication d’un article.
    Cela dit, pour répondre – sommairement à ce stade – aux remarques ainsi formulées, et dans la mesure où le développement « durable » a une connotation de long terme, on notera que cette question a retenu l’attention des institutions de l’UE (Conseil européen, Conseil, Parlement européen, Commission) qui, sur ce terrain également, s’efforceront de privilégier une démarche de cohérence.

    Pour s’en tenir à la Commission et à la problématique environnementale, l’exécutif bruxellois s’est exprimé à de nombreuses reprises sur le sujet. C’est ainsi que, dans une communication du 27 mai 1998, elle a plaidé, d’une façon générale, en faveur d’une stratégie d’intégration de l’environnement les diverses politiques de l’UE. D’une manière plus ciblée, cette initiative a été suivie, quelques mois plus tard, par une proposition de règlement sur des mesures destinées à favoriser une telle intégration dans le processus de développement des pays en développement et par une nouvelle communication préconisant le renforcement des interconnexions entre les piliers économiques, sociaux, politiques et environnementaux du développement durable. En novembre 2000, le Conseil et le Parlement européen ont entériné la proposition, de même qu’une autre proposition portant sur la conservation et la gestion durable des forêts tropicales.

    Par ailleurs, comme en témoigne une communication de mars 2003, la Commission a engagé une réflexion sur les changements climatiques dans le contexte de la coopération au développement. Directement ou indirectement, elle y reviendra de manière récurrente. Ainsi, dans une communication de septembre 2007, elle a notamment préconisé de construire une « alliance mondiale » contre le changement climatique entre l’UE et les pays en développement pauvres et les plus vulnérables à ce phénomène.

    En ce qui concerne spécifiquement la lutte contre la désertification, on notera que l’UE finance, dans divers pays en développement, un grand nombre de projets qui ciblent d’une manière plus ou moins directe ce fléau et promeuvent une gestion durable des sols. En outre, l’UE a contribué à la publication, en 2013, d’un « Atlas des sols d’Afrique », fruit d’une collaboration entre ses services scientifiques et des experts africains et européens.

  13. Le premier ministre a la possibilité en 2015, de mettre quiconque sur écoute! Écoute administrative, sans être ordonnée par un Magistrat! Bref, cela veut dire que vous et moi, sommes, ou seront peut-être sous écoute un jour ou l’autre? Les méthodes de renseignements laissent pantois!
    Ex: si vous entretenez des relations amicales, avec un journaliste fiché, vous serez vous aussi fiché…etc..

  14. @Remi V. Et si vous passez dans une rue où se trouvent des écoutés, vous le devenez aussi et tout votre carnet d’adresses et les gens de votre immeuble et les malheureux qui passeront devant chez vous, vos collègues , vos amis, votre famille. Dire qu’aux USA, c’est fini depuis hier. Le PS démarre quand ses Maîtres ont arrêté. Et il y a aussi le délit d’opinion , Valls veut traquer les terroristes (pas très efficace, le bougre , puisque les terroristes de janvier étaient largement fichés et sur écoute ) mais aussi, il l’a annoncé, tous ceux qui sont contre l’Europe, ceux qui ne croient en rien (pas compris, sans doute ceux qui ne croient pas les versions officielles) ceux qui dénigrent le gouvernement … N’en jetez plus, la cour est pleine. On peut être arrêté préventivement pour un délit non commis mais dont il est supposé qu’on pourrait le commettre. La Stasi est ici, ils ont fait une formation accélérée chez Merkel. Le droit de manifester va suivre , proposition d’un député PS. Bonne soirée

  15. Merci à Gérard Vernier de sa réponse courtoise et détailler. Puis-je observer simplement qu’elle contribue à confirmer que l’impact de la démographie reste une zone aveugle, un sujet tabou, dont Gérard Vernier préfère ne pas parler.
    C’est plus facile mais c’est une erreur (collective) que nous paierons tous.
    S’agissant des enjeux environnementaux, l’empreinte écologique de l’humanité est le produit de l’empreinte unitaire par le nombre d’humains. Malheureusement, cela semble une opération arithmétique trop compliquée pour que les responsables acceptent d’en prendre conscience.
    S’agissant de l’émigration vers l’Europe, sa montée en puissance (hors conflits) n’est pas due à la désertification, elle est due à la conjugaison de la désertification et du fait que la pression exercée par la démographie sur le milieu naturel s’intensifie, alors qu’elle devrait diminuer si l’on voulait revenir à un équililbre.
    Que faire.

    • (à Philippe Waldteufel) Vos explications didactiques sur les conséquences induites du jeu additionné résultant des deux facteurs « désertification des sols » et « phénomènes démographiques cumulés » fournit le fondement théorique sur lequel peuvent s’appuyer mes propres arguments concernant ce billet.
      Mon approche emprunte beaucoup à la Théorie du Système Mondial qui considère la dimension matricielle du système mondial dans toutes ses origines ( et non réduite à des phénomènes du fait de l’existence et du jeu des classes sociales ; mais plus généralement dans la mesure où les facteurs spéciaux du développement tels énergie et migration viennent brutalement perturber la belle harmonie des équations macroéconomiques classiques avec croissance , production , emploi … ).
      En somme selon moi il faudrait considérer que contrairement à une période qui n’aurait pas franchi le cap de la dernière décennie du XX S, où la macroéconomie devait restructurer l’économie du développement, vingt ans après ce serait l’économie du développement et ses facteurs qualifiés de socio-techniques qui aurait davantage vocation à restructurer la macroéconomie: l’approche législative européenne excellente au demeurant devrait alors davantage se refonder au creuset d’une approche qui doit être à la fois dynamique et en même temps facteur de coordination en temps réel…

  16. En effet, j’évite de parler de ce que je ne connais que superficiellement.
    Le silence que j’ai tenu à observer provisoirement au sujet de la démographie tient uniquement au f

  17. (suite):
    … tient uniquement au fait que – réflexe d’un universitaire – je souhaitais me documenter un peu plus sur la manière dont les instances européennes ont traité cette thématique, le cas échéant en liaison avec les aspects environnementaux, deux des facettes du « développement durable ». Vous en soulignez à juste titre les dangers au moins potentiels -sinon avérés- en cas de conjonction. Si l’honnêteté intellectuelle me l’autorise, je n’hésiterai donc pas à faire part du résultat de mes recherches… ce qui n’empêche nullement d’autres observateurs plus au fait de ce problème de s’exprimer dès à présent à ce sujet.

  18. Cet article est important.
    Il me semble jeter une lumière crue sur d’importants aspects de l’aventure européenne.
    En effet, en 1945, au moment où germait l’idée de la création du Conseil de l’Europe ( où un dialogue apaisé sur les questions européennes a lieu rassemblant plus de quarante pays autour du halo européen tant de l’Est que de l’Ouest y compris la Russie anticipant les aspects juridiques généraux et / ou institutionnels , culturels et / ou civilisationnels , scientifiques ET sociaux … ] , puis de la CECA et de la CEE ( le vrai labo décidant de suivre les Pères Fondateurs notamment Jean MONNET et bien d’autres : commencer la construction européenne par des réalisations concrètes donc par l’économie ): les PEUPLES déjà en voulaient de l’Europe:…

    Les paysans français en 1945 voulaient de l’Europe pour « nourrir toute l’Europe ». Les paysans européens dans une certaine mesure voulaient s’appuyer sur cette  » racine  » comme d’une caisse – de – résonnance … nourrir le monde !

    Les racines culturelles d’un côté, économiques de l’autre côté, dudit projet: auraient commencé à radicalement changer ( tourner , muter … ] à partir des années 1990′: où la géopolitique se rappelle à notre souvenir: donc maintenant plutôt que de la Politique Agricole Commune (qu’il faut conserver tout en la faisant évoluer ] , c’est aussi d’une Politique Energétique Commune ( à l’échelle de la Planète ] dont nous aurions besoin!

    Mais, dépassant l’opposition entre cynisme et scepticisme d’un côté, épicurisme et stoïcisme de l’autre: nous saisissions l’intuition fondatrice y compris à l’intérieur même de l’UE: le Droit de demain si difficile à capter à travers la seule économie… devrait aussi être un Droit – hUmanitaire!!!

  19. Au-delà de mon commentaire général précédent, je ressens le besoin d’avancer en même temps davantage dans la critique, la vie m’ayant appris le devoir de se montrer exigeant surtout quand l’on souhaite avancer ensemble.

    « Cet arrière-plan susceptible de « contextualiser » plus globalement la problématique des migrations nous a donc semblé mériter quelque attention dans le cadre de la consécration de 2015 comme « Année européenne du développement ». Nous avons délibérément choisi de ne pas commenter, à ce stade, le détail de l’ « agenda européen » présenté par la Commission le 13 mai dans le but de faire face à la situation de crise régnant en Méditerranée. Une telle initiative pourrait en effet faire l’objet, dans ces colonnes, d’une réflexion spécifique qui ne néglige pas les raisons pour lesquelles certains Etats membres affichent quelque réticence – par exemple à l’égard des « quotas de relocalisation ».

    Cela dit, si l’on s’attache à la logique qui sous-tend les préconisations récentes de la Commission, force est de constater que celles-ci s’inscrivent dans la continuité d’une même dialectique : d’une part, des actions concrètes et immédiates (triplement des capacités et des ressources ; mécanisme temporaire de répartition de l’installation des migrants en application de l’article 78, paragraphe 3, du TFUE, à titre de soutien aux Etats membres confrontés à un afflux soudain de migrants) ; »
    oui il est nécessaire que les autorités publiques prennent en charge elles-mêmes l’aspect humanitaire des choses… mais seront-elles pour autant suivies par les Etats-membres?

    « (…] à plus long terme, des initiatives reposant sur quatre piliers : réduction des incitations à la migration irrégulière; gestion plus efficace des frontières ; renforcement d’une politique commune en matière d’asile ; nouvelle politique pour la migration légale. »
    Les deux premiers piliers me sembleraient ici vouloir représenter le passage graduel du légal-administratif ( que je viens de «  »critiquer » » ) au légal-valeur-ajoutée-bien-nécessaire: donc tout-à-fait utile et nécessaire … et qui probablement servirait de base à l’édification progressif d’une doctrine ( y compris suite à la mise en pratique du nécessaire débat parlementaire européen … ].

    Les deux derniers aspects me sembleraient pour le moment renvoyer à l’horizon: il s’agit de discussions sur le fond permettant de continuer à produire le ciment de l’Europe … mais qui peuvent prendre encore très longtemps … 1000 , 2000 , ou 3000 ans … en tous les cas CE N’EST PAS ENCORE FAIT …

    « On peut en conclure que tout ce dispositif graduellement mis en place témoigne d’un souci de « cohérence dans la cohérence »… une manière d’illustrer l’aphorisme selon lequel « ce n’est pas la perle qui fait le collier, c’est le fil ». »
    Personnellement, pour ma troisième critique , en fonction de ce que ma deuxième critique vient d’avancer comme argument: je ne me permettrais pas de mettre « le fil » en avant puisque personne d’autorisé ne nous a dit et défini ce qu’il était, ni ne nous l’a prouvé… mais je préfère en même temps – sans vouloir rester dans les limbes de Notre Projet Européen -: Siddhârta au « jeu des perles de verre »!!!..

  20. (à Philippe Waldteufel): s’agissant des aspects spécifiquement démographiques, on mentionnera que l’UE s’est activement investie dans les travaux préparatoires et les débats de la Conférence mondiale sur la population et le développement organisée au Caire en 1994. La position à prendre par la « Communauté » de l’époque avait ainsi donné lieu à une communication du 4 mai 1994 dans laquelle, à partir d’une analyse des relations entre population, développement, environnement et migrations, la Commission préconisait des orientations relatives aux politiques démographiques et aux responsabilités des pays concernés ainsi que des donateurs extérieurs.
    On notera également que, le 21 juillet 1997, le Conseil a entériné une proposition de règlement présentée par la Commission en vue d’allouer des aides aux politiques et programmes démographiques dans les pays en développement.

    Par la suite, la Commission a produit de nombreuses communications portant plus généralement sur le problème des migrations. A titre d’exemples (loin d’être exhaustifs): en décembre 2002, une communication sur l’intégration de la politique des migrations dans les relations avec les pays tiers; en décembre 2007, une communication intitulée « Vers une politique commune en matière d’immigration, qui sera complétée en juin 2008, par la définition de principes et de propositions d’actions ainsi que d’instruments à cet effet.

    Les propositions récentes suscitées par les drames de la Méditerranée s’inscrivent donc dans une certaine récurrence.

  21. (à Philippe Jourdon): l’évocation du « fil » se rattachait (c’est le cas de le dire) à l’objectif spécifique de l’article, à savoir la mise en évidence du « continuum » urgence-réhabilitation-développement. Mais, plus généralement, deux autres aspects mériteraient aussi une chronique à part entière dans le contexte de la cohérence des politiques (un sujet qui a déjà donné lieu à une abondante littérature): d’une part, la complémentarité entre la politique de coopération au développement de l’UE et les politiques bilatérales menées en ce domaine par les Etats membres; d’autre part, les relations (sinon les oppositions) entre cette politique et les autres politiques de l’UE (agriculture, environnement, commerce … voire entre les zones géographiques de pays partenaires).
    Rendez-vous dans un prochain numéro ?

    • (à Gérard VERNIER) Vous avez raison de rappeler implicitement les contraintes de temps pour le débat, et aussi de donner l’exemple d’une forme de diplomatie consensuelle tenant à la pratique des Institutions de l’UE.
      Mais dans le contexte actuel je ne peux me satisfaire d’une méthode qui a fait ses preuves mais qui bute de plus en plus sur l’urgence du fait des résurgences du fleuve de l’Histoire qui semble pressement vouloir se manifester à nouveau.

      D’abord on sait que la logique humanitaire a beaucoup progressé dans les opinions pour de multiples raisons -et dans le même temps le risque de manipulation et même récupération par divers mouvements armés de diverses ONG dans des pays en développement et en proie à des conflits… Et maintenant que nous nous trouvons confrontés sur notre propre sol à la nécessité de savoir comment négocier avec des passeurs ou de refuser le principe même éventuellement d’une telle négociation: que devrions-nous faire?

      Cela évoque pour moi afin de répondre avec le déploiement des compétences nécessaires à la nouvelle situation ; et en même temps sans oublier la nécessaire dimension psychanalytique ou quasi-psychanalytique de l’Histoire quand celle-ci refait montre de ses résurgences en face les Humains:
      1)
      pour ce qui est des questions techniques et juridiques; on s’aperçoit du fait de la financiarisation de tous les modèles, et de leur aspect « économie d’assurance » en cas d’urgence et pour « couvrir une période », que l’on se trouve en face de modèles soit plutôt « mélangeant » ( pour prendre la décision on admettrait que la structure du modèle est intimement mêlée à la décision à apporter ) ou bien plutôt « séparateur » ( il faut apporter un tri , un ordre de résolution des sous-problèmes ) . On serait soit en présence d’une structure, soit en nécessité d’amener un filtre.
      A cet égard ce que vous me proposez ne me convient pas: réfléchir sur agriculture, environnement, commerce, c’est-à-dire faire fi de l’industrie alors que l’UE a besoin d’investir, ne permettra pas pour l’UE le développement économique et donc social tant attendu … et placer cela en balance avec les régions n’insisterait pas suffisamment sur l’unité y compris géographique de l’UE: certes les régions sont capables de trier des projets en fonction de leur intérêt, mais elles doivent aussi appliquer les mêmes règles …Et que dire des « oppositions entre les Etats-membres »? En quoi cela concerne-t-il l’UE?
      2)
      Naturellement, vous avez plus l’expérience des négociations européennes que je peux l’avoir, mais je vous assure, pour qu’une négociation soit efficace, il faut que sa part de menaces soit crédible.

      Tout cela en substance me fait penser non seulement que l’UE n’a pas un budget autonome au-delà du seuil de 1% ce qui paraîtrait volontiers assez maigre: mais que en plus pour un projet fédérateur entre tous qui serait une réforme fiscale partagée, en fait la réalité du caractère « séparateur » de tout ce qui est proposé semble souvent éclater: les deux facteurs amont ( structure administrative traitant l’impôt , et tradition historique justifiant la nature de l’impôt ) ne justifie en rien les deux facteurs aval ( trésorerie permettant d’investir dans des projets nouveaux et identifiés et non porteurs de nouvelles ambiguïtés juridiques … systèmes d’information contrôlables par les Pouvoirs Publics en fonction de règles comprises par le Grand Public et ancrées dans le Mouvement Actuel ). Ainsi très maladroitement je me permettais d’avancer l’idée que le « fil » dont vous parlez ne semble pas pouvoir forcément sans risque éviter un brusque éclatement entre les logiques d’urgence, réparation, préparation du long terme que vous appelez heureusement de vos vœux.
      Je suis de plus en plus sceptique car même en termes strictement juridiques, les humanitaires ont parfois failli dans le monde et ce serait une abomination pour une cause si remarquable qu’elle puisse faillir une fois encore sur notre sol.
      Je n’aurai pas la cruauté de critiquer aussi les aspects « investissements à long terme » ( commerce et trésorerie , ou vraiment industrie structurante de nos territoires , et devant y créer combien d’emplois? )…] et « réparations » ( des drames actuellement se constataient déjà sous nos yeux).
      Mais finalement il faudrait aussi avoir la modestie d’apercevoir le développement d’une nouvelle psychanalyse: alors que le Docteur FREUD pensait que « tout est structuré dans l’inconscient faisant référence à la sexualité », peut-être devrions-nous bientôt constater que les migrations pour survivre, pour travailler, pour se former, pour se ressourcer et pour préparer l’avenir des générations futures: seraient une preuve de plus que la Planète est déjà petite et qu’il vaudrait mieux désormais accepter la notion de rationalité dans la gestion des migrations: une part de cette rationalité sous forme de quotas, une autre part dans une conception à forger pour le futur urgent, réparateur, projecteur…
      Il faudrait aussi une fois quelque approche européenne qui reste nourrie au sein du Droit, mais qui sache se fixer encore les Obligations ardentes du Dynamisme opérant à inventer, et qui devrait mieux fonctionner une fois par la coordination tout en rejetant autant que faire ce peu toutes formes de confusions ….

  22. (à Philippe Jourdon) Vous soulignez à juste titre que le terme « industrie » ne figurait pas expressément dans les exemples cités parmi les politiques qui devraient composer avec la coopération au développement. Sans doute une maladresse de présentation qui, dans mon esprit, supposait implicitement que les trois points de suspension qui suivaient laissaient la porte ouverte à d’autres exemples, y compris l’industrie.
    C’est une incitation de plus, pour l’ « auteur », à développer, à l’occasion – et toujours dans le contexte de l’ « Année européenne du développement » – quelques réflexions sur d’autres volets illustratifs de la problématique générale de la cohérence des relations extérieures de l’UE… et tout en sachant que je ne revendique aucun monopole sur ce type de réflexions: comme je l’ai souligné, la littérature en la matière est assez abondante (surtout du côté anglophone).

  23. (à Gérard Vernier) Merci pour la concision, la clarté de votre propos.
    Je comprends d’après ce que vous dites qu’il y aurait des périodes dans les faits – ainsi la dimension humanitaire aurait acquis ces dernières années une valeur générale et juridique potentiellement prescriptive, qu’elle peinait à se voir reconnaître auparavant – mais aussi: j’interprète d’après vos propos qu’il y aurait des périodes pour la pensée.
    C’est avec grand intérêt que je suivrais vos prochaines communications au sujet des différents aspects du développement dans le cadre de l’ « Année européenne du développement ».
    Je comprends que la littérature est abondante au sujet du rôle de l’industrie dans le développement. Mais il me semblerait urgent que les futures communications officielles de l’UE soient moins timides à ce sujet – à condition cependant que les projets soient prêts – ou, pour parler de manière moins sibylline: qu’au moins les projets qui seront proposés aient une « apparence industrielle » (il peut très bien y avoir des services organisés industriellement en particulier du fait de la numérisation de l’économie): pas étonnant (et je suis réellement soulagé que vous en parliez) que la littérature anglo-saxonne soit encore plus abondante à ce sujet. Car à mon avis ce qu’on appelle communément « économie industrielle » n’est justement pas de l’économie industrielle -là est la source d’un grand malentendu auprès des peuples d’Europe.
    Ou, pour nuancer ma pensée en espérant ainsi la rendre plus recevable: il s’agit de l’économie des contrats, des incitations, et notoirement des conflits d’intérêts… d’où vient qu’une partie (pour faire court une « moitié ») relèverait de l’économie industrielle proprement dite avec ses questions d’organisation spécifiques, et l’autre compte-joint concernait purement, simplement, tristement… les questions liées au POUVOIR.
    Peut-être il suffirait de peu de choses…
    Serait-il envisageable, dans une de vos futures communications, essayer de lier les aspects 1) perspectives liées à projet réforme fiscale , aide aux PME pour simplifier démarches en espérant créer emplois 2) numérique changement climatique environnement 3) structuration industrielle des projets d’investissement en comparaison relative (en vue coopétition, voire, accords de coopération en commun) avec autres grands Etats-Continents (Chine, Inde, Etats-Unis…].
    Je trouve quand-même que ne pas mentionner l’industrie dans les textes dont vous parlez résonnerait comme un aveu d’impuissance, ou un aveu d’existence d’accords inavouables, ou même pire une manière de démission…
    Je vous suggère là une tâche de présentation et / ou synthèse bien ingrate et au risque de se trouver désavouer par les décisions in fine de nos Dirigeants élus ( dont ils nous informerons ou attendronT trop longtemps avant de nous en informer … ]
    Cordialement!…

  24. (à Philippe Jourdon) Merci pour l’invitation à compléter l’information sur d’autres volets de la coopération européenne au développement.
    Juste deux remarques en regard de votre dernier commentaire:
    – la mention de « l’abondance de littérature » ne se rapportait pas à la place de l’industrie dans les politiques de coopération… mais à la thématique de la cohérence des relations extérieures de l’UE. Désolé si ce n’était pas aussi clair dans la formulation;
    – pour ce qui est du volet « industrie », on ne doit pas négliger sa présence dans le cadre spécifique des relations entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Les conventions successives de Yaoundé, de Lomé et de Cotonou ont comporté diverses dispositions à ce sujet… même si leur mise en oeuvre pratique n’a pas été exempte de vicissitudes. En outre, à côté de la Commission, c’est la Banque européenne d’investissement qui s’est trouvée souvent à l’ouvrage en la matière au titre de l’appui qu’elle fournit, d’une manière générale, à l’essor du secteur privé dans les pays en développement.

    • (à Gérard Vernier) Tout d’abord, je suis désolé pour le délai très étendu après lequel je vous réponds. Ensuite, je suis d’accord avec vous, il faudrait – éventuellement – poursuivre cette discussion à l’occasion d’autres billets, traitant d’autres sujets, possiblement complémentaires. Néanmoins c’est à mon tour d’apporter une petite précision à laquelle je tiens:
      – certes, je comprends que les thématiques de l’industrie et de la cohérence des relations extérieures de l’UE sont bien distinctes, quoique si on souhaite se défendre dans la compétition économique internationale, une approche industrielle paraît bien nécessaire, et l’image est très importante dans ce domaine et requiert sans doute que des forts critères de cohérence et de volonté y soient alors rencontrés. Ma « petite-précision »: depuis les années 90′ environ j’ai eu à connaître quelques Rapports sur les Perspectives Futures pour la Croissance Verte, et il me semble que tout était dit déjà il y a vingt ans et reste encore largement à faire; ou plutôt, si: les conditions juridiques ont été travaillées et c’est vraiment l’élément important et déterminant qui manquait au début face à des conflits d’intérêts planétaires dans ce domaine… Ainsi je pense que cohérence des relations extérieures, investissements en particulier dans la croissance verte, mais aussi finance internationale, ou encore qualité de l’accueil et du tourisme dans nos pays de l’UE forment peut-être un ensemble susceptible d’apporter de la cohérence via l’image que nous serions capables d’offrir collectivement dans l’UE;
      – et maintenant par quels détours au sujet de l’image, du projet, et aussi des approches industrielles … pourrait-on s’aider se rapprocher de cette possibilité? Il semble que la relation que l’on peut avoir à un territoire aurait dans ce domaine sans doute une importance grande. Je suis fasciné par les accords ACP qui montrent l’importance que l’UE souhaiterait ou / et souhaitait donner à son image internationale via le rapport à l’eau, à l’océan. C’est peut-être en partie « métaphorique », mais il me semble que les USA seraient plus « structurés-sur-la-terre-ferme » par rapport à la logique industrielle pour le moment, que l’UE, qui avait alors bien choisi d’initier ses démarches dans une sorte d’imaginaire très pacifique … le sens de mes commentaires précédents sur votre billet était justement de suggérer que ce pourrait être le moment de mobiliser toutes les sources de la cohérence de notre image et nos relations extérieures : et j’ai l’impression que cela pourrait s’appuyer sur quelques visions industrielles …
      Ayant dit cela, il me reste désormais à commander le livre de Sauvons l’Europe reprenant une dizaine d’années de billets, afin de me rattacher au fil dont vous parliez, qui existe je ne le conteste pas, mais qui je le crains dans l’imaginaire de beaucoup d’Européens resterait par trop « dans-les-limbes » encore … !

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